METALLICA – Retour au Stade De France

19 mai 2023. Il est à peu près 18h, l'heure de mon retour au Stade de France pour voir Metallica, 11 ans et 7 jours exactement après la tournée pour le vingtième anniversaire du Black Album - album qui, pour pas mal de mes voisins en tribune (comprendre les vieux flirtant avec la cinquantaine), marque la fin de l’âge d’or des Four Horsemen (pour moi aussi, pour vous l’avouer humblement…). Mais en descendant vers le pit, on croise aussi des plus jeunes nous avouant avoir été initiés aux riffs d’acier des Californiens grâce à l’interprétation par Eddie de « Master Of Puppets » dans la série Stranger Things.

Alors what’s new in 2023 ? Un nouvel opus vient de voir le jour, 72 Seasons. Même si la route des fans de la première heure s’est un peu écartée de celle du groupe, on écoute quand même, par respect. Et on découvre que Metallica fait toujours du Metallica. Donc, pourquoi ne pas aller voir ce que ça donne en live ? Le concept est alléchant. Deux soirées par ville avec une setlist sans aucun titre en commun. Même les premières parties changent ! On aurait peut-être même pu changer les musiciens. Un soir Trujillo (décidément toujours sous employé par rapport à ce qu’il envoyait dans Infectious Grooves), un soir Newsted… Et Mustaine ? Non, faut pas abuser quand même…

Revenons à notre Stade de France. On ne déroge pas à la règle, le son des premières parties est souvent très compliqué. Wolfgang Van Halen et ses copains et Architects ne diront certainement pas le contraire. Mais malheureusement, dans des grand-messes comme celle-ci, bien peu de monde s’intéresse aux « chauffeurs de salle ».

Cessons de discuter, il est 20h45 ! Les écrans géants s’illuminent dévoilant pléthore de photos (souvent signée Ross Halfin) retraçant la carrière du groupe. Dans les hauts-parleurs, c’est Bon Scott qui hurle « It’s a long way to the top, if you wanna rock ‘n’ roll » ! Ça pose les bases… Puis dans la foulée, sur les écrans géants, c’est Blondin qui poursuit Tucco dans un vieux cimetière. « Wou hou ouh ouh oh wouh ouh ouh we ouh ouh »... La musique d’Ennio Morricone est utilisée comme intro depuis des décennies par Metallica à tel point qu’elle en est presque devenue un des highlights du show !

Puis on embraye directement avec « Creeping Death » ! On se croirait revenus au Monsters of Rock de Donington en 1985 ! La voix de James Hetfield est parfaite ! Tout le monde à l’air en grande forme physique. Les différentes désintox ont semble-t-il bien requinqué le chanteur guitariste qui se présente en forme olympique. Ça, c’est de bon augure !

Mais j’oubliais, je ne vous ai pas parlé de la scène. Les Four Horsemen ont choisi de rompre avec la routine. Ils nous avaient déjà proposé une scène centrale sur la tournée Death Magnetic. Rebelote cette fois-ci mais en version 2.0. L’idée est la suivante : une scène circulaire posée sur le rond central du terrain. Un « O » avec au centre avec un emplacement pour le public ("snakepit"), une fosse ultra VIP (prévoir de lâcher un ou deux organes si intéressé) puis du monde tout autour. Les vieux, les médecins, les avocats et les quelques die-hard fans à revenus plus modestes mais qui se sont saignés pour le show choisiront par défaut les tribunes.

Sur cet anneau, les musiciens sont disposés le plus souvent aux quatre points cardinaux. C’est déroutant pour l’unité du groupe. Et puis, des écrans géants montés sur des poteaux télescopiques. Vu des tribunes, c’est assez joli…

Revenons à la musique. « Harvester Of Sorrow » résonne dans le Stade de France ! Transe et liesse générale s’ensuivent. Puis, on attaque la période post-1991. Un peu de Load, un Death Magnetic, puis on va tester les titres de 72 Seasons. Le groupe met un point d’honneur à promouvoir son petit dernier. Mais force est de constater que les morceaux, même s’ils sont de fort bonne facture, n’arrivent pas à générer autant d’émotion que les anciens. « Welcome Home Sanitarium », intercalé entre les trois titres de 72 Seasons, permettra à tout le monde de rester sur de bons rails. Puis James, à qui bon nombre de critiques du premier soir parisien reprochaient son manque de communication avec le public, a manifestement la volonté de corriger le tir et tente d’engager le dialogue.

La nuit vient d’envelopper le Stade de France. C’est le moment choisi par le gang pour nous envoyer dans la face « The Call Of Ktulu ». Le monumental instrumental tiré de Ride The Lightning est exécuté à merveille ! Le light show est magnifique. C’est un très beau moment du concert.

Et puis en route vers le Black Album. En parlant de noir, on s’engage un peu dans un « Où est Charlie ? » géant. Avec la tombée de la nuit, il devient difficile d’identifier les musiciens. Vous imaginez bien que les Californiens ne sont pas en tenues flashy sur scène donc retrouver un gars tout seul fringué sombre sur un anneau noir de 30 mètres de diamètre, ce n’est parfois pas simple. Puis ces gros pylônes supportant les écrans géants, ça peut gêner parfois… Pas de quoi déstabiliser pour autant les musiciens qui balancent un poignant « Unforgiven » et surtout un surpuissant «  Wherever I May Roam ». Bien joué !

« Moth Into Flame » gardera le public en tension avant un autre moment de bravoure avec « Battery ».  D'ailleurs, il faut qu’on parle de la batterie. Elle est montée sur une plateforme hydraulique et descend sous la scène pour réapparaitre à un autre endroit. Cet effet est plutôt sympa, même  si cela crée quelques longs moments de silence et de noir dans le stade. Nous disions donc qu’après « Moth Into Flame » le groupe envoie « Battery » : le puissant titre de Master Of Puppets rallie les suffrages. Ca hurle dans les tribunes, ça bouge dans le pit, les lights stroboscopiques balancent une ambiance de feu. Très classe !

Suivra un « Whisky In The Jar » très rock ‘n’ roll. Même si le groupe le joue depuis très longtemps et si ce vieux classique si cher à Thin Lizzy fait partie de l’univers live de Metallica, on aurait préféré une composition supplémentaire des Four Horsemen.

Le public aura tout de même deux titres de plus pour finir le show, notamment avec « One » qui déploiera explosions et feux d’artifices sur scène. Les spectateurs auront également droit à pas mal d'effets sur l’intro avant que le groupe ne laisse la place à la musique. C'est simple, ce titre est imparable, l'un des grands hits du groupe. Il ne restait plus qu’à l’enchainer avec « Enter Sandman » pour gagner la partie ! Ce sera chose faite et après 16 titres et deux heures de show, il sera temps de regagner nos pénates.

Les réactions sont très différentes sur l’esplanade du Stade de France à la sortie du show. Beaucoup s’insurgent contre le manque de visibilité correcte surtout en rapport avec le prix des billets (qui en a rebuté plus d’un, ce qui laissait de grands espaces vides sur la pelouse). Le manque de cohésion lié à l’espacement est souvent évoqué… Mais on entend aussi de très bonnes choses. Un grand nombre (dont nous faisons partie) a grandement apprécié le coté fluctuant de la setlist. Cet effet de surprise est intéressant à l’heure où beaucoup d’artistes livrent le même show tous les soirs. Ce qui fait le charme de Metallica, c’est aussi leurs petits plantages. Ce sont encore des musiciens vivants qui prennent des solos (au risque de foirer parfois) et leur musique est loin d’être des plus simples à jouer. Précisons qui plus est que ce soir, votre serviteur les a trouvés très bons ! Alors merci les gars ! Et comme vous le disiez en 1984 à la fin de vos concerts " Metal Up Your Ass " !!!

Photos : David Poulain. Toute reproduction interdite sans l'autorisation du photographe. 

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