Bruce Dickinson – The Mandrake Project

Presque 20 ans ! Il se sera fait attendre, le chanteur d'Iron Maiden, pour donner suite à son dernier effort intitulé Tyranny of Souls. Bruce Dickinson nous livre donc un nouvel album concept intitulé The Mandrake Project qui sort ce 1er mars sur le label BMG. Alors après presqu'un quart de décennie, le leader charismatique a-t-il bien fait de convoquer une nouvelle fois la fine équipe, c'est à dire Roy Z et Dave Moreno ?

Le sexagénaire ne s'est pas moqué de nous, car l'attente valait le coup. The Mandrake Project est dans la continuité de ce que Bruce Dickinson a pu faire en solo, notamment au niveau des atmosphères et de la production. L'album flirte avec les années 90 au niveau du son, même si on regrettera que les claviers de Maestro Mistheria soient un peu kitsch, mais les fans du chanteur et d'Iron Maiden y sont habitués. Comme sur les anciens albums, la basse est une pure merveille, sachant que toutes les lignes ont été jouées par Roy Z, contrairement aux albums précédents. Le grand acolyte de Bruce s'est également occupé de la guitare mais grande révélation : le chanteur nous a gratifié de son tout premier de solo de guitare !

Mais ce qui était attendu était bien sûr la prestation de Bruce Dickinson et surtout ce qu'il allait nous proposer presque vingt ans après son dernier effort. Après une discographie d'Iron Maiden toujours aussi efficace mais bien moins fraîche et novatrice, ce qui est normal après presque cinquante ans de carrière, cela fait du bien de retrouver le chanteur qui prend des risques. Et même lorsqu'il reprend la démo de "If Eternity Should Fail" que les fans ont pu écouter sur The Book of Souls, Bruce semble plus libre. "Eternity Has Failed" est certes typique de Maiden mais on sent que cette première version est l'œuvre du chanteur et n'est pas passée à travers le filtre des autres membres du groupe de la vierge de fer. "Fingers in the Wounds" ne choquera pas non plus les fans du groupe mais le petit pont arabisant est le bienvenu, et la prédominance des synthétiseurs fait basculer le morceau dans un style plus prog des années 90.

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Crédit photo : John McMurtrie

Et ce style, certes adopté par Iron Maiden depuis plusieurs années avec plus ou moins de succès, sied parfaitement à Bruce Dickinson et lui permet de développer des atmosphères variées sans pour autant ennuyer l'auditeur. On voit bien venir les détracteurs du prog qui pourraient avoir peur d'un album technique et ennuyeux à en mourir, mais que nenni ! La force de cet album, tout comme certains de la discographie solo de Bruce, est de proposer des morceaux certes complexes et qui dépassent la barre des quatre ou cinq minutes, mais faciles à assimiler et qui passeront très bien la barre du live. Les plus fidèles du chanteur ont déjà pu découvrir "Afterglow of Ragnarok" qui représente bien l'état d'esprit de l'album : un refrain catchy, un morceau globalement épique et le chant typique de Bruce Dickinson. Autre morceau aux influences très prog : "Sonata (Immortal Beloved)" avec des arpèges qui rappellent Marillion et des atmosphères très Floydiennes. Malheureusement, ce titre, tout comme les autres qui closent l'album, est un peu plus lent et casse un peu l'énergie développée dans le début de l'album.

Que dire de "Rain on the Graves" avec son riff très Metallica , son couplet parlé proche d'un chant de marin irlandais ou de pirates, et de son pont avec des harmonies proche de Maiden ? C'est proche de la perfection, tout comme sur "Resurrection Man" avec une grosse basse à la "One of These Days" de Pink Floyd puis un couplet typé Western à la Ennio Morricone, et ce n'est pas fini puisque le titre évolue vers un passage lourd stoner/doom à la Black Sabbath. Alors par écrit, cela peut sembler un peu lourd mais les deux acolytes ont vraiment bien bossé et cela donne sûrement LE titre de l'album.

Autre bonne surprise : "Many Doors to Hell" qui ravira les fans de Ghost. Le titre navigue dans un arena rock des années 80 avec un petit orgue en fond de mix. Encore un futur classique en live avec un refrain fédérateur qui montre malheureusement que Bruce vieillit et que dans les aigus il lui faut pousser pour atteindre certaines notes. Voilà peut-être le seul point négatif de l'album : il aurait peut-être fallu faire preuve de plus de modestie sur certaines lignes vocales, car notre chanteur adoré n'a plus la voix et l'énergie du Live After Death. On a d'ailleurs l'impression que certains passages ont été corrigés par ordinateur et cela peut manquer de naturel. C'est clairement dommage car lorsqu'il reste dans les mediums ou même lorsqu'il nous narre certains passages, Bruce Dickinson est toujours aussi impérial. Sans être un morceau révolutionnaire, "Face in the Mirror" offre une bonne respiration, pour l'auditeur et sûrement pour le chanteur. Il est facile d'imaginer, lors d'un concert, le groupe venir au bord de la scène en mode acoustique pour enfin voir Bruce Dickinson, une guitare à la main, nous délivrer son premier solo de guitare. Cela permettra peut-être au chanteur de récupérer de l'énergie pour attaquer le morceau de bravoure de l'album : "Mistress of Mercy" avec des lignes de chant dantesques et un gros solo de Roy Z.

Il faut également mentionner les paroles et le concept global de l'album. Pas forcément original, versant dans l'occulte, les textes sont assez vagues pour ne pas tomber dans des phrases trop explicatives. Chacun pourra y voir sa version de l'histoire même si la bande dessinée créée en collaboration avec Tony Lee et Staz Johnson (qui sont tous les deux passés par les éditions Marvel et DC) permettra d'avoir la vision du chanteur.

Pour son grand retour en solo, Bruce Dickinson nous livre un opus de très bonne facture. Souffrant simplement d'une fin d'album un peu moins dynamique et de lignes de chant un peu trop ambitieuses, globalement "The Mandrake Project" est solide, audacieux et terriblement accessible. Bénéficiant d'une bonne production, cet album ravira les fans de Bruce mais permet aussi de découvrir les multiples facettes du chanteur pour ceux qui ne le suivent pas depuis ses débuts. Certains morceaux ont le potentiel de devenir des classiques et on a hâte de voir ce leader charismatique les présenter dans des salles un peu plus intimistes.

Tracklist

01. Afterglow Of Ragnarok
02. Many Doors To Hell
03. Rain On The Graves
04. Resurrection Men
05. Fingers In The Wounds
06. Eternity Has Failed
07. Mistress Of Mercy
08. Face In The Mirror
09. Shadow Of The Gods
10. Sonata (Immortal Beloved)

The Mandrake Project sort le 1er mars sur le label BMG. Disponible à la pré-commande ici.

Bruce Dickinson, The Mandrake Project, Iron Maiden
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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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