Cryptosis – Celestial Death

Il en faut du courage pour monter son groupe, le pousser vers le haut durant sept années, puis tout recommencer depuis le début en changeant de nom et de style. C’est le pari fou que se sont lancé les trois Hollandais de Cryptosis, ex-Distillator en 2020. La prise de risque avait pourtant été décisive, puisque Bionic Swarm, le premier opus du groupe sous cette appellation avait su nous convaincre avec son thrash / death technique dans la lignée de Vektor. Pour la suite, le groupe a voulu renforcer son aspect cinématographique et donner une coloration plus diversifiée à ses compositions, flirtant avec le prog, le black, le death technique et le thrash. Essai concluant ?

Frank te Riet, bassiste de la formation, nous le confiait en interview, Cryptosis a voulu mettre en avant la narration dans cette nouvelle œuvre, à travers des orchestrations et des atmosphères plus travaillées au clavier. Dès « Prologue - Awakening », c’est effectivement ce qui vient en tête – et aux oreilles – de l’auditeur. Mais se fier à cette introduction serait trompeur puisque « Faceless Matter » ou « Static Horizon » déferlent rapidement, avec une belle avalanche de riffs thrashisants sur laquelle vient se poser le timbre éraillé de Laurens Houvast. De quoi rester en terrain connu par rapport à Bionic Swarm, même si « Static Horizon » apporte ses influences black bien assimilées, à travers des parties de guitare en tremolo, voire avec ce clavier à 3:53 qui rappelle la grandiloquence d’un Emperor à son sommet.

Grandiloquence, ambition, ce sont peut être les termes qui montrent le mieux l’intention du trio, qui compte aller au-delà de la simple comparaison avec Vektor. Et pour ce faire, rien de tel que de proposer une tracklist pensée de façon à surprendre et à casser la monotonie. « Ascending » ralentit quelque peu le tempo par rapport au début de l’album (tout est relatif), « Motionless Balance » se veut un court instrumental aux claviers, tandis qu’un « Reign of Infinite » relativement classique prend le risque de partir dans un doom symphonique durant vingt petites secondes (entre 3:04 et 3:26) avant de réaccélérer pied au plancher. Mais les deux vraies prises de risque de cet album, ce sont « Absent Presence » dont les atmosphères presque gothiques font penser à un mix entre Celtic Frost et Tribulation, le tout joué par un groupe de thrash, et le final « Coda – Wander into the Light », à la fois symphonique et doom, comme une ambiance post-apocalyptique (vu les thématiques abordées, on n’est pas surpris).

Vous l’aurez compris, ce Celestial Death est donc plus riche en ambiances et en prises de risques que son prédécesseur, tout en conservant son style d’origine. En résulte un album certes déstabilisant aux premières écoutes, mais d’une qualité indéniable. Seule ombre au tableau, le groupe perd parfois en efficacité et en riffing ce qu’il a gagné en écriture. Les titres sont bien ficelés et les transitions ont été particulièrement travaillées (c’est d’ailleurs l’un des points sur lequel le trio a été particulièrement attentif pendant la phase de composition) mais il manque cette énergie et cette urgence, certes parfois maladroite mais touchante, qui émanait du premier opus. On ne retrouve peut être cette touche que sur « Cryptosphere », petite pépite de techno-thrash parfaite pour briser des nuques en salle.

Quoi qu’il en soit, Cryptosis poursuit son chemin en proposant des sorties discographiques de qualité et un univers visuel (bien imagé par le travail d’Eliran Kantor sur les deux opus) bien à lui. Malgré la richesse des orchestrations, le trio sort un mixage qui rend hommage à chaque instrument, et une production à la fois moderne et équilibrée. Celestial Death est un bel opus et la confirmation que Cryptosis a parfaitement eu raison d’opérer un changement de direction artistique majeur il y a désormais cinq ans dans sa carrière déjà avancée.

Tracklist :

1. Prologue - Awakening
2. Faceless Matter
3. Static Horizon
4. The Silent Call
5. Ascending
6. Motionless Balance
7. Reign of Infinite
8. Absent Presence
9. In Between Realities
10. Cryptosphere
11. Coda - Wander into the Light

Album déjà disponible chez Century Media
Photographie promotionelle :
Ewout Scholte Op Reimer

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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