Linkin Park – Meteora

Il est de ces albums qui ont marqué une génération complète ! Tous les adolescents de 2003, qui maintenant affichent au moins 33 ans au compteur, bons pères et mères de famille pour la plupart, ont à minima écouté une fois cet opus. Meteora est une véritable pièce maîtresse de la discographie des six Californiens de Linkin Park. Retour sur cet album, véritable étendard de l’apogée du nü metal des années 2000.

Difficile de faire mieux qu’Hybrid Theory et son album remix Reanimation ! Grace à eux, Linkin Park s’est positionné en seulement trois petites années comme fer de lance de la nouvelle génération metal. La jeune garde du début de ce nouveau millénaire, abreuvée des groupes de heavy et de hard de papa, a pour but de se démarquer et d’obtenir par la même occasion sa propre identité musicale. C’est l’âge d’or du neo, nü ou même metal alternatif. Beaucoup d’appellations différentes pour un style marquant de l’époque emmené par des Korn, Limp BizkitMachine Head, Slipknot, Mudvayne ou Deftones parmi tant d’autres.

C’est durant les rares moments de répit des nombreux concerts des tournées d’Hybrid Theory que le sextet s’attèle à l’écriture de son nouveau projet Meteora dont l’enregistrement studio aura lieu d’avril à décembre 2002. Premier single à être dévoilé le 17 mars 2003, "Somewhere I Belong" aura fait veiller tardivement les plus impatients d’entre nous pour l’écoute en avant-première mondiale sur les ondes de NRJ (et oui, du metal y  passait à l’époque…). Fraichement enregistré sur un K7 double face, les écoutes en boucle se sont enchainées jusqu’à la sortie officielle de Meteora une semaine plus tard. C’était une autre époque, mais la passion était déjà au rendez-vous !

Dans la directe lignée d’Hybrid Theory, Meteora met en exergue le principe de la dualité. Celle du rap de Mike Shinoda et du chant de Chester Bennington, celle du clear et des screams de ce dernier mais aussi celle des instrus du trio Brad Delson / Phoenix / Rob Bourdon et du son electro distillé par Mr Hann. L’équilibre est le secret de la réussite de chacun de leurs sons. Mike nous travaille sur les couplets tandis que Chester nous termine sur les refrains. Les scratchs et la prog de Mr Hann apportent l'harmonie tandis que les riffs saturés simples de prime abord et les blasts déchainent les foules. "Faint" et "Numb" viennent finir de compléter la liste des singles qui auront été dévoilés lors de l’année de cette sortie et deviendront de véritables hymnes pour la fanbase du combo.

Meteora est percutant dès l’introduction "Foreword" avec les coups portés et le verre brisé lançant le rythme des percussions de Rob sur "Don’t Stay" qui suit directement. C’est le premier album de Linkin Park bénéficiant d’une introduction à part entière, cette tradition perdurera sur la majorité des opus suivants (Minutes To Midnight, A Thousand Suns…). A l’instar d’Hybrid Theory cette fois, nous retrouvons en avant-dernière place "Session" qui, comme "Cure for the Itch" trois ans auparavant, est un exutoire de scratchs et de prog mené de main de maître par Mr Hann. Ce morceau a d’ailleurs été utilisé comme bande-son pour le deuxième volet de la trilogie Matrix (le son de la matrice y est aisément reconnaissable sur le final).

Alors certes, il n’y a pas de grosses envolés de solos à la guitare, les riffs basiques et les blasts percutants forment la base du son de Linkin Park, mais l'ensemble est d’une terrible efficacité. Dosés à la perfection avec le rap de Mike, le clear et les screams de Chester et le son électro des platines de Mr Hann se mêlent, et la cohabitation de ces opposés est l’essence même de LP. D’ailleurs dès qu’un de ces éléments a pris le dessus par la suite (on pense notamment à Thousand Suns en 2010 ou au dernier album One More Light en 2017), l’échec musical était souvent à la clef.

Meteora est le dernier vestige du son originel des six Californiens, et pour fêter ces 20 années d’existence et ne jamais oublier l’iconique Chester tragiquement disparu depuis, le groupe tease ces jours-ci avec un décompte vintage sur leur site officiel. Le 1er février prochain est une date butoir, mais rien n'a encore fuité sur l’hommage qui va sûrement faire suite...

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