Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est bon, on est bon : Epica poursuit sa carrière avec une stabilité impressionnante tant dans le line up depuis 2012 que dans la qualité de ses albums. Toujours emmené par le trio Simone Simons, Mark Jansen et Coen Janssen, le groupe a toujours occupé une place de choix dans le monde du metal symphonique. Découvrir un nouvel opus d'Epica, c'est y aller les yeux fermés en sachant que le succès sera au rendez-vous. Néanmoins, après plus de vingt ans et une discographie de plus en plus fournie, est-ce que le groupe a encore des choses à dire ?

Loin des habituels clichés de metal symphonique, Epica a toujours su se démarquer en mettant l'accent sur les deux composantes du metal : les riffs et la batterie empruntant certaines techniques au djent et au thrash. Il est vrai que, même si l'orchestre a une place prépondérante, le claviériste Coen Janssen s'efface pour laisser place à ses camarades de jeu, les guitaristes Mark Jansen et Isaac Delahaye. Il en résulte, la plupart du temps, des morceaux très intenses, très directs mais aussi très prog. C'est vraiment la force du groupe de proposer plusieurs facettes qui s'intègrent parfaitement en un seul morceau. Après plus de vingt ans, Epica possède vraiment une science de la composition et malgré les différents styles proposés, tout cela semble fluide. Des morceaux très directs comme "Cross the Divide" fonctionnent très bien notamment grâce à un refrain très entêtant. Alors certes, les quatre premières notes rappellent le générique du dessin animé Miraculous mais passé cette surprise, il faut constater que la composition est clairement efficace. Même constat pour "Eye of the Storm" : plus classique dans la discographie d'Epica et avec des couplets un peu plus faibles, mais le refrain fait mouche.
Autre force du groupe : une certaine continuité qui ne s'essoufle pas. Plusieurs morceaux viennent compléter la suite musicale "A New Age Dawns" et non seulement ils s'intègrent très bien mais constituent les pièces maîtresses de l'album. Espérons que le groupe joue l'intégralité de la suite en live. Parmi "Darkness Dies in Light", "Metanoia" et "The Grand Saga of Extinction", c'est ce dernier qui remporte tous les suffrages. Avec son riff proche d' "Absolution" de Ghost, son couplet plus doux, son refrain mémorable et son break hallucinant blindé de blast beats et de growls, l'auditeur ne ressort pas indemne de cette écoute. "Darkness Dies in Light" n'est pas en reste tant on a l'impression que ce titre est un CV du groupe : c'est très prog, les chœurs du style Era prennent une place importante, le tout gratifié par un Coen Janssen plus présent qui nous apporte ce côté power metal avec son clavecin et son orgue.
Parfois dans le power ou le metal symphonique, il y a une certaine lassitude au fur et à mesure que l'album avance. La variété des styles proposés par Epica permet de tenir en haleine l'auditeur et jusqu'au bout, il y a ce sentiment de découverte. L'album se termine par la ballade puissante éponyme, qui rappelle "Dead Boy's Poem" de Nightwish avec son duo piano/voix et les paroles du penseur indien Jiddu Krishnamurti pleines d'espoir. Autre morceau se démarquant du côté metal symphonique : "Apparition" avec un début très electro et un riff très groovy. A noter la très belle prestation du bassiste Rob van der Loo qui insuffle ce côté à la fois profond et très suave aux prestations du groupe. Pour une fois, le solo de guitare ne verse pas dans un shred étourdissant mais possède ce côté Led Zeppelin qui fera bouger son popotin.
Autre influence chère au monde du symphonique, les ambiances gothiques à la Tim Burton et Danny Elfman présentes notamment dans "T.I.M.E", avec son intro assez glauque, mais aussi sur "Arcana". Sur ce dernier morceau, le groupe se rapproche plus de Within Temptation avec de grosses orchestrations et un côté assez grandiloquent très efficace en live et sa fin djent très violente. Pas étonnant que ce soit un des deux morceaux dévoilés en avant-première lors des concerts The Symphonic Synergy. Le groupe se permet même de lorgner encore une fois du côté de Dimmu Borgir et du black metal sur "Obsidian Heart" avec un piano torturé, des accords dissonants et bien sûr un chœur très puissant. Il faut dire que la voix est au centre de cet album. Entre les ensembles extrêmement prenants et la voix de Simone Simons toujours aussi sublime, le chant est vraiment le vecteur des émotions. Même constat pour les growls de Mark Janse. S'ils avaient tendance à dépareiller avec les prestations de Simone, ils sont sur cet album bien meilleurs.
Il est toujours impressionnant de voir un groupe faire preuve de régularité et surtout d'une telle diversité sans verser dans le n'importe quoi. Plus les années passent et plus Epica se bonifie comme quoi parfois, ça ne sert à rien de révolutionner l'intégralité de sa discographie. Petit à petit le groupe progresse et nous livre des morceaux très solides en allant piocher dans différents univers. Mais la vraie force d'Epica réside dans ses prestations en live et le groupe passera par la France au Hellfest et en 2026 en tête d'affiche.
Le groupe a également décidé d'organiser une soirée spéciale à l'Alhambra le lendemain de la sortie de l'album. Malheureusement, comme on pouvait s'y attendre, c'est complet. ous pourrez toujours vous consoler avec Aspiral qui sort le 11 avril sur le label Nuclear Blast
Crédits photos : DR Tim Tronckoe

Tracklist
1. Cross the Divide
2. Arcana
3. Darkness Dies in Light - A New Age Dawns Part VII -
4. Obsidian Heart
5. Fight to Survive - The Overview Effect -
6. Metanoia - A New Age Dawns Part VIII -
7. T.I.M.E.
8. Apparition
9. Eye of the Storm
10 .The Grand Saga of Existence - A New Age Dawns Part IX
11. Aspiral
