Persefone – Lingua Ignota : Part 1

Il est de ces groupes dont le départ d’un frontman met fin à toute aventure. A l’instar d’un combo tel que Lorna Shore pour ne citer que lui, Persefone ne partage pas du tout cette philosophie de vie, bien au contraire. Peu de temps après l’annonce du départ de son chanteur Marc Martins, le groupe andorran a annoncé le nom de son successeur, Daniel Rodrigez Flys. En résulte l’enregistrement de l’EP Lingua Ignota Part 1 qui sort dans les bacs le 2 février chez Napalm Records, avec la tâche ardue d’emboîter le pas à metanoia de deux ans son aîné.

Sept ans après l’excellent Aathma et surtout deux petites années après la sortie de metanoia, son dernier album studio mais aussi le premier sous le label indépendant autrichien, Persefone signe son retour aux affaires avec Lingua Ignota Part 1. Véritable référence du paysage death mélodique et metal progressif, le combo catalan entamera par ailleurs le 10 février prochain une tournée européenne de grande envergure en co-headline avec nos compatriotes d’Hypno5e, passant à six reprises par l’Hexagone.

La production de ce premier EP avec Daniel Rodriguez Flys, sévissant également derrière le micro pour le compte d’Eternal Storm, a une nouvelle fois été confiée aux soins de David Castillo (Opeth, Dark Tranquillity, Soilwork, Katatonia, Candlemass). L’enregistrement ainsi que le mixage et la masterisation de Lingua Ignota Part 1 ont été réalisés au sein du célèbre Studio Gröndahl à Stockholm.

Crédit photo : @Eric Rossel Vela

C’est avec l’introduction très aérienne et texturée qu’est « Sound And Vessels » que Persefone ouvre cet EP. Les chuchotements de Daniel reprenant en bouche « I keep dreaming of the one word that cannot be named » (Je n'arrête pas de rêver d'un mot qu'on ne peut pas prononcer), accompagnés au début par les harmoniques de Miguel Espinosa au clavier, se muent rapidement en puissants screams sur fond de son électronique où les samples et le caisson de basse règnent. La fin est un déchaînement métallique avec l’arrivée en trombe des riffs de Carlos Lozano, Filipe Baldaia, Toni Mestre et des blasts de Bobby Verdeguer. Cette première piste fonctionne comme un mise en bouche réunissant de façon condensée toute l’étendue artistique et musicale de Persefone.

A contrario, c’est de manière plus douce et mélancolique qu’« Abyssal Communication » clôt l’album avec une dominance totale du chant clair, de la prog et du son électronique. Très peu de place est laissée à la partie instrumentale du combo pour cette ultime piste qui nous fait glisser tout en douceur vers le final.

Entre les deux, c’est sans perdre de temps que les natifs de la principauté d’Andorre enchaînent avec leur pièce maîtresse « One World ». La vitesse des blast-beats et de la double pédale de Bobby sont impressionnantes tout comme celle des riffs de ses trois compagnons d’arme faisant monter progressivement l’intensité de cette seconde piste. Les screams et growls de Daniel en couplet viennent se confronter directement aux majestueux refrains chantés harmonieusement en clair avec l’appui du chœur de Moe donnant du relief au chant. Indéniablement, « One World » est le tube de cet EP, d’une variation rythmique hallucinante.

Puis les cloches sonnent au début de « The Equable », nous invitant à la grande messe heavy des six Catalans. La dualité du scream / growl de Daniel et du chant clair de Miguel est poussé ici à son paroxysme. Mention spéciale pour le refrain ultra-fédérateur et le solo très typé heavy du break.

Débutant à la guitare sèche et au chant clair, « Lingua Ignota », titre le plus long ayant donné son nom à l’EP, se transforme rapidement en morceau thrash old school. Le scream surpuissant de Daniel lance les chevaux au galop mais surtout la structuration des riffs de Carlos et Filipe fait dans le plus classique du genre. La rythmique très saturée est entrecoupée par la mélodie claire et incisive de la guitare lead avec, bien entendu, les implacables solos chaloupés en guise de break. Bobby n’en est pas en reste, martyrisant de façon répétée ses pauvres cymbales mais aussi ses caisses claires et nous délivrant une excellente ultime session de double en outro.

Persefone délivre là un EP convaincant, captivant son auditoire du début à la fin avec une propension à faire passer d’un tableau musical à un autre de manière douce et progressive. Première franchement réussie pour Daniel au chant, ouvrant de nouveaux horizons aux Andorrans avec à la clé, on l’espère, un Lingua Ignota Part 2 ou un prochain album studio. De quoi attendre en tout cas des performances exceptionnelles aux côtés d'Hypno5e à Paris, Nantes, Toulouse, Lyon et Lille ces prochaines semaines !

Tracklist

Sounds And Vessels
One Word
The Equable
Lingua Ignota
Abyssal Communication

L'EP Lingua Ignota, Part 1 sort le 2 février 2024 via Napalm Records.