Festival Grand Paris Sludge – Jour 2 (23.04.23)

Quoi de mieux pour occuper une soirée dominicale que de venir à Savigny le Temple découvrir la fleur du sludge français et international ? Après la belle réussite de la première journée de festival concocté par Garmonbozia, on ne peut qu’être confiant sur ce que nous réserve L’Empreinte ce deuxième jour : deux scènes, cinq groupes, et la promesse d’une avalanche de riffs !

Brusque - 19h20

L’Empreinte s’anime au son de "Grand Paris" du rappeur Medine, choix approprié pour cette seconde journée du Grand Paris Sludge Fest, en guise d’introduction du set du trio Brusque. Le combo, placé en avant de la scène – y compris la batterie – propose des compositions entre post metal et doom puissant, et embarque d’emblée la salle dans son univers hypnotique et pesant, par un son massif qui emporte tout sur son passage. La salle se remplit bien vite, les headbangs se multiplient : le public ne s’y trompe pas et apprécie se faire écraser de la sorte dès le début de soirée.

D’abord formé par le tandem Jefferson (chant, guitare) / Clément (batterie), Brusque est désormais un trio avec l’arrivée de Ben à la basse. Plutôt stoïque au départ, celui-ci s’anime et assure les chœurs sur la seconde partie du set. Les sept titres de l’album Boîte Noire, sorti en 2022, sont joués (presque) dans l’ordre, avant la conclusion "Hell" issue du premier EP What’s Hidden Devours (2020).

Entre rage et amertume, le chant de Jefferson s’élève dans un mur de riffs lancinants et une rythmique punitive. Entre deux lignes de chant (le chant clair étant légèrement moins audible que son cri imparable), ce dernier incite le public à communier avec le groupe et à s’exprimer. Des passages redoutables à la double pédale ("Laid to Waste", "Careless" – que Clément finira debout) aux teintes plus douces ou groovy ("My Own Vision", "On the Edge"), Brusque délivre une prestation impressionnante, tout en variations et en puissance. Une bonne claque pour commencer la soirée !

Mauvaise Foi - 20h05 (Club)

Hasard de la programmation, après un trio sur la grande scène, le groupe chargé de lancer le coup d’envoi du jour sur la micro-scène du Club est composé de cinq membres, tous un peu limités dans leurs mouvements dans cet espace réduit. Le public massé dans la salle semble curieux de découvrir la formation française de doom/sludge Mauvaise Foi, qui a pour l’instant deux EP à son actif, et le moins que l’on puisse dire, c’est que tout le monde va être servi, voire anéanti par ce live plein de noirceur et de lourdeur.

Le vocaliste Guig, vêtu d’un bermuda et d’un t-shirt Alicia Keys, semble entrer en transe, tape des pieds, et convoque par ses hurlements un pessimisme palpable, jeté au visage des premiers rangs abasourdis, tandis que le reste du groupe plombe encore plus l’ambiance par des riffs sales et des ralentissements sinistres quasi marécageux. On a beau être dans le 77, le sludge de Louisiane n’est pas loin : la paire de guitaristes Georges et Schet et la bassiste Angie font bourdonner leurs instruments, tandis que la rythmique imposée par Marc à la batterie plombe l’ambiance.

Lorsque les riffs s’intensifient, les growls résonnent et tous les musiciens agitent la tête, et la foule compacte fait de même sans se faire prier. Mauvaise Foi est un groupe à suivre, et ce n’est pas le public agglutiné à l’extérieur de la salle bondée du Club, observant la fin du set depuis les baies vitrées, qui dira le contraire.

Rotor - 20h50 

La soirée se poursuit quelques minutes à peine après le set de Mauvaise Foi, et place cette fois-ci au groupe allemand RotoR qui officie dans le stoner / desert rock instrumental depuis plus de 20 ans. Le guitariste Martin étant absent pour raisons de santé, le groupe de Berlin, qui vient de sortir son septième album, tourne ce printemps en configuration trio, comme à ses débuts. Comme pour Brusque une heure plus tôt, la batterie minimaliste trône sur l’avant de la scène, en position centrale, et l’énergique batteur Milan profitera de cette proximité avec le public pour interagir régulièrement ou faire tourner ses baguettes.

Le son est bien lourd dès le départ, et même si les rythmiques varient, ce sont surtout les boucles de guitare lancinantes de Tim qui vont plonger la salle dans un état second. L’impassible musicien fait preuve d’une virtuosité impressionnante, teintant ses riffs stoner de touches psychédéliques à grands coups de wah-wah – l’occasion de découvrir qu’il ne porte pas de chaussures. La section rythmique composée de Milan aux fûts et de Marco à la basse n’est pas en reste : les compositions puissantes, percutantes et bondissantes entraînent le public, conquis, dans des headbangs coordonnés, souvent les yeux fermés. Mais après tout, est-ce vraiment la peine de les garder ouverts vu l’obscurité ambiante et la musique hypnotique proposée par le groupe ?

Djiin - 21h40 (Club)

Ceux qui commencent à fatiguer peuvent être leurrés par la présence d'une harpe électrique au centre de la scène du Club, pensant naïvement qu'un moment de douceur celtique se prépare. Car ce qui va arriver n'est ni doux, ni propice au repos : la sensation Djiin venue de Bretagne va en effet plonger la salle dans une fièvre du dimanche soir dont peu sortiront indemnes.

La charismatique vocaliste / harpiste Chloé commence le set assise en tailleur sur le sol, dos au public. La transe a commencé. Son chant est bas, envoûtant, porté par les rythmes lents imposés par les trois musiciens qui l’entourent. Le stoner proposé par le groupe verse tantôt dans la pesanteur du doom, tantôt dans l’urgence d’un post metal frénétique, le tout étant tout de même marqué par une ambiance psychédélique aux accents shamaniques.

Les compositions de Djiin oscillent entre mélancolie, urgence, et puissance, à l’instar de la prestation de Chloé, sans cesse entre sensualité et folie, habitée dans son chant et son jeu. La musicienne joue de la harpe les yeux fermés, maltraite son instrument dans des passages redoutables, danse avec ses camarades, et descend dans la fosse à de multiples reprises pour danser au plus près du public tout en poussant des hurlements torturés.

Les morceaux gagnent en intensité au fur et à mesure du set, et même si des problèmes de réglage de son semblent gêner les musiciens tout au long du concert, la bande fait le show. Charlélie assène des lignes de basse punchy, Alan se déchaîne à la batterie et doit vite tomber la chemise, quant aux riffs de Tom, ils s’allient au mieux aux lamentations de la harpe. Outre quelques titres du très bon Meandering Soul sorti en 2021, le groupe interprète ce soir en exclusivité un morceau du prochain album, en préparation. Sur l’ultime morceau, après un dernier voyage dans la fosse, la vocaliste termine sa transe sur le sol, comme elle avait commencé. Le public réserve une ovation au groupe qui a su mettre une ambiance fiévreuse dans toute la salle, soulignant qu’ « il est quand même rare de transpirer comme ça un dimanche soir ! ».

1000Mods - 22h30

Djiin a présenté son dernier titre en précisant qu’il allait bientôt être l’heure de « se prendre un bon gros coup de 1000Mods dans la gueule ». Bien vu ! Effectivement, la grande salle de l’Empreinte est bondée à l’heure prévue pour le set des Grecs, et l’impatience se fait clairement ressentir. Depuis notamment son quatrième album Youth of Dissent, le groupe est devenu un véritable phénomène de la scène stoner, et écume les salles de concerts et de festivals ces dernières années.

Le set de 1000Mods, à peine lancé, semble ravir le public qui s’agite sérieusement au rythme des riffs à la teinte classique de Giannis et Giorgos. Le stoner du quatuor évoque autant Kyuss que Fu Manchu et la formule, quoique peu variée, fonctionne à merveille : la rythmique irrésistible et la puissance du son d’ensemble entraîne le public dans des pogos dès le second titre, et nombreux sont ceux qui dansent sur les côtés, mus par le groove des lignes de basse de Dani. Les lignes de chant de ce dernier semblent toutefois peu audibles. Une petite baisse de régime pour le frontman, un peu en retrait ce soir, et qui ne communique pas avec le public sauf pour le remercier après chaque morceau.

C’est le batteur, Labros, et les deux guitaristes qui prennent la relève en faisant preuve d’une belle énergie. Il n’y a en tout cas pas de quoi gâcher la qualité du concert, acclamé par le public qui chante les paroles et donne de la voix. L’ambiance se fait encore plus festive lors des hits incontournables, comme "Electric Carve" ou "Vidage". Les riffs ronflants de "Super Van Vacation" sont enfin une conclusion idéale pour cette excellente deuxième journée de festival.

Setlist 1000Mods :

Above 179
Pearl
Electric carve
Warped
Low
Road to burn
El rollito
Vidage
Super Van Vacation

 

Un dernier passage du côté des tables de merch dévalisées, et il est déjà l’heure de se presser sur le chemin du retour, dernier RER oblige, mais sans oublier d’adresser un grand bravo aux organisateurs de ce superbe festival qu’on espère vraiment voir pérennisé !

Merci à toute l'équipe de Garmonbozia et l'Empreinte.

Photos : Lil'Goth Live Picture. toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe. 

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