Motocultor 2022, jour 1 : du retard, de la classe et du rock’n’roll

Jeudi 18 août, Saint Nolff

En ce jeudi après-midi, des délais au moment de l’ouverture des portes vont retarder le début de tous les concerts d'environ quarante-cinq minutes. Qu'importe, sous le soleil breton, les contrariétés se dissipent rapidement, et cette première journée rock du Motocultor s'annonce riche en surprises.

14h45 - 45 minutes après l’heure prévue, The Wild Classical Music Ensemble investit la Dave Mustage, la scène principale du Motocultor. Le groupe belge chargé d’ouvrir le festival à l’heure où beaucoup sont encore dans la file d’attente pour passer la sécurité (retard à l’ouverture oblige) n’a rien de classique, contrairement à ce que son nom indique. Composé en majorité d’artistes atteints de déficiences mentales, d’autisme ou de trisomie, à l’enthousiasme communicatif, l’ensemble festif envoie un punk dynamique et entraînant qui emporte l’adhésion du public peu nombreux qui applaudit et interagit volontiers avec les musiciens.

16h35 - Sur la Dave Mustage, Slift joue un rock psyché / stoner extrêmement réussi dans le genre bruyant, et offre un maelstrom sonore aux accents fuzz qui semble possédé.

The Blue Butter Pot

Massey Ferguscène, 15h45

Place au garage rock bluesy à l’armoricaine sur la Massey Ferguscène. « We are The Blue Butter Pot and we are from Sulniac ! », annonce le guitariste et chanteur Ray Bonnet. Certes, Sulniac n’est qu’à une poignée de kilomètres de Saint Nolff, mais la musique du duo fleure bon le son des États-Unis, avec son chant très blues et un groove imparable – et ce malgré l’absence de bassiste sur scène.

Le duo joue fort, les riffs lourds donnent des teintes stoner à certains passages, et les soli s’enchaînent, à la guitare ou à la batterie. On sent une belle complicité entre les musiciens qui n’hésitent pas à jouer avec le public, offrant des pointes d’humour et des déplacements permanents (pour le guitariste) ou des mimiques joueuses et soli de cowbell (pour Oliv Le Normand le batteur).

Mêlant facétie et élégance, la talentueuse formation offre des compositions variées, de nombreux passages instrumentaux et des passages vocaux pleins de blues assez rugueux. La tente est pleine, le public danse et tape des mains, conquis par la fougue et la maîtrise des musiciens. Le répertoire de The Blue Butter Pot balaye les influences US seventies, blues voire jazzy comme avec le titre "Come On, Come Over", reprise du bassiste de jazz américain Jaco Pastorius. À coups de gros riffs, d’explosivité et un côté un peu poussiéreux (oserait-on dire rural?), on passerait presque du garage à la grange (ZZ Top n’est pas loin…), comme sur le titre joué en rappel, "I Give You Five" qui termine d’électriser la Massey Ferguscène. Excellente découverte que ce duo français que l’on attend désormais à des horaires plus tardifs sur les scènes de festivals…

1000Mods

Massey Ferguscène, 17h45

Les aléas des concerts en festival font que les groupes doivent effectuer leurs balances devant le public juste avant leur set. Les Grecs de 1000Mods (ce qui se prononce « Chiliamodi », en hommage à la commune d’origine du groupe, Chiliomodi) jouent donc une première chanson pour régler leur son alors que le public est déjà rassemblé sous le chapiteau devant la Massey Ferguscene, la deuxième scène du Motocultor. La foule acclame le groupe par des hurlements dès cette mise au point.

1000Mods sort donc puis revient et attaque au son d’acclamations qui repartent de plus belle. Le groupe joue un stoner heavy un peu gras, assez prenant. Le son se distord et vibre, mais la voix du chanteur Dani G est, au contraire de sa basse, quasiment inaudible sur le début du set, même si cela s’améliore au fur et à mesure des morceaux. La musique du quartette comporte de longs passages instrumentaux, et alterne habilement les sonorités très saturées et les passages tout en arpèges et guitares claires, qui ont presque des allures de classic rock. La musique est incontestablement lourde mais sans être pesante. De parties massives au son très grave en envolées plus planantes, d’un tempo très lent à des rythmes plus marqués et enlevés, 1000Mods offre une musique cohérente et assez homogène mais qui propose aussi des variations, avec des sonorités de guitares (Giannis S et Giorgos T) parfois très étranges, qui feraient presque expérimentales.

Les premiers rangs sont à fond, la poussière commence à voler, les slams à atterrir à la barrière, un pogo se déclenche. Derrière, le reste du public semble aussi apprécier, et on ne sait pourquoi, des ballons de baudruche volent durant tout le set dans la fosse. Sur un morceau assez lent, marqué par la basse et une grosse caisse sporadique (Labros G), les pogoteurs entament un circle pit au ralenti, en se tenant par les épaules… pour repartir de plus belle en pogo quand le morceau s’énerve.

Le chanteur communique un peu, fait taper des mains sur certains morceaux. Pour l’un des premiers groupes de cette édition, c’est une entame réussie.

Clutch

 Dave Mustage, 18h45

C’est un euphémisme de dire qu’ils étaient attendus : l’arrivée des Américains déclenche un tonnerre d’applaudissement sous la Dave Mustage, et Clutch entame son set dans une explosion de gros riffs et d’énergie irrésistible. Avec treize albums à son actif, sans compter le dernier dont la sortie est imminente au moment du concert (Sunrise at Slaughter Beach est en effet sorti le 16 septembre 2022), le groupe va piocher dans (presque) toute sa discographie pour envoyer une setlist redoutable qui va plonger le public du jeudi, assez paisible jusque là, dans un état fiévreux, et mettre largement à contribution le personnel de sécurité, histoire de se chauffer avant les hostilités du lendemain.

Le vocaliste Neil Fallon signe une performance incroyable, à l’aise dans le chant et les cris, expressif au possible, arpentant la scène pour s’adresser régulièrement au public. Sur les quelques titres où il prend la guitare, son interprétation reste excellente même s’il perd en mobilité, comme sur l’énorme entame de "American Sleep". Le guitariste Tim Sult, imperturbable, délivre des soli superbes. La bande brille dans la puissance, le groove et les rythmiques pachydermiques. C’est indéniable : sans artifice particulier, avec leur énergie et cette force tranquille, les musiciens sont là en véritables patrons.

Le heavy rock teinté de stoner et de passages funk ("Subtle Hustle") est une vraie invitation au headbang et au slam, et les festivaliers ne s’y trompent pas. Des pogos se déclenchent tandis que des slammeurs déferlent vers la barrière, pendant des titres iconiques ("Pure Rock Fury", "The Mob Goes Wild") ou même des morceaux inédits comme le très groovy "Slaughter Beach". La poussière et les premiers gobelets s’envolent sous la tente, et lorsque l’heure de set arrive, Clutch enchaîne et se permet de déborder allègrement avec deux autres titres au tempo effréné, "Noble Savage" et "The Face". "Merci beaucoup, you are fantastic", lance Neil avant de partir. Et c’est clairement réciproque …

Setlist Clutch :

1. Earth Rocker
2. The House That Peterbilt
3. Pure Rock Fury
4. Subtle Hustle
5. Slaughter Beach
6. Rats
7. Sucker for the Witch
8. Mice and Gods
9. American Sleep
10. Willie Nelson
11. In Walks Barbarella
12. X-Ray Visions
13. Firebirds !
14. Burning Beard
15. Nosferatu Madre
16. Red Alert (Boss Metal Zone)
17. The Mob Goes Wild
18. Noble Savage
19. The Face

20h15 - Tout seul sur la Supositor Stage, scène en extérieur au fond d’un mini amphithéâtre de verdure, Qual offre une expérience déroutante aux festivaliers. De sa voix assez grave, qui sature un peu par moments, il embarque dans une musique qui mixe techno, gothique et new wave – une forme de synthwave, en somme. C’est prenant, assez perché mais réussi et très entrainant, alors que les paroles semblent assez sombres. Malgré la fatigue qui commence à s’abattre, il donne irrémédiablement envie de danser à de nombreuses personnes, pendant que lui-même gesticule abondamment sur scène. Une découverte singulière qui vaut vraiment qu’on y jette une oreille.

The Libertines

Dave Mustage, 21h20

Les ex-mauvais garçons londoniens, très classes en costume (sauf pour le batteur Gary Powell vêtu d’un magnifique survêtement jaune), investissent tranquillement la scène, cigarette à la bouche pour Carl Barât, et se placent face à la batterie pour entamer leur set sans aggraver le retard. Le groupe interprète une quinzaine de classiques de sa – relativement courte – discographie, dans un registre indie punk rock si caractéristique.

Que ce soit en harmonies sur tout le titre ("Vertigo") ou dans les refrains ("Boys in the Band"), ou en prenant chacun le lead ("Up the Bracket"), Pete Doherty et Carl Barât assurent au chant et à la guitare, s’approchant l’un de l’autre pour partager le micro régulièrement. En les voyant si proches, on oublie (presque) les 10 années de split et les frasques passées. Le groupe délivre un set convaincant musicalement, certes entraînant, mais manquant tout de même de chaleur et de partage. Dos au public entre les titres, les musiciens réservent les regards complices et private jokes à leurs camarades sur scène, et seul Pete Doherty fait l’effort d’échanger régulièrement avec les festivaliers dans la première moitié du concert (« Hello Brittany, crazy fuckers »).

La tendance s’inverse lentement après un solo de batterie et des titres plus entraînants ("Horrorshow"), les musiciens incitent le public du Motocultor à taper des mains et quelques slams se déclenchent, mais seuls les premiers rangs semblent en liesse. Plus loin, quelques uns s’éloignent même, peu conquis. Il n’empêche que les Libertines livrent une prestation solide, et les quadras n’ont pas perdu l’attitude rock (Pete fait mine de jeter son micro, balance sa guitare en coulisse et lance même son harmonica dans la foule après son solo). La fin du set, avec les hits "What Katie Did", "Can’t Stand Me Now" et "Don’t Look Back Into the Sun", semble ravir les fans qui reprennent les paroles en cœur et applaudissent chaleureusement.

Triggerfinger

Massey Ferguscène, 22h45

Après la grosse machine en demi-teinte des Libertines, c’est au tour des Belges de Triggerfinger de continuer cette journée thématisée rock. Comme les autres groupes avant eux sur la Massey Ferguscène, ils doivent faire leurs balances avant le concert, devant le public qui commence déjà à les acclamer bruyamment. « On va faire un rapide soundcheck, puis sortir, et revenir, et vous allez faire comme si c’était la première fois que vous nous voyiez », demande le chanteur et guitariste Rubn Block – en anglais, car si le groupe est belge, il est du côté flamand du pays.

Le public s’agite déjà durant les balances, puis comme annoncé, le groupe quitte la scène. Commence alors une attente qui s’éternise mais permet ainsi au public de laisser libre court à sa fantaisie, certains scandant « Christine Boutin » ou « Habillés ! » (ça change de « A poil », il faut le reconnaître), et autres saillies inspirées.

Mais le groupe finit par revenir comme promis et le public redouble d’enthousiasme. Il y a une ambiance presque solennelle, tandis que rugissent la batterie de Mario Goossens et la basse du remplaçant de Paul Van Bruystegem, resté au pays car malade.

La formation attaque alors son blues stoner tout en élégance, à l’image des musiciens, très classes. La batterie souffre d’un problème de réglage qui finit par se résoudre, mais à part cela, le son du groupe est lourd, un peu gras, mais avec une certaine rondeur. La voix du frontman monte avec aisance dans les aigus. Plusieurs morceaux commencent d’ailleurs a capella, ou avec juste la batterie en plus de la voix, et cela fonctionne parfaitement.

Les premiers morceaux sont assez enlevés, très rock’n’roll, avec certaines chansons au groove imparable. Tous les instruments s’équilibrent, lancent les introductions à tour de rôle, sont mis en avant à différents moments. Tout est parfaitement exécuté, les riffs font mouches, et le bassiste additionnel s’intègre très bien à l’ensemble – son instrument s’entend d’ailleurs beaucoup sur la plupart des chansons.

Le leader s’adresse régulièrement au public, à grands coups de « Ladies and gentlemen from Bretagne and beyond » et de roulements des « R » sur « Motocultor », notamment pour avouer à quel point Triggerfinger est content d’être de retour sur scène.

Les musiciens ne sont pas les plus extravagants sur scène, mais ils ont une présence indéniable qui suffit à retenir l’attention. D’ailleurs, dans la seconde moitié du set, on les voit s’agiter un peu plus, ils se retrouvent sur l’estrade du batteur, lequel fait miner de se cogner la tête sur une cymbale ou finit debout sur son instrument pour faire chanter le public.

« Colossus », l’un des derniers morceaux, bénéficie d’un son très lourd dû au fait que le chanteur a troqué sa guitare pour une seconde basse. Les derniers morceaux sont assez dansants, le dernier commence lentement pour gagner progressivement en puissance, ce qui permet au public de se déchaîner une dernière fois.

The Hives

Dave Mustage, 23h50

Les Suédois des Hives sont réputés pour être des bêtes de scène, et leur donner la tête d’affiche de la journée rock semble assez pertinent. Le groupe n’a plus sorti d’album depuis Lex Hives en 2012 mais continue de tourner, la scène étant son terrain de jeu favori.

Après l’apparition d’un membre de l’équipe étrangement vêtu d’un kimono – mais les techniciens du groupe sont souvent habillés plus ou moins comme des ninjas, il y a donc une certaine cohérence – les cinq musiciens investissent la scène sous le chapiteau de la Dave Mustage, tous vêtus de costumes assortis noirs et blancs avec des notes de musique.

Le groupe attaque son rock garage à cent à l’heure, et le public répond immédiatement présent, les pogo et les slams ne tardant pas. « Come on », issue du dernier album en date ouvre les hostilités. Ce n’est pas un hasard si le combo suédois l’utilise souvent en ouverture de ses concerts, car si les paroles sont au-delà du sommaire (trois mots au total répétés en boucle, c’est succinct comme travail d’écriture), son côté explosif et ses chœurs enragés mettent tout de suite dans l’ambiance.

Sans album depuis dix ans, la setlist ne présente pas d’immense surprise, les deux morceaux qui suivent, « Main Offender » et « Go Right ahead » sont eux aussi des classiques du combo, irrésistibles en live, et c’est d’ailleurs le cas de la plupart des titres joués ce soir, de « Won’t Be Long » à « Hate to Say I Told You so » en passant par « Walk Idiot Walk ». On pourra toujours regretter l’absence de tel ou tel titre (« Wait a Minute » et son refrain entêtant est toujours un grand moment sur scène, par exemple), mais en 1h15 de set, il faut forcément faire des choix. La musique aux accents punk des Nordiques est taillée pour la scène, son côté rentre-dedans alliée à une dimension très mélodique et une profusion de chœurs font forcément mouche.

Le groupe réserve tout de même quelques petites surprises, des morceaux déjà joués mais jamais sortis sur album. Tout d’abord, « Paint a Picture », morceau sorti durant la pandémie, qui a fait l’objet d’un clip et devrait figurer sur un prochain album. C’est tout aussi efficace que le reste, à base de chœurs semi-criés et de riffs incisifs, et cela ne déboussolera pas les fans du quintette. « Good Samaritan » est un morceau qui part à cent à l’heure avant de se transformer en mid tempo sur le refrain, sorti en 2019 comme « I’m Alive » et « Stick up » est un inédit joué en concert depuis 2018.

Les musiciens sont manifestement contents d’être là et jouent avec énergie, tout le monde est en place, ce qui ne pose pas de difficulté particulière vu le temps depuis lequel les chansons sont jouées. Le chanteur Pelle Almqvist joue son inépuisable numéro de vraie – fausse prétention, clamant à qui veut l’entendre que les Hives sont le meilleur groupe du monde. Il court d’un côté à l’autre de la scène, se juche sur les retours, lance son micro en l’air. Il fait l’effort comme d’habitude de communiquer presqu’exclusivement en français (avec étrangement un peu d’espagnol au milieu, mais après tout, vu de Suède, c’est à côté), parle énormément et sollicite constamment son auditoire.

Si la majeure partie du public semble conquise, il se dégage de ce concert une impression étrange. Clairement, les personnes qui voient le groupe pour la première fois auront certainement été emportées par l’énergie des musiciens. Mais pour avoir vu le groupe plusieurs fois dans la première moitié des années 2010, presque dix ans après, rien ne semble avoir changé, et ce concert pourrait aussi bien avoir eu lieu en 2012.

Evidemment, certains seront ravis de retrouver la formation comme ils l’avaient quittée, mais la sensation que rien n’a changé en une décennie a quelque chose de décevant. Entendre Pelle Almqvist user toujours des mêmes ressorts a de quoi lasser. Certes, le public a droit à quelques saillies vraiment punk de sa part, par exemple quand après avoir demandé au public de crier, visiblement peu satisfait du résultat, il s’exclame « mais vous n’avez jamais été à un concert de rock’n’roll de votre vie ? ». Ou encore quand il se rend compte que le public vocifère manifestement plus quand il lui intime de se taire que quand il lui demande de crier. Cela vaudra donc à la foule de se faire arroser de « Shut the fuck up » sur toute la fin de concert, ce qui a un côté assez drôle, et permet au moins de dire que le frontman ne brosse pas son public dans le sens du poil. Mais entre les « je t’aime Saint-Nolf » et les « Motoculture ! » assez incongrus, et certaines blagues qui font tout de même mouche, la prétention feinte ou réelle du chanteur sent le réchauffé.

Sur le rappel, le groupe combine les extrêmes, entre l’inédit « I’m alive » et l’inénarrable classique « Tick Tick Boom ». Sur lequel, comme il y a déjà une décennie, le groupe joue – fort bien – les statues sur le pont, et fait assoir tout le public pour partir en sauts déchainés sur le dernier refrain. Moment qui s’éternise d’ailleurs un peu trop, et durant lequel Pelle Almqvist en profite pour aller à la rencontre des fans à la barrière.

Difficile de dire que c’était un mauvais concert des Hives. Le groupe a toujours beaucoup d’énergie, semble sincèrement heureux d’être là, les chansons n’ont rien perdu de leur efficacité sur scène, et dans son ensemble, le set était tout à fait plaisant. Mais voir les mêmes schémas se répéter de décennie en décennie finit par laisser circonspect, face à un groupe qui n’a manifestement aucune envie d’évoluer dans son jeu scénique. Dommage, car cela rend l’idée de le revoir sur scène assez inintéressante.

Setlist

Come On!
Main Offender
Go Right Ahead
Paint a Picture
Won't Be Long
Good Samaritan
Walk Idiot Walk
Two-Timing Touch and Broken Bones
My Time Is Coming
See Through Head
Stick Up
Hate to Say I Told You So
Rappel :
I'm Alive
Tick Tick Boom

The Young Gods

Supositor Stage, 1h10

La pluie commence à s’abattre dans la nuit de Saint-Nolf, mais une petite foule s’éparpille devant la Supositor Stage, en extérieur. D’emblée émerge cette sensation que le public va avoir droit à un concert hors du temps, avec des lumières qui confèrent une ambiance assez atmosphérique au lieu. Le trio attaque un rock électronique très planant, assez lent, qui se sature progressivement, et captive du début à la fin.

« Bonsoir, peuple breton », lance le chanteur guitariste claviériste Franz Treichler, en français dans le texte, puisque la formation est suisse. Il expliquera plus tard que c’est le premier concert du groupe de la journée – logique, même si c’est le dernier de la journée pour les festivaliers – et même de l’année. Sa voix grave, qui se fait parfois un peu soufflée, éthérée, se mêle parfaitement aux nombreux sons électroniques – le batteur Bernard Trontin utilise aussi des sons électroniques, et le troisième musicien Cesare Pizzi est entièrement dédié aux claviers. Les machines ont d’ailleurs souvent un son qui sature beaucoup, donnant une certaine rugosité à la musique par ailleurs très planante. La batterie elle-même donne sur certains titres des rythmiques très lancinantes, quand sur d’autres, elle propose des rythmes plus marqués ou des roulements plus rapides, qui gardent quelque chose d’hypnotique.

L’ambiance est renforcée par les lumières qui donnent l’impression d’être de véritables animations. Sur la fin, les titres se font plus explosifs ou plus dansants, alors que le chanteur attaque parfois les chansons a capella, ou avec juste quelques sons électroniques ou roulements de batterie derrière lui. Il chante alternativement en français et en anglais, mais tout semble homogène, porté par une même ambiance qui a quelque chose de fascinant.

Le vocaliste dédie l’avant-dernier morceau « à ce festival qui a eu bien du courage après ces deux dernières années ». Le concert s’achève, conclusion à part d’une première journée musicalement réussie.

KO KO MO

Massey Ferguscène, 01h10

Pendant ce temps, à l’abri sous la Massey, le Motocultor se prépare au dernier concert du jour, proposé par le duo nantais dans le vent, KO KO MO. La configuration de la scène est particulière, avec la batterie à l’avant, surmontée d’une grande arche en guise de pied de micro, et un tabouret assez haut. Ceux qui pouvaient craindre une performance un peu légère en ne voyant arriver que deux musiciens sont rassurés dès les premières secondes : Warren (chant, guitare) et Kevin (percussions, chœurs) font une entrée électrisante et explosive, lançant d’emblée un groove psyché bien fort à la Led Zeppelin.

L’énergie déployée par les deux musiciens aux tenues vintage emporte l’adhésion du public très nombreux. Il faut dire que les riffs heavy très 70s et le tempo enlevé sont irrésistibles, tout comme les lignes de chant accrocheuses et haut perchées de Warren. Ce dernier, extrêmement mobile, n’hésite pas à courir sur toute la largeur de la scène et à utiliser les grosses enceintes Orange comme tremplins pour des sauts acrobatiques. Le batteur n’est pas en reste, jouant debout, semi-assis sur son tabouret de bar, ou venant à l’avant de la scène armé de ses baguettes en plein morceau pour marquer le tempo avec le public.

Ça danse, ça slamme et ça chante du côté de la fosse, sur des titres pêchus comme "Tracking My Soul" ou "Need Some Mo’", titre éponyme du dernier album en date. Le backdrop irisé s’illumine de rouge pour l’excellente reprise de Indeep, "Last Night a DJ Saved My Life", sur laquelle le vibrato de Warren fait des merveilles. Sur ce titre, les musiciens vont même investir la fosse avec leurs instruments et se frayer un chemin jusqu’à la régie tout en continuant de jouer, de chanter et de partager avec leur public, sans oublier de chaleureux remerciements adressés aux techniciens.

Une petite prolongation toujours aussi heavy avec un dernier titre, avant le départ du sympathique duo ("Allez, salut, bisous!") sous les applaudissement du public conquis. Un final euphorisant (quoique tardif : il est 2h15) pour cette première journée sous le signe du rock, avant les trois jours plus metal qui s’annoncent.

Rédaction : Aude D, Julie L
Photos : Lil'Goth Live Picture. Toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe. 

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