Enter Shikari – A Kiss For The Whole World

Rares sont les groupes ayant une discographie aussi variée qu'Enter Shikari, et pour cause, cela fait déjà 20 ans que les originaires de St Albans sévissent sur les ondes. C'est donc avec ce septième album studio, A Kiss For The Whole World que les Anglais ont pour mission d'ouvrir un nouveau chapitre dans leur carrière. Pour ce disque, le groupe a agit en petit comité, en travaillant seulement entre eux accompagnés d'un ingénieur du son, le tout produit par Rou Reynolds (chant) lui-même.

Il y a énormément d'éléments dans cet album et c'est pourquoi il est difficile de l'analyser sans prendre les titres un par un. Mais l'on peut déjà noter que les références aux anciens opus sont omniprésentes : sur la chanson éponyme, on y trouve les paroles "standing like a statue" faisant un clin d'oeil au premier album Take To The Skies (2007). Sur "Dead Wood", il y a une référence au nom du dernier album Nothing Is True And Everything Is Possible (2020). Sur "Jailbreak", c'est "The Dreamer's Hotel" qui a lui aussi droit à son petit coucou. "Giant Pacific Octopus (i don't know you anymore)" rappelle même "Live Outside" (2017). C'est une idée bien matérialisée sur tous les albums d'Enter Shikari, puisque tout semble s'emboîter parfaitement et avec cohérence.

Musicalement, il ne faut que 10 secondes pour que les anciens albums d'Enter Shikari soient propulsés un rang en dessous (alors qu'ils ont tous du mérite), tant le titre d'introduction pulvérise ses prédecesseurs. La trompette, les touches électro et les percussions rapides de Rob Rolfe nous laissent penser que le groupe n'y est pas allé de main morte pour introduire ce nouvel effort. Les trois singles qui étaient sortis ("(pls) set me on fire", "It Hurts" et "Bloodshot") n'étaient qu'un avant-goût de ce que proposent les Anglais sur A Kiss For The Whole World. La production est évidemment monstrueuse, et les riffs de guitares sont bien présents, à l'instar des arrangements électroniques.

Les thématiques abordées sont passées de socio-politiques à des paroles plus introspectives, mais tout aussi colériques et engagées. "Leap Into The Lightning" est sûrement le titre qui représente le plus Enter Shikari : le riff est très metal, les couplets sont à la fois doux et sombres, et les guitares sont souvent "downtunées" (l'accordage alternatif utilise des notes plus basses que celles utilisées dans l'accordage standard). Le morceau mélange à merveille les sensibilités lourdes mais aussi plus pop du groupe.

Quelques interludes viennent segmenter l'album en trois parties. "feed your soul" et ses sonorités drum n bass / breakbeat vient calmer l'auditeur, et "Bloodshot (Coda)" nous fait penser à "Elegy For Extinction" de l'album précédent : de la magie orchestrale. D'ailleurs, Enter Shikari a toujours eu un penchant pour les orchestres classiques, et c'est sur "Dead Wood" que l'on retrouve ces instruments à cordes. La chanson est anxiogène et explose à la fin, avec du vocoder et Rou Reynolds récitant ses angoisses.

Quant à "Jailbreak", c'est la quintessence de ce qu'Enter Shikari sait faire. Toute l'énergie que dégage ce titre dont les paroles sont axées sur l'idée de sortir des schémas de pensée négatifs ne fait que donner des frissons, et Rou Reynolds s'adresse à l'auditeur en l'encourageant à "tout remettre en question", en particulier ses propres croyances. Un morceau intensément profond, qui fera la joie des fans en concert. Sur "Bloodshot", c'est ce mélange de rock alternatif et de synthé qui crée une dualité sonore, avec une basse démentielle de Chris Batten.

Et si Enter Shikari sonne moins heavy depuis 2016, c'était sans compter sur "goldfish", qui nous rappelle les trois premiers albums du groupe, pleins de rage et de colère. Un retour aux sources post-hardcore / heavy metal avec des cris, de la violence et des breakdowns de qualité. C'est aussi un des seuls morceaux de cet album avec des paroles socio-politiques.

L'abum se termine par des guitares plus punk, et un morceau expérimental, avec des synthés saccadés, se noyant petit à petit dans un paysage plus calme, apaisant, voire ASMR. Sur ce nouvel album, Enter Shikari renoue avec le passé, tout en se tournant vers le futur. A Kiss For The Whole World est le son d'un groupe qui se tourne vers l'avenir sans oublier ce qui l'a mené jusqu'ici. C'est un voyage tonitruant, une épopée pleine de rebondissements et un album positif à souhait qui marque avec brio la nouvelle ère d'Enter Shikari.

Sortie le 21 avril via SO Recordings, Ambush Reality.

Tracklist:
01. A Kiss for the Whole World x
02. (pls) set me on fire
03. It Hurts
04. Leap into the Lightning
05. feed yøur søul
06. Dead Wood
07. Jailbreak
08. Bloodshot
09. Bloodshot (Coda)
10. goldfĭsh ~
11. Giant Pacific Octopus (i don’t know you anymore)
12. giant pacific octopus swirling off into infinity…

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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