A peine une semaine avant la sortie de leur album Big Bang Therapy, la quasi totalité des membres du groupe Les Princesses Leya nous donnaient rendez-vous pour une interview en visio complètement barrée. Entre Antoine qui se connectait dans sa voiture, Dédo qui avait dix bonnes minutes de retard et la version gratuite de Zoom qui ne permettait que 40 minutes d'interview, on a vécu un gros big bang de vannes et de secrets dévoilés. Le tout en compagnie d'un panda roux et d'imitations assez pourries des Simpsons.
La Grosse radio : Salut Antoine et Xavier, on va commencer l'interview car Dédo n'est toujours pas là (rires). Le concept est très simple : comme dans votre album, les héros traversent un univers à chaque chanson, nous allons aussi les traverser. Donc chaque question sera posée dans un univers particulier des Princesses Leya. On commence par la chanson "Push". Est-ce que pour cet album, vous avez voulu "pusher" le curseur plus loin ? Car on a plus de musique, moins de covers ...
Antoine : Très clairement, il y avait une certaine ambition, celle de faire mieux et d'être plus ambitieux notamment sur la musique. C'est un vrai album de groupe. Pour le précédent, c'était un patchwork lié au spectacle. Au départ avec les Princesses Leya, on n'avait pas l'ambition d'être un groupe, juste de faire un spectacle. Et puis à force de tourner, de faire le Warm Up Hellfest, les gens nous demandaient "vous n'avez pas un album ?". Alors on fait tout fait petit à petit comme un puzzle mais on n'a jamais conçu L'Histoire sans fond comme un album classique. Pour Big Bang Therapy on a fait les choses à l'inverse : on a composé l'album avant de faire le spectacle, de manière plus classique. On s'est demandé comment construire une unité de son, même si on a plusieurs styles différents. On s'est demandé quel était LE son des Princesses Leya. Et c'est beaucoup Pierre Danel de Kadinja qui nous a aidé à passer un cap.
Xav : Le fait aussi de signer avec At(h)ome et d'avoir un accompagnement différent nous a aidé. On a pu également se poser en amont. Forcément en sortant un deuxième, tu essayes de faire mieux même si on était très content du premier qui était l'image du groupe à un instant T. Mais cet album aussi d'ailleurs.
Ça nous fait une très belle transition vers la deuxième question toujours dans l'univers "Push", est-ce qu'il y avait une certaine PRESSion car après tout le deuxième, c'est toujours le mieux : L'Empire Contre Attaque, Le Parrain 2, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Le Fils du Mask...
Antoine : (rires) chacun gère personnellement la pression. Moi j'avais envie d'une identité plus forte car pour l'instant les gens nous voient comme les rigolos du metal, dans le sillon d'Ultra Vomit ou d'autres avant nous. Je me suis demandé quelle était notre vraie différence dans les textes et la musique. On avait envie de passer un cap.
(Dédo arrive dans la conversation et se connecte tant bien que mal. Pour des raisons de lisibilité de l'interview, nous vous avons passé toutes ses tentatives de connexion, les blagues pourries sur le Cantal etc...)
Question univers "Kangourou-Garou". Alors comme je n'avais pas de kangoo roux, ni de gars roux, la question sera posée par un panda roux ...
Dédo : ... Ouais ça marche aussi, on peut dire que c'est un kangourou-garou déguisé en panda roux, c'est vicieux ces bêtes là.
Vous prenez de la drogue quand vous composez ? Car passer de la vasectomie à la boulimie cannibale, c'est un sacré grand écart, il faut être perché !
Antoine : Jamais avant de composer !
Dédo : D'autant plus que pour "Kangourou-Garou", je suis arrivé avec ce thème là, je ne sais plus pourquoi mais je me demandais ce qui n'avait jamais encore été fait comme animal garou. Et puis "Kangourou-Garou" ça sonne bien, parfois il ne faut pas grand chose.
Antoine : Globalement on est tellement perché naturellement qu'on est assez à l'aise dans les soirées où les gens sont drogués.
Dédo : On prône une ouverture sur les possibilités que les gens ont de se divertir ... On ne juge pas !
Question "Analfabet" : cet kestion çera retranskrite en mod analfabet é jeu vé me fair fumé par la tim de relektur (ndlr : on en profite pour saluer notre team de relecture qui fait un travail de malade). Komen vou écrivé lé parol ? Dan un aréopor, la voitur à votre mer, avek un crocrodil ?
Dédeau : Avan ke lé otre intervièn, je kroi ke sa se di corcaudille "C O R C A U D I troi L E", corcaudille.
Gzav : Cé pa ce ke lé gen croiven, il fo kil voaill.
Oui cé vou lé eksper, cé vous ki saché
Dédeau : On est bien, on a tout dit je crois (rires)
Donc globalement pour les paroles, ça se passe comment au sein des Princesses Leya ?
Antoine : En général c'est Dédo et moi qui nous en chargeons. Par exemple, il m'en parle puis je compose des riffs. Pour "Baise Tout Seul", je l'avais écrite pendant le confinement et ensuite je leur ai proposé. Et après on travaille ensemble. "Vasectomie", c'est collégial aussi. Au départ j'avais une idée de trame globale, je voulais aller dans des univers chelous et on s'est demandé quel univers on pourrait visiter. On a fait une première résidence en s'enfermant dans une maison de compagne. On s'est notamment dit "Tiens, ça serait sympa d'avoir une espèce de bossa nova". Et après j'ai commencé à avoir l'idée qu'on allait tous crever mais ça sentirait bon le jojoba. Dédo, lui, tu lui donnes une phrase, il s'enferme pendant une heure et il revient avec des idées. On rebondit constamment comme ça.
Dédo : La plupart du temps c'est Antoine et moi, mais pour "Ouais, Ouais, Ouais" sur le premier album, c'est parti d'une répète où Xavier faisait des "ouais ouais ouais" pendant qu'il tapait et on a continué avec des harmonies.
Xavier : C'était même un filage technique ! Le fameux filage où tu dois taper sur ta batterie pendant dix heures et tous les membres du groupe se barrent.
Antoine : Et bizarrement les désaccords ne sont pas là où on le pense. Par exemple avec Dédo, on a eu des débats sur des trucs fromagers : dans "Boulimie Cannibale", on s'est demandé quel fromage on allait mettre. Voilà le genre de débats Princesses Leya.
Dédo : Pour rester sur un champ lexical culinaire, certains mots sonnent mieux en bouche et "Saint Nectaire" sortait mieux que "Camembert" qui était un peu trop chargé.
C'est vrai que Saint Nectaire ça fait plus noble
Antoine : Oui on est plus sur un resto à 50 balles alors qu'avec camembert, c'est la cantine quoi.
Question univers "Spider-Cochon" : Comment faites-vous pour associer plusieurs styles de musique car dans "Spider-Cochon" on passe des Trois Ténors à Babymetal ?
Antoine : Pour info, il va y avoir un making-of de l'album mais surtout sur cette chanson. On est arrivé vraiment "à poil" car on voulait faire une reprise de ce morceau et pour le coup, c'est vraiment avec Pierre Danel qu'on a construit le truc. On se demandait si on n'allait pas la faire en version vieux rock. On l'a composée en deux jours en écoutant plein de trucs débiles. Comme on n'arrivait pas à choisir, on a mis trois styles. On a voulu faire une reprise version film de Robert Rodriguez, puis en italien, et on s'est dit qu'un jour on ferait la chanson dans toutes les langues du monde mais on n'avait pas le temps. Comme on écoute pas mal de metal japonais en ce moment, le côté Babymetal s'est imposé.
Dédo : Pour le côté Trois Ténors, on s'est demandé comment faire la chanson dans d'autres langues, et l'italien c'est quand même moins compliqué que le polonais. Pour la version japonaise, ce n'était pas difficile en termes de syllabes ...
Antoine : Ouais mais c'est quand même relou : Cléo n'avait aucune notion de japonais et elle a tout fait à l'oreille. On a demandé à une copine japonaise de nous faire ça en phonétique.
Donc ça veut dire quelque chose ?
Dédo : Ah oui, ce sont les paroles de "Spider-Cochon" traduites en japonais !
Antoine : D'ailleurs il faudrait avoir l'avis des Japonais qui vont écouter l'album.
Dédo : Globalement, le japonais, même si tu as un accent avoisinant, ça passera mieux que le russe. Si t'as pas un putain d'accent ils vont te dire "Quittez notre contrée avant qu'on vous tire dessus". Et moi personnellement j'aime bien avoir tous les organes vitaux, donc on est resté sur ces trois-là. On n'a pas pris des pays trop belliqueux. On sait tous bien sûr que dans le monde il n'y a que 14 pays mais on n'avait pas le temps de tous les faire.
Question univers "Les Slimpsons" (ndlr : votre humble serviteur se met à imiter lamentablement Homer et Marge Simpson) : Quel est le plat qui pourrait vous faire changer d'univers ? On sait que pour Omar Slimpson c'est le chili trop épicé mais pour vous ?
Antoine : Ouah, c'est très bien fait mais j'ai trouvé que dans ton imitation il y avait un peu d'Alf !
Xav : Moi j'ai trouvé qu'il y avait un côté Beethoven, le chien.
Antoine : Moi je pense que ce serait le foie de veau car c'est un goût tellement infect que je pourrais avoir une décorporation de mon être et partir loin.
Xav : Moi le Welsh, j'adore ça. Dès que j'en bouffe, je pars loin.
Antoine : Ouais quand c'est bien fait, il y a le fromage, l'oeuf, le jambon, un peu de vin blanc...
Xav : ...tu bois trois litres de bière entre chaque bouchée donc oui ça te fait partir loin !
Dédo : Moi dans le même ordre d'idée, c'est les lasagnes de ma grand-mère mais maintenant il me faudrait une pelle car ça fait 15 ans qu'elle n'est plus là.
Antoine : T'as pas la recette ?
Dédo : Ouais mais même si tu as la recette, tu refais les mêmes gestes et le goût n'est pas pareil. A mon avis, il y a un truc dans le PH de la peau des gens, ce qui fait le truc en plus. Moi j'ai vu ma tante, en train de regarder ma grand-mère faire, de noter tous les trucs, toutes les étapes comme si elle notait une recette de magie. Elle a tout refait et c'est limite si elle pleurait car elle était dégoûtée que ça ne soit pas la même chose.
Très bonne transition pour passer à la question "Boulimie Cannibale" : Est-ce que les diplômés d'HEC ont vraiment bon goût et globalement, qu'est-ce que vous avez contre les gens qui sortent d'école de commerce ?
Dédo : On va dire que c'est un aliment qu'on n'apprécie pas forcément.
Antoine : Alors bien sûr on est dans la caricature donc on grossit le trait, mais dans notre métier, on est de plus en plus confronté au marketing, que ce soit à la télé, dans la musique ou pour le cinéma. Ces gens-là ont de plus en plus de pouvoir et sortent souvent d'écoles de commerce. Ils regardent juste les chiffres et pourraient vendre des bagnoles, ça serait la même chose. Tout le monde bataille avec ces nouveaux rois du pétrole, ce sont eux les décideurs et il n'y a que la loi des chiffres pour ces "fils de pute des fichiers excel".
Dédo : Oula c'est un peu véhément comme phrase. Moi je vais traduire dans un autre langage : "c'est une saillie du capitalisme et de ses excès". Voilà comme ça tu as ma version un peu plus populaire et celle d'Antoine où les gens diront "ah non, je ne veux pas avoir à entendre de tels propos".
Xav : Moi j'aurais dit, c'est tout l'inverse du Welsh.
Question univers "Baise tout seul" : C'est votre instant promo narcissique, parlez-nous de vos projets en dehors du groupe.
Antoine : Alors pour ma part, j'ai un premier long métrage en tant que réalisateur, j'ai aussi un film d'animation que j'ai écrit : l'adaptation de la BD Les Légendaires, d'autres projets d'écriture dont je n'ai pas le droit de parler et puis beaucoup de doublage dans l'animation.
Dédo : J'ai encore quelques dates pour mon spectacle Biafine : le 14 à Aix en Provence, le 24 novembre je ne sais plus où (nldr : à Chaugny dans le 02), le 28 novembre à Hésingue et aussi le 31 octobre à Paris. On fera la captation de mon spectacle fin mars. Et puis le film L'histoire racontée par des Chaussettes où on parle de thèmes historiques ou de moments marquants à l'intérieur d'un théâtre de marionnettes. Ca sera dispo sur Canal + à partir du 21 octobre. Et enfin, on tourne la nouvelle saison de Space Game, une série sur des vendeurs de jeux vidéos dans une boutique. Ca sera sur France 3.
Xav : Mes seuls projets sont déjà de subir Cléo, Dédo et Antoine, ce qui est déjà un gros projet. J'ai aussi ma boîte de production de spectacles vivants avec notamment Dédo qui sera le 24 novembre je ne sais plus où, le 28 à Hésingue et on l'espère un nouveau spectacle bientôt !
Question univers "La Solution" featuring BHL et Gérard Miller : Ne pensez-vous pas que la solution à tous les problèmes n'est pas QUE "la vasectomie" mais plutôt l'intégralité des univers développés dans l'album ? "Le Jojoba", c'est faisable, "Boulimie Cannibale" ça marche aussi ... Vous avez quatre heures et je ramasse les copies à la fin.
Dédo : Alors oui c'est sûr tous les morceaux sont une solution mais la vasectomie, c'est LA solution car tu peux régler certains problèmes avec les autres chansons mais pour vraiment éviter que la planète ne meure, il faut arrêter de mettre des gens sur terre continuellement.
Dernière question univers "Complotriste" : votre album sort le même jour que la journée internationale des contrôleurs aériens. Y a-t-il un message caché ?
Antoine : C'est vrai ça ?
Xav : C'est parce que les Princesses Leya vont prendre leur envol ! (ndlr : applaudissements ! )
Mais les Rolling Stones ont aussi fait leur premier Olympia un 20 octobre, alors c'est le moment de balancer les dates de concerts de Princesses Leya !
Antoine : Le premier concert ça sera à Ergué, en Bretagne, le 10 novembre. Ensuite le 18 à Château Thierry, le 1er décembre à Rion, à côté de Clermont, le 8 décembre au Trabendo à Paris et, on te l'annonce en exclu, ça sera une double soirée puisqu'on sera avec Opium du Peuple qui fera sa release party. On sera au festival Drôlement Bien à Besançon le 20 janvier, le 9 février à Freymin Merlebach et aussi au Printemps du Rire à Toulouse mais on n'a pas la date !
Un grand merci aux Princesses Leya pour leur disponibilité et leur humour. L'album Big Bang Therapy où vous pourrez retrouver tous les univers mentionnés dans cette interview, est disponible ici.
Images : DR At(h)ome
