Second album officiel des Indiens, qui n'ont cessé de gagner en popularité depuis Rakshak. Et manifestement, ils ne sont pas prêts de se calmer.
En 2022, les Indiens de Bloodywood avaient fait une entrée fracassante dans le monde international du metal avec Rakshak. Leur succès en France avait été grandissant avec des concerts complets et survoltés au Motocultor, puis l’année suivante au Hellfest ou encore au Trabendo.
La scène est incontestablement leur domaine de prédilection, comme a encore pu le montrer la tournée européenne, qui s’est arrêtée dans trois villes françaises la semaine dernière, dont deux concerts explosifs à Paris et Lyon. Explosifs, leur seul défaut était probablement leur brièveté (à peine une heure, en tête d’affiche).
Manifestement, plus c’est court, plus c’est bon semble être la devise du combo de Delhi, puisque son nouvel album, Nu Delhi, sorti vendredi, ne dure que 33 minutes, pour huit titres. A peine plus qu’un EP, mais c’est aussi la durée idéale pour se le repasser en boucle.
C’est d’ailleurs l’envie qu’inspire cet opus, tant il est addictif. Pas de grande révolution à attendre de la part du trio fondateur (qui se fait sextuor sur scène), Jayant Bhadula (chant saturé et chant clair traditionnel) et Karan Katiyar (guitare et flûte, notamment), rapidement rejoints par Raoul Kerr (rap). Nu Delhi mélange toujours aussi habilement nu metal et folk indien revisité, ce qui en fait l’un des rares groupes de neo au carré – neo metal multiplié par neo folk. Ces genres étant déjà issus de fusions entre plusieurs autres, la musique du combo en devient un arbre généalogique musical à elle toute seule, parfaitement symbolisé par le jeu de mots du titre.
Côté traditionnel, le dhol, percussion traditionnelle indienne, et les diverses flûtes locales sont toujours aussi mis en avant, se mêlant au chant de Bhadula. Quelques chœurs traditionnels (dès l’introduction « Halla Bol » et quelques cordes plus classiques se font aussi épisodiquement entendre. Côté metal, le groupe s’adonne toujours à un gros neo-metal simple mais ô combien efficace. En plus de riffs puissants, d’une rythmique imparable, d’une complémentarité impeccable entre chant saturé et rap, ce nouvel album fait un tout petit plus de place à des scratches et des éléments electro. Surtout, il semble encore plus explosif que son prédécesseur.
Bloodywood poursuit sa volonté de livrer, en anglais, hindi et penjabi, des messages sérieux et en phase avec le monde actuel, et ce dès le titre d’entame « Halla Bol », qui évoque notamment les conséquences d’événements historiques dramatiques tels que la colonisation. Le groupe l’a d’ailleurs présenté sur scène la semaine dernière, validant tout son potentiel scénique, et expliquant que le message n’était pas de chercher la vengeance mais au contraire de transcender ce passé.
Il aborde aussi comme sur son premier opus des combats plus personnels, évoquant la nécessité de réussir à reconnaître soi-même ses qualités et s’extraire des regards négatifs (« Hutt ») ou le dépassement de ses peurs pour avancer (« Bekhauf », duo trilingue improbablement réjouissant avec les Japonaises de Baby Metal). Bloodywood n’oublie pas un hommage accrocheur à sa cité natale dans le titre éponyme qui clôt l’album, et se permet même un peu de légèreté avec une ode à la nourriture indienne dans « Tadka ».
Avec un disque aussi court, tout titre dispensable aurait déséquilibré l’ensemble, mais aucune chanson n’est ici superflue, et toutes débordent d’énergie. L’étape du second disque est brillamment franchie par Bloodywood, qui affute ses fondamentaux, renforce son identité, et nous donne une envie furieuse de se mettre à l’hindi pour reprendre en chœur les brûlots du combo indien.
Tracklist
1. "Halla Bol" (Raise Your Voice) 5:29
2. "Hutt" (Move) 4:34
3. "Dhadak" (Heartbeat) 3:09
4. "Bekhauf" (Fearless) (en duo avec Babymetal) 3:48
5. "Kismat" (Destiny) 3:45
6. "Daggebaaz" (Deceiver) 3:29
7. "Tadka" 4:22
8. "Nu Delhi" 4:28
Album sorti le 21 mars 2025 chez Fearless Records
