Powerwolf – Wake Up the Wicked

Powerwolf, c'est très simple, c'est presque écrit dessus, comme le Port-Salut : des gars qui font du power metal et qui aiment les loups. Et déjà certains lecteurs vont grincer des dents (ou des canines) : qu'attendre d'un groupe qui s'adonne à un style maintes fois copié, parfois kitsch, d'autant plus que la formation opère depuis 20 ans ? Et que penser du dixième album d'un groupe qui assume de ne pas se renouveler et qui joue un style qui, musicalement, peine aussi à se diversifier ?

Depuis quelques années, on sent que les groupes de power metal ont dû rivaliser d'ingéniosité pour redynamiser ce genre qui avait un peu perdu en popularité. On peut penser à Sabaton et son imagerie martiale, mais Powerwolf n'est pas en reste. Avec leur style grandiloquent, mêlant les riffs de guitare efficaces aux chants en latin et à l'orgue d'église, les Allemands ont su se frayer un chemin à coups de refrains hyper catchy et de prestations scéniques enflammées et élaborées.

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Powerwolf a toujours fait du Powerwolf et fera sûrement du Powerwolf jusqu'à la fin des temps. On retrouve dans ce nouvel opus les traceurs qui ont fait le succès du groupe : des compos très denses qui ne laissent pas la place à des soli à rallonge, des riffs de guitare très identifiables et surtout des mélodies qui rentrent dans la tête. Dès le premier morceau "Bless'em with the Blade", les connaisseurs ne seront pas décontenancés. Un chœur épique, de l'orgue d'église, un break de batterie et ça démarre. Même constat pour "Kyrie Kitorem", la composition est assez classique et ne déroutera pas les fans de power(wolf). C'est sûr que, dit comme cela, l'album ne s'annonce pas franchement comme étant LA révolution dans le monde du metal. Mais ce qui est intéressant chez Powerwolf, c'est cette capacité à aller chercher dans chaque composition une certaine diversité, que ce soit dans la discographie de la formation allemande ou même dans le style en général.

La première chose qui frappe est cette diversité dans les rythmes. Alors certes, ce n'est pas inédit car on lorgne très souvent du côté du speed metal et de la New Wave of British Heavy Metal. Mais chaque chanson a sa propre identité. Prenons "Thunderpriest" qui penche plutôt vers Motörhead avec la batterie de Roel van Helden qui dégomme tout sur son passage ou encore "Wake Up the Wicked", le titre éponyme lui aussi hyper speed. Alors certes, au premier plan, c'est classique : le refrain permettra facilement au public de chanter, le petit solo de Matthew Greywolf à la guitare est rapidement expédié, mais si on fait attention, en arrière-plan, c'est beaucoup plus heavy que d'habitude. Autre influence, assez évidente mais très bien exécuté : les rythmiques galopantes d'Iron Maiden présentes notamment sur "Joan of Arc". Un effort a été fait dans la composition pour apporter un break plus lent, plus lourd qui évite que le morceau tombe dans un plagiat de "The Trooper". Même constat pour "1589", le premier single qui fait penser à "Rime of the Ancient Mariner" dans le refrain mais le groupe a intégré également une pause avec un piano très jazzy, assez surprenant alors que le claviériste Falk Maria Schlegel a plus l'habitude du clavecin et de l'orgue d'église.

Du côté des nouveautés, on ne peut pas faire mieux que "We Don't Wanna Be No Saints". Pour la première fois, le groupe invite une chorale d'enfants et ça marche : le morceau bascule du côté des années 80 avec un petit côté pop liturgique à la Ghost. Un des grands succès de l'album. Encore plus loin dans le passé, Powerwolf utilise même la vielle à roue, notamment sur "Heretic Hunters". Le morceau aurait là aussi pu passer pour un plagiat de Rhapsody (of Fire) avec ses accents moyenâgeux mais Falk Maria Schlegel y sort un orgue hammond, chose assez inhabituelle dans le power metal. La vielle à roue est aussi présente sur le morceau final "Vargamor" qui a le mérite de proposer une ballade, certes classique, mais qui termine bien l'album.

Alors certes, Powerwolf n'évite pas les morceaux un peu moins intéressants comme le deuxième single "Sinners of the Seven Seas" - surtout que les accords du refrain rappellent clairement "Get Lucky" des Daft Punk. On leur pardonne assez facilement car le refrain est tellement efficace qu'on vous met au défi de ne pas le siffler ou le fredonner après l'écoute du morceau. Il est intéressant de voir que le groupe varie toujours ses paroles et il est improbable de passer d'une chanson parlant de pirates à une ode au clitoris (juste retour des choses quand on se rappelle des chansons comme "Coleus Sanctus" ou Resurrection by Erection" qui glorifiaient plutôt la masculinité) puis aux Saintes Ecritures. Powerwolf n'a pas perdu sa verve (avec deux "v" s'il vous plait) ni son humour, et on se retrouve embarqué dans plusieurs histoires, qu'elles soient plus légères ou plus prenantes comme celle de Peter Stumbb, le "loup-garou de Bedburg". Le tout est porté par la voix d'Atilla Dorn, toujours aussi magistrale même si on aurait aimé que certaines lignes de chant soient un peu moins hautes et un peu moins répétitives comme sur "Viva Vulgata" ou "1589".

Sans complètement révolutionner le genre, on peut dire que la musique de Powerwolf est toujours aussi pertinente et toujours aussi intéressante. Malgré une forme usée et usitée, l'album s'apprivoise assez facilement grâce à la simplicité apparente de ses compositions, mais Wake Up the Wicked doit être écouté plusieurs fois pour en apprécier la richesse et la diversité. On fait confiance au groupe pour matérialiser une nouvelle fois son univers foisonnant sur scène et transmettre toute la puissance de sa musique car après tout, c'est bien cela que veut dire le mot "power".

L'album sort le 26 juillet 2024 sur le label Nuclear Blast et est disponible en précommande ici.

 

Crédits photos : DR VDPictures

Tracklist

01. Bless ’em With The Blade
02. Sinners Of The Seven Seas
03. Kyrie Klitorem
04. Heretic Hunters
05. 1589
06. Viva Vulgata
07. Wake Up the Wicked
08. Joan of Arc
09. Thunderpriest
10. We Don’t Wanna Be No Saints
11. Vargamor

Powerwolf, power metal, Falk Maria Schlegel, Attila Dorn, Matthew Greywolf, Charles Greywolf, Roel Van Helden

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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