Les Gros Émergents d’Avril 2024

Profitez du retour du printemps pour découvrir notre sélection des Gros Émergents Metal ! Notre rédaction y met à l’honneur quelques formations émergentes qui lui ont tapé dans l’œil (ou plutôt dans les oreilles). Nous espérons que cette mise en lumière permettra à des groupes passionnés et de qualité d’obtenir l’exposition qu’ils méritent, car ils sont la preuve de la richesse et la diversité de notre scène musicale. Bonnes découvertes !

The Black Enderkid - Symptom of Decline (metal moderne)

Le titre de l’album est clair : voici une vision désabusée sur le monde qui nous entoure et l’avenir peu réjouissant promis aux jeunes générations – dont Gaétan Ponzio, 18 ans, tête pensante derrière le projet, fait partie. Mais les compositions du frontman, guitariste et vocaliste, ne sont clairement pas celles d’un kid. Ce sentiment de révolte et d’amertume, en filigrane sur l’album, prend la forme d’un metal moderne surpuissant et impressionnant techniquement, sur neuf compositions bien ficelées, suffisamment variées pour éviter l’effet répétitif ou trop massif.

Concentré d’explosivité, de technicité et d’efficacité, l’album repose sur des attaques énergiques percutantes, riffs et batterie en avant, des refrains mélodiques qui fonctionnent très bien, des passages de growl profond, et surtout un groove prenant. Les breakdowns meurtriers ou des passages foudroyants se rapprochent du prog moderne et du death technique, mais sans jamais prendre le pas. The Black Enderkid ne se limite pas à de la démonstration, les mélodies sont intéressantes et les univers travaillés. La fin de l’album va plus loin dans la créativité. L’instrumentale "Apocalypse Protocol" et l’ultime piste "Born to Die" sont bien construites, entre riffs implacables et ambiances qui s’entrechoquent.

Le son du quatuor est moderne, certes, mais pas mal d’influences rétro se retrouvent distillés plutôt habilement dans ce premier effort accrocheur. Nourri de plusieurs influences, le jeune compositeur maîtrise clairement les codes, et cela se ressent, de l’intro cinématographique aux solos percutants. L’univers de Gaétan Ponzio lorgne plutôt vers le nu-metal, dans le phrasé du chant ou les attaques survitaminées, mais sait aussi mettre en avant une certaine mélancolie et du chant clair dans la plus lente "Beloved Killer", aux airs gothique / indus.

Si l’on peut noter un certain manque de nuances sur certains morceaux, notamment sur les passages en growl, ou encore un mix qui manque parfois de lisibilité (des passages en chant clair qui disparaissent sous la débauche d’énergie instrumentale), le pari est réussi pour ce premier opus. The Black Enderkid fait une entrée fracassante sur la scène française, en trouvant sans hésiter la recette d’un metal moderne imparable, marqué par une sacrée dose de maîtrise et, contre toute attente, beaucoup de maturité.

Chronique de Julie L

Hijss - stuck on common ground (heavy rock)

Pour son premier album, le trio italien n’y va pas par quatre chemins. Ou plutôt, si, les chemins et angles d’approche se multiplient, et c’est justement cette multiplicité des influences qui fonctionne, de façon presque inexplicable. Servi par une production aux petits oignons, ce premier opus regorge de compositions bien menées qui font mouche sans pour autant se répéter.

De l’audace, Hijss n’en manque pas, et cela se ressent d’abord par un groove irrésistible. Des lignes de basse monstrueuses et inspirées mènent les débats ("1234 me", "10 tilt mode"). Du nord de l’Italie aux terres arides du sud des Etats Unis, il n’y a qu’un pas : le grunge rock bien heavy devient rocailleux parfois, fleurant bon le rock alternatif des années 90, abrupt et mélodique. Le blues, puissant et heavy, est bien là, et pas uniquement sur le titre headless blues. Les morceaux se font chaloupés, sexy même, portés par le timbre profond et rocailleux du crooner / guitariste Lois Lane.

Mais parfois, presque par surprise, un certain sentiment d’urgence se fait sentir dans des montées en puissances ou accélérations franches qui tendent vers le post punk et laissent deviner quelques tendances hardcore – qu’on aurait aimé encore plus marquées – comme sur la rapide "train tracks", ou le single "narcolepsy". Le trio s’amuse avec des refrains imparables, mélodies et rythmique irrésistibles, le tout portés par un stoner rock puissant. La piste plus froide, quasi instrumentale, "black disease", évoque plutôt les années 80. Sur tout l’album d’ailleurs, basse et guitare sont soutenues par des lignes de synthé qui donnent une touche astrale et psychédélique à l’ensemble. Du grunge, mais cosmique, en définitive.

À l’aise dans l’ingénieuse fusion de toutes ces influences, Hijss nous transporte entre nostalgie et modernité. Aussi dansant que cosmique, aussi entraînant qu’intrigant, stuck on common ground a tout pour plaire, et pas uniquement aux amateurs de très bon stoner rock !

Chronique de Julie L

Omnivide - A Tale of Fire (death metal progressif)

Initialement pensé comme un tribute band d'Opeth, Omnivide a rapidement souhaité se démarquer du répertoire des death progueux suédois en sortant son premier album, A Tale of Fire. Certes, l’influence de la bande de Mikael Akerfeldt est toujours très présente sur chacune des huit pistes qui constituent cet album. Mais dès « Clarity », les Canadiens démontrent leur maîtrise du death progressif. Tour à tour épique, technique, sympho ou encore acoustique, cette première piste est une belle porte d’entrée dans l’univers du groupe.

Le quintette est en effet capable de varier les ambiances, et malgré un propos parfois dense et difficile à assimiler, ne fait pas dans le simple exercice de style. Le growl de Samuel Frenette est certes moins profond que celui du leader de la formation suédoise qui l’a inspiré, mais son chant clair est tout à fait intéressant et sert le propos, d’autant plus qu’il est utilisé à bon escient.

Ce qui distingue essentiellement Omnivide de son influence principale, c’est le caractère parfois très technique du propos (les deux guitaristes, Samuel Frenette et Nicolas Pierre Boudreau, sont loin d’être des manchots), la formule étant parfois un poil trop dense. « Desolate » passe en effet d’un death symphonique à la Fleshgod Apocalypse à des ambiances acoustiques opethiennes de toute beauté, puis à des parties blastées évoquant Arcturus, le tout en moins de deux minutes. De quoi déstabiliser l’auditeur qui, s’il s’accroche, découvrira alors un metal d’une richesse rare (« Death Be Not Proud » et son passage à la BTBAM / Haken à 2mn). En canalisant son énergie et avec une direction artistique plus affirmée, il y a fort à parier qu’Omnivide fera rapidement reparler de lui.

Chronique de Watchmaker

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