Entretien avec Infamist (Misgivings, Ritualization)

Guitariste chez Ritualization, combo français qui connait un certain succès dans la sphère underground, c'est avec Misgivings qu'Infamist fait aujourd’hui parler de lui. Après avoir fondé ce groupe il y a trente ans, c'est seulement en 2022 que la formation sort son premier album éponyme. Amateurs de death old school et bestial, nous vous recommandons de vous pencher sur cette formation talentueuse. En attendant, La Grosse Radio a posé quelques questions à Infamist pour en savoir un peu plus sur ce projet.

Bonjour Infamist et merci de nous accorder cet entretien pour parler de votre premier album éponyme sorti avec Misgivings. Ce dernier sort donc 30 ans après la formation du groupe. Question inévitable : pourquoi avoir attendu tout ce temps ? Une question de planètes alignées ?

On peut dire que c’est une histoire de planètes alignées. Les galères furent nombreuses… Entre les changements de line up, les problèmes de local pour pouvoir répéter et la distance qui sépare les membres du groupe, ça a été compliqué ! Mais aucun regret. On est tenace.

 

Un artiste évolue inévitablement en trente ans. Dirais-tu que cet album est conforme aux attentes que tu avais lorsque tu as formé Misgivings ?

Oui totalement ! De toute façon, si on l’avait enregistré avant, il serait sans doute beaucoup moins bien produit et moins bien exécuté. On a bossé dessus pendant cinq ans et on est ultra satisfait du résultat. L’attente en valait la peine.

En quoi ce terrain de jeu diffère-t-il pour vous de vos formations respectives (Ritualization et Impureza notamment) en terme de possibilités de création ?

Tout simplement parce que les membres sont différents. Chacun apporte sa pierre à l’édifice ! De ce fait, chaque entité a sa particularité et un feeling qui apporte une identité propre à chacun. On retrouve sur ce projet un côté hyper bestial et très old school.

 

Du coup, quand vous avez fondé (ou rejoint) vos groupes principaux respectifs, l'idée de base c'était de conserver cet aspect old school à la Morbid Angel pour Misgivings et de tenter d'autres choses avec Ritualization et Impureza ?

On peut dire ça. Bien sûr, Morbid Angel, Deicide et une partie de la scène death US des années 1990 sont des influences majeures pour nous. En ce qui me concerne, 15 ans séparent la création de Misgivings et celle de Ritualization. Évidemment, on peut y trouver des similitudes dans le jeu de guitare. Mais encore une fois, chaque groupe a une patte différente avec des influences multiples apportées par chacun des membres. Il y a un côté plus black metal dans Ritualization à mon sens.

 

Cet esprit old school se lit d'ailleurs dès la pochette de Chris Moyen. C'était important pour vous d'avoir ce visuel et cet artiste au style iconique pour afficher la couleur old school dès le début ?

Très important même ! On voulait vraiment une pochette en noir et blanc déjà et aussi un visuel qui rappelle tous les artistes que nous aimons ! Qu’ils soient musiciens ou illustrateurs.

 

Toi qui as déjà bossé avec lui sur la pochette du premier album de Ritualization, quelle consigne lui as-tu donnée cette fois-ci ?

Je connais bien Chris maintenant. On a collaboré sur pas mal de motifs. Mais clairement pour Misgivings, je voulais quelque chose d’old school qui rappelle le premier Deicide. Mais aussi certains dessins de Desmond Sia comme la pochette de Skull Fucking Armageddon d’Impiety ou encore le back artwork de Iron Blood and Blasphemy d’Angelcorpse.

Ce premier album est direct et va à l'essentiel. J'ai pu constater qu'il reprend des titres que vous aviez sortis sur votre démo de 2006, Masquerading as God. Pourquoi ceux-ci et pas ceux de votre split avec Drowning ?

Les titres du split étant plus récents et mieux produits, nous n’avons pas jugé nécessaire de les mettre sur l’album. En revanche, ceux de nos anciennes démos méritaient un bien meilleur traitement ! Et nous les avons surtout réarrangés. Car nous n’avions clairement pas les mêmes capacités techniques à l’époque. Et on n'était vraiment pas satisfait de la production aussi.

 

J'ai tenté sans succès de dénicher les titres de votre démo de 2006 sur le net afin de comparer les versions. Toi qui les connais, qu'est-ce que ce nouvel enregistrement a apporté à l'ensemble ?

Les versions de l’album sont en tout point supérieures. Exécution, production, tout est mieux ! De plus, Guilhem, notre batteur a littéralement transcendé ces titres, apportant une brutalité que nous n'avions jamais atteinte.

L'album est relativement court, puisqu'il n'excède pas 35 minutes. On sait que c'est une bonne durée pour un album de ce style. Mais tout de même, on imagine qu'après 30 ans, vous deviez avoir un paquet de compositions de côté non ? Comment le tri a-t-il été fait dans vos idées et vos envies respectives ?

On a choisi nos titres les plus aboutis. Bien sûr, on a pas mal de vieux morceaux et d’autres plus récents. Mais on a travaillé dur sur ceux de l’album et 35 minutes suffisent amplement pour ce genre de musique. Nous en avons gardé un de plus pour l’excellente compilation WAFFY 3 à paraître sur le label Triumph of Death cette année.

 

Tu as pu reprendre les concerts avec la date assurée par Ritualization au Court of Chaos Fest. Comment as-tu vécu ce retour sur scène après deux ans de pandémie ?

Bien évidemment, reprendre les lives, c’est quelque chose de très important pour nous tous. Avec Ritualization, on avait déjà fait quelques dates mais le Courts of Chaos a été magique ! Le prochain rendez vous sera le Forest Fest en Suisse. Le line up est dingue…

 

Tu vas être bien occupé dans les prochains mois car avec Ritualization tu t'apprêtes à sortir un mini album courant août chez Iron Bonehead Production. Comment vas-tu réussir à concilier ces projets avec Misgivings ? Vous pensez tourner un peu pour promouvoir ce premier album ?

Ce ne sera pas facile de concilier les deux ! Mais on a vraiment hâte de rejouer live avec Misgivings. La sortie de l’album nous permettra sans doute d’avoir des propositions intéressantes. De toute façon, nous allons privilégier la qualité a la quantité.

Que peux-tu nous confier sur cette sortie à venir ?

Le Maxi LP de Ritualization devrait sortir en août. On est très impatient de voir comment les gens vont réagir à ce nouvel enregistrement. Il est différent de l’album tout en restant fidèle au style du groupe.

 

Parlons un peu de death metal en général. Les membres de Misgivings sont tous bien implantés dans la scène death underground avec vos groupes principaux. Cette scène est particulièrement bouillonnante et votre label Dolorem n'est d'ailleurs pas étranger à cela quand on voit le nombre de formations de talent qui sont signées (Dawohl, Creeping Fear, SlaveOne et tant d'autres). Quelle vision portez-vous sur cette scène et l'émulation qu'il peut y avoir entre les artistes ?

C'est très bien ! Enfin la France propose des groupes de qualités. Surtout ces derniers temps et particulièrement le death metal. Notre scène s'expose de plus en plus à l’international. On regorge de groupes talentueux aujourd’hui.

 

Un groupe en particulier à nous conseiller parmi vos découvertes récentes ?

Il y en a plein qui sont pour beaucoup des potes. Je pense à Fall of Seraph, Venefixion, Sepulcre, Cadaveric Fumes, Hexecutor et bien d’autres ! La France n’a pas fini de nous surprendre...

 

Interview réalisée par mail en juin 2022
Merci à Alex de Dolorem Records
Photographies: DR / Misgivings



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