On profite de ce début d'année pour mettre en lumière les albums de 2024 qui ont compté mais qui n'ont pas été chroniqués. Parmi eux se trouve le dernier Vanden Plas, The Empyrean Equation of the Long Lost Things. Cet opus, au nom aussi long qu'un morceau de black metal, est passé à la trappe de nos chroniques, la faute à un précédent album un peu convenu. Pourtant à force d'entendre "le nouveau Vanden Plas est énorme", on s'est dit que les Allemands méritaient une seconde chance. Eh bien, on a eu raison, et on vous explique pourquoi.
Vanden Plas a toujours une place à part (voilà, c'était la petite tradition du jeu de mots pourri) : le groupe a pris le parti de rester dans les années 90, là ou certains groupes comme Symphony X ou les maîtres du prog Dream Theater ont évolué. Alors que sur certains opus comme The Ghost Xperiment: Awakening on pouvait leur reprocher cet écueil, autant sur The Empyrean Equation of The Long Lost Things on sent une plus grande cohérence. Contrairement à d'autres groupes, Vanden Plas ne s'est pas perdu dans un excès de modernité qui force à pousser les curseurs plus haut, plus fort au mépris de la mélodie et de la cohésion des morceaux.
Certains pourraient expliquer le succès de cet album par la venue d'Alessandro Del Vecchio aux claviers, mais celui-ci n'a pas participé à l'écriture de l'album, toujours partagée entre les paroles d'Andy Kuntz et les mélodies de Stephan Lill. Pourtant on sent bien la patte du claviériste qui connaît bien les deux compères et qui s'intègre parfaitement dans une belle production typée certes années 90 mais avec un son résolument moderne. Ce dernier apporte une belle touche orchestrale et puise dans un registre allant des claviers un peu kitsch sur "The Sacrilegous Mind" à des instruments moins froids comme les sublimes sons d'orgue hammond hérités de Jon Lord sur "Sanctimonarium".
Pour le reste, la formule est la même mais il y a un "je ne sais quoi" de particulier avec cet album. Après avoir réfléchi un peu pour tenter de trouver ce qui le démarque des autres, on est tenté de dire : la cohérence. Dès le morceau éponyme, plusieurs thèmes développés sont introduits. Alors certes, lors de la première écoute, impossible de le savoir mais une fois finies quelques lectures de l'album, on se plait à y revenir encore pour comprendre comment The Empyrean Equation of The Long Losts Things a été construit. Souvent dans le prog metal, on assiste à un enchaînement de riffs copiés-collés sans grande solidité. Or, avec cet album, c'est l'inverse au sein des compositions et même sur l'opus en entier. Attention, on ne parle pas de concept album à la The Wall, Scenes from a Memory mais quand les dernières notes de "March of the Saints" résonnent, on est ravi, rassasié.
L'album s'articule donc autour de trois morceaux de bravoure : "Sanctimonarium", "The Sacrilegious Mind" et "March of the Saints". Bien construits malgré quelques transitions abruptes qui ne rebuteront pas les réfractaires au prog. Faisant appel à des styles comme le power metal, le heavy plus classique, le prog des années 90 voire le disco sur quelques riffs, et mettant en avant les capacités de Stephan à composer de longs morceaux sans susciter l'ennui. Cela est notamment dû à une certaine adresse dans les passages instrumentaux : souvent on reproche au prog d'être trop démonstratif et trop long. Or chaque break instrumental est pertinent et ne tire pas en longueur. On se plait à écouter les joutes de notes entre Stephan et Alessandro qui rappellent les grands duels entre John Petrucci et Kevin Moore de Dream Theater.
"They Call Me God" est une ballade plus classique des années 80 mais avec une vraie progression dans l'atmosphère : on passe d'un piano voix à, progressivement, quelque chose de plus orchestral : "Kashmir" de Led Zeppelin n'est pas loin. Tout aussi efficace, "My Icarian Flight" possède certes un refrain classique très typé metal prog des années 90 mais là encore, le groupe fait preuve de concision en ne développant pas trop la partie instrumentale qui a le bon goût de ne pas traîner en longueur.
Vous l'aurez compris, sans réinventer la poudre ni mettre une claque au monde du metal prog, Vanden Plas fait bien les choses et se permet de rappeler à tous quels sont les fondements de ce style. Cet opus est donc idéal pour les nostalgiques qui cherchent une vraie prod moderne, mais aussi pour les néophytes qui veulent découvrir cet univers. Sans se remettre en question, les Allemands ont quand même réussi à sortir un des albums de l'année, ce qui est rare surtout après tant d'années de carrière. On attend toujours une petite prise de risque et l'introduction d'éléments qui viendraient faire "progresser" leurs compositions.
L'album est disponible depuis le 8 février 2024 ici.
Tracklist
- The Empyrean Equation Of The Long Lost Things
- My Icarian Flight
- Sanctimonarium
- The Sacrilegious Mind Machine
- They Call Me God
- March Of The Saints
