Et de dix pour Avantasia, le projet power metal de Tobias Sammet qui poursuit son chemin en embarquant toujours plus d'invités avec lui. Après A Paranormal Evening with the Moonflower Society de bonne facture mais sans grande prise de risque, le groupe était attendu au tournant. Pourtant avec la même formule et des guests connus de la plupart des fans, Tobias ne serait-il pas en train de s'installer dans une certaine routine ?

Le morceau d'ouverture "Creepshow" nous prouve que non : il est certes classique et efficace - mais on aime ce côté années 80 et joyeux. Même constat pour le titre éponyme car, même si Geoff Tate est un habitué des collaborations avec Tobias, on retrouve un côté prog des années 80 avec des atmosphères proches de Marillion lorsque Fish officiait encore en tant que chanteur. La structure est vraiment complexe : il faut dire qu'avec ses 9 minutes, le morceau peut se permettre de développer des thèmes et fournir des orchestrations élaborées. Forcément, l'ancien chanteur de Queensrÿche n'a pas son pareil pour sublimer les compositions de Tobias Sammet.
Ce dernier sait très bien s'entourer et taille des chansons sur mesure pour les différents invités de ce nouvel opus d'Avantasia : "The Witch" permet à Tommy Karevik, le chanteur de Kamelot de briller avec un refrain imparable qui fait penser à "You Give Love a Bad Name" de Bon Jovi. La boucle est bouclée au sein du line up de Kamelot puisque l'ancien chanteur Roy Khan apparaît lui aussi en fin d'album avec la ballade "Everybody's Here Until The End". Très mignonne, rappelant l'esprit de Noël et Trans-Siberian Orchestra, ce morceau ne sort pas vraiment du lot, mais aura le mérite de faire sortir les briquets pendant un concert.
Malheureusement, le reste de l'album est plus convenu. Alors certes, toujours d'aussi bonne qualité avec une production superbe de Sascha Paeth, mais la diversité n'est apportée que par le ou la chanteuse invitée. "Avalon", avec son côté Rhapsody of Fire, aurait pu être plus passe-partout sans l'intervention d'Adrienne Cowan qui apporte une touche féminine et un peu de diversité. Même constat pour le diptyque années 80 "Phantasmagoria" et "Bring on the Night" : sur le premier, Ronnie Atkins fait du Ronnie Atkins, et sur le second Bob Catley apporte une touche certes kitsch, renforcée avec les claviers, mais qui marche bien mieux. On reste dans le power metal classique avec "The Moorland at Twilight" avec Michael Kiske chanteur de Helloween. Heureusement que les influences opératiques et l'orgue de fête foraine apportent ce côté joyeux et un peu différent. A noter que l'univers gothique transparait bien sur le titre "Unleash the Kraken" qui se termine avec une débauche de batterie à la limite du death. Seul morceau sans vraiment une once de prise de risque, "Against the Wind" est certes de qualité mais peut-être dispensable.
Sans bouleverser ses habitudes ni choquer ses fans, Tobias Sammet livre un énième opus d'Avantasia assez plaisant, qui permettra aux fans de la première heure d'analyser chaque petite prise de risque, et aux néophytes de découvrir l'univers extrêmement fourni du groupe. Sans avoir d'effet "whaouh" lors des écoutes, Here Be Dragons est plaisant, et nulle doute qu'en live, des morceaux comme "Creepshow" ou "The Witch" emporteront l'adhésion du public - qui pourra d'ailleurs retrouver le groupe en tournée en France ou chez nos voisins proches en mars 2025 (le 15 à Bruxelles, le 16 à Paris et le 18 à Esch sur Alzette)
Crédits photos : DR Kevin Nixon
Tracklist
1 Creepshow
2 Here Be Dragons
3 The Moorland At Twilight
4 The Witch
5 Phantasmagoria
6 Bring On The Night
7 Unleash The Kraken
8 Avalon
9 Against The Wind
10 Everybody's Here Until The End
Here Be Dragons, nouvel album d'Avantasia, est disponible ici et sort le 28 février sur le label Napalm Records
