The Great Old Ones – Kadath

Alors que la fin d'année approche, nous vous proposons cette fin de semaine un retour sur des sorties marquantes mais qui nous avaient échappées. En effet, l’actualité des sorties musicales est tellement chargée qu’il nous arrive parfois de redécouvrir un album bien longtemps après sa sortie. C’est ce qui est arrivé à l’auteur de ces lignes, passé complètement à côté du dernier The Great Old Ones sorti en début d’année, et découvert à l’occasion de la mini-tournée française dispensée par le combo bordelais de black metal cet automne. Et vu la qualité de ce Kadath, il aurait été dommage de ne pas se pencher dessus !

Aujourd’hui, The Great Old Ones est un groupe bien établi au sein de la scène black / post-black hexagonale et chacune de ses sorties est de qualité constante. En s’attaquant aux contrées du Rêve de Lovecraft (l’autre grande mythologie de l’auteur de Providence, moins connue que l’univers de Cthulhu mais toute aussi passionnante), Benjamin Guerry et ses compères capturent l’essence onirique de l’œuvre d’origine et la retranscrivent parfaitement en musique (et en image à travers le sublime artwork réalisé par Jakub Rebelka).

« Me, The Dreamer » se pare d’un souffle épique dopé aux nombreuses couches de guitare qui parsèment le morceau, tout en gardant une efficacité redoutable. Les ambiances prennent systématiquement le temps de se développer puisque les titres tournent quasiment tous autour de huit à neuf minutes (à l’exception de l’interlude « The Gathering », nous y reviendrons). Les touches atmosphériques qui ont toujours fait partie de l’identité de The Great Old Ones sont une fois de plus présentes, renforçant le contraste entre violence et apaisement, entre fureur et délicatesse.

De même, l’aspect progressif de la musique du combo est totalement renforcé sur Kadath, et s’exprime notamment sur le long instrumental « Leng », précédé du court « The Gathering » (1mn 19 au compteur), faisant voyager l’auditeur sur les plateaux désertiques et balayés par les vents glaciaux de Leng. Ces deux titres nous plongent dans plus de seize minutes de musique instrumentale, et façonnent l’imaginaire de manière magistrale, que ce soit à travers des arpèges délicats en son clair et des spoken word poétiques (5mn25 sur « Leng ») ou encore un solo de guitare presque black n’roll (à 3mn10).

La fureur du black metal s’exprime également sur l’ensemble de l’œuvre (« Under the Sign of Koth », « Astral Void (End of the Dream) »), notamment à l’aide du chant éraillé de Benjamin Guerry ou des tremolo picking des trois guitaristes. Mais ce qui marque réellement l’écoute de ce cinquième album des Bordelais, c’est qu’au-delà d’une œuvre dense et complexe, The Great Old Ones parvient à épouser parfaitement la thématique du Rêve et trouve ici le juste équilibre entre toutes les facettes de sa personnalité. Une fois de plus, les Bordelais nous livrent une nouvelle réussite, peut-être la plus cohérente du groupe, qui donne furieusement envie de se lancer dans la quête onirique de Kadath l’Inconnue, quitte à ne pas en sortir totalement indemne…

Tracklist :

Me, The Dreamer
Those From Ulthar
In the Mouth of Madness
Under the Sign of Koth
The Gathering
Leng
Astral Void (End of the Dream)

Album disponible depuis le 25 janvier 2025 chez Season of Mist

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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