Haken et Between the Buried and Me (+ Cryptodira) à l’Alhambra (Paris) le 17.03.2023

Fauna et Colors II, les derniers opus respectifs d'Haken et Between the Buried and Me, ont été unanimement salués par la critique ainsi que par les fans des deux formations. Il était ainsi logique que la date parisienne commune des deux combos de metal prog affiche complet en ce vendredi soir. Huit ans après un plateau similaire (ou Haken ouvrait alors pour BTBAM), quel plaisir de retrouver les Américains et les Anglais pour une belle soirée de prog !

Cryptodira

 

Mais avant que les deux formations ne foulent les planches de l'Alhambra, c'est Crytpodira qui ouvre le bal. Si le quatuor américain semble inconnu dans nos contrées, il y a fort à parier qu'il ne le restera pas longtemps vu l'accueil que lui a réservé le public parisien. En effet, Cryptodira est le chaînon manquant entre les premiers albums de Between the Buried and Me, les premiers The Ocean et les regrettés The Dillinger Escape Plan.

Musicalement, le combo new-yorkais navigue entre post-hardcore, mathcore, prog et jazz, avec une aisance écœurante et une maîtrise totale des instruments. Et cette maîtrise n'empêche pas le quatuor de faire le show : Mike Monaco (guitare) semble possédé, remuant avec une telle énergie qu'il est surprenant que Scott Acquavella (guitare, chant) ne se soit pas pris un coup de manche de six-cordes. Le frontman parvient d'ailleurs à mettre en avant un chant qui emprunte autant à Greg Puciato (Dillinger Escape Plan) qu'à Tommy Rodgers (BTBAM). Plus discret de son côté, Jeremy Lewis (basse) propose des plans qui groovent et qui lorgnent du côté du jazz rock.

Le combo fait la part belle à son deuxième album, The Angel of History, en interprétant quatre extraits. Un mélange des genres osé, un groupe taillé pour la scène et beaucoup de sympathie dans les interventions du leader font mouche auprès du public qui passe un très bon moment. Nul doute qu'une telle exposition à travers la tournée européenne de BTBAM et Haken permettra à Cryptodira de refaire parler d'eux très vite !

Setlist Cryptodira

Dante's Inspiration
Onthology of Pain
The Blame of Being Alive
Hyperwealth
Something Other Than Sacrifice

Between the Buried and Me

 

Au tour de Between the Buried and Me d'entrer en piste, malheureusement en quatuor puisque Dustie Warings (guitare) a dû rester chez lui pour cette tournée pour raison de santé. Toutefois, le compère de Paul Waggoner à la six-cordes a pris le soin d'enregistrer ses parties de guitare qui servent de backing track lors du set du soir. Pas surprenant donc que le combo américain semble encore plus précis qu'à l'accoutumée.

Du côté de la setlist, le quatuor balaie sa discographie récente, rien d'antérieur à Parallax II (2012) n'étant interprété ce soir. De quoi constater que les Américains peuvent être satisfait de leur carrière puisque les titres récents sont donc aussi solides que les classiques de Colors et Great Misdirect, permettant de faire l'impasse sur ces derniers.

Colors II, en digne suite de son prédécesseur, est bien représenté à travers deux gros extraits regroupant « Revolution in Limbo » / « Fix The Error » (sur lequel Blake Richardson montre à quel point il est monstrueux derrière les fûts) / « Never Seen Future Shock » puis « Bad Habits » / « The Future is Behind Us ».

Etant donné le temps de jeu relativement réduit, tout comme le set calé au millimètre en raison des bandes, Tommy Rodgers prend peu le temps de communiquer avec le public entre les titres. Mais cela n'empêche pas le frontman d'aller à la rencontre des premiers rangs, leur tapant régulièrement dans les mains, quand il n'est pas derrière son clavier ou à alterner chant hurlé dévastateur et chant clair enchanteur. Paul Waggoner (guitare) montre toute la diversité de son jeu, touchant à tous les styles comme sur le très jazzy « Voice of Tresspass ». Ce dernier titre, choisi pour clore le set des Américains, donne l'occasion de gouter au groove de la basse de Dan Briggs (qui seconde également Tommy aux claviers sur « Dim Ignition »), qui forme une section rythmique hors pair avec Blake Richardson. Et le public ne s’y trompe d’ailleurs pas, puisque tout le monde se déhanche sur le rythme jazzy du titre final.

Comme à chacun des passages du combo américain dans l’hexagone, c’est un excellent set auquel nous avons droit. Malgré un effectif réduit, Between the Buried and Me a une fois de plus relevé le défi avec brio, rappelant à tous qu’il est un grand groupe aussi à l’aise en studio que sur les planches.

Setlist BTBAM

Extremophile Elite
Revolution in Limbo
Fix The Error
Never Seen / Future Shock
Dim Ignition
Famine Wolf
Bad Habits
The Future is Behind Us
Voice of Trespass

Haken

 

Sorti durant la pandémie de Covid, Virus (au titre malheureusement prophétique) n’avait pas pu être défendu par Haken sur scène. Aujourd’hui, les Anglais comptent bien rétablir le tir et lui faire honneur, tout comme au dernier né, l’excellent Fauna. C’est ainsi que sept titres sur les neuf interprétés par Ross Jennings (chant) et ses acolytes ce soir seront extraits de ces deux opus récents. Tout comme Between the Buried and Me auparavant, c’est une façon pour le sextette de montrer toute la force de sa discographie récente, permettant au groupe de se passer de titres des deux premiers opus et de ne jouer qu’un seul titre de son classique The Mountain (délaissant qui plus est son hit « The Coackroach King »).

Dès les premières notes saccadées de « Prosthetic », on constate toutefois dans les premiers rangs de la salle que la batterie de Ray Hearne prend largement le dessus dans le spectre sonore, la faute probablement au fait que les musiciens se passent d’ampli sur scène et que leurs parties sortent directement en façade.

Malgré tout, l’audience est plus que réceptive à la musique d’Haken, répondant à chaque sollicitation de Ross Jennings, chantant même en chœur les « Oh Hey Oh » de « Lovebite » ou les paroles de « The Alphabet of Me », pourtant sorti seulement deux semaines auparavant. Le chanteur apparait d’ailleurs impérial sur l’ensemble des compositions, en dépit de lignes de chants parfois complexes (« Carousel »).

Sur scène, chaque musicien est vêtu d’une chemise à fleur aux couleurs de Fauna. Cette tournée donne également l’occasion de voir le nouveau line-up d’Haken, puisque Pete Jones, premier claviériste du groupe (avant même la sortie d’Aquarius en 2010) a rejoint ses partenaires de jeu suite au départ de Diego Tejeida. Et force est d’admettre que le line-up n’a jamais semblé aussi solide. Charlie Griffiths et Richard Henshall sont totalement complémentaires à la fois en terme de mélodicité comme de technicité comme ils le montrent sur l’interprétation sans faille de la longue pièce « Messiah Complex » ou le passage instrumental de « Falling Back to Earth », sur lequel le chanteur s’éclipse quelques minutes en coulisses. L’introduction de « The Endless Knot » aux claviers donne l’occasion au chanteur de présenter Pete Jones au public. Ce dernier, le sourire constamment aux lèvres, semble quant à lui particulièrement heureux d’avoir rejoint ses anciens partenaires de jeu, qui plus est au moment où le groupe n’a jamais été aussi populaires. Jennings le fait par ailleurs remarquer au public de l’Alhambra : « Merci Paris pour votre accueil. C’est toujours un plaisir de venir vous voir, d’autant plus qu’à chaque concert, vous êtes toujours plus nombreux et la salle toujours plus grande ! ».

Les spectateurs réservent en effet un très bel accueil au groupe anglais, déployant un drapeau tricolore sur lequel s’étire le visuel de l’artwork de Virus. Ce drapeau sera d’ailleurs brandi par le frontman d’Haken, au moment de la conclusion du set sur l’épique « Messiah Complex ».

En définitive, en une heure et quart, Haken a également rappelé l’insolente qualité de sa discographie récente, chacun des titres interprétés récoltant un tonnerre d’applaudissement amplement mérité. Une parfaite conclusion à une soirée et à un plateau metal prog qui en aura régalé plus d’un !

Setlist Haken

Prosthetic
Invasion
The Alphabet of Me
Falling Back to Earth
Taurus
The Endless Knot
Lovebite
Carousel
Messiah Complex

Photographies : © Christian Arnaud 2023
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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