C’était la fête de la musique avec un jour d’avance à Lyon en ce 20 juin dernier. Complet depuis la Saint Valentin, la salle du Ninkasi Kao était bien trop exiguë devant l’engouement populaire provoqué par cette belle affiche. Un peu moins de deux semaines avant la date fatidique et après avoir fait des pieds et des mains pendant tout ce temps, Sounds Like Hell Productions a obtenu gain de cause et peut délocaliser l’événement dans la salle du Transbordeur de Villeurbanne. La veille il ne restait qu’une petite centaine de place disponible pour ce rendez-vous metalcore estival qu’il ne fallait absolument pas manquer.
24h avant leur entrée sur scène et à la stupeur générale, Polaris se voit contraint d’annuler sa venue en première partie de cette si belle affiche pour des raisons personnelles. Depuis, nous avons malheureusement appris la disparition tragique de leur guitariste Ryan Siew qui s’est éteint au matin du 19 juin. Toute la rédaction de La Grosse Radio tient à présenter ses condoléances à ses amis et compagnons de scène Jamie, Daniel, Rick et Jake ainsi qu’à toute sa famille. Nous souhaitons dédier ces quelques lignes à sa mémoire.
Ashen
C’est déjà la seconde fois de l’année en un petit plus d’un mois que nous assistons à une prestation live d’Ashen. Contactés la veille par Sounds Like Hell Productions, les cinq Parisiens n’ont pas hésité à renouveler l’expérience mais cette fois dans une salle d’un tout autre calibre. Dès le passage des portes, nous sommes plongés dans une épaisse fumée qui envahit la totalité du Transbordeur. Tout comme pour leur concert précédent en compagnie de Resolve et While She Sleeps, la scène d’Ashen est simple mais efficace. On y retrouve leur drapé noir estampillé de leur nom stylisé métallique recouvrant difficilement celui beaucoup plus imposant de Lorna Shore. Leurs deux flight-cases blancs crème reprenant fièrement leur logo encadrent efficacement la batterie de Tristan Broggia.
Sans aucune minute de retard, l’intro électronique d’Ashen résonne et ce sont Clem Richard et Tristan qui se présentent en premier, rapidement suivis par Niels Tozer, Antoine Zimer et Thibaud Poully. « Angel » ouvre les hostilités, du haut de son retour, Clem demande à ce que ça bouge dans le pit, les coreux présents en plein centre de la fosse lui donneront raison avec les premiers pogos qui animent les breakdowns. Malgré une blessure au genou contractée au Hellfest le week-end précédent, le frontman est malgré tout impressionnant de dynamisme. Il n’hésite pas à motiver ses troupes pour faire jumper toute la fosse pour « Hidden », « Sapiens » et « Nowhere ». Le pit est chauffé à blanc après l’énorme premier wall of death qui a ouvert toute la fosse lors de « Sapiens », l’expérience sera tentée de nouveau avec succès pour « Outlier ».
Après un interlude harmonique ne mettant en scène seulement Clem et Tristan, c’est le cover de « Smells Like Teen Spirit » qui nous attend. La salle entière chante de concert avec Clem qui termine a capella tandis que le pit se déchaîne sous les riffs incisifs de Niels et Antoine. Après un final aux crash barres en scream, Clem et ses compagnons d’armes quittent la scène après la meilleur date de leur vie. Passer en premier n’est pas chose simple mais remplacer au pied levé Polaris à la dernière minute est d’autant plus difficile. Malgré tout Ashen a encore une fois rempli la part de son contrat et s’inscrit de plus en plus dans la scène metalcore française !
Tracklist
Intro
Angel
Hidden
Sapiens
Nowhere
Interlude (Clem & Tristan)
Smells Like Teen Spirit (Nirvana cover)
Outlier
The Amity Affliction
Les roadies s’activent et c’est un drapé de la même dimension qu’Ashen qui vient recouvrir péniblement l’énorme logo de Lorna Shore. Curieusement c’est devant l’artwork d’Everyone Loves You...Once You Leave Them et non celui de leur dernier opus studio Not Without My Ghost que le logo de The Amity Affliction s’affiche. La scène est dénudée de décoration, comme pour la majorité des groupes de core, pas de fioritures mais du résultat. Seule la batterie de Joe Longobardi trône en plein centre légèrement avancée sur le devant de scène.
C’est d’ailleurs Joe qui entre le premier sur les planches, suivi successivement par Dan Brown, Ahren Stringer torse nu (comme à l’accoutumée) et enfin Joel Birch qui ferme la marche. Dès le début les riffs et la double qui animent le gros son de « Death’s Hand » fait basculer le pit dans un torrent de pogos et de moshs en tous genres. Ahren apporte tantôt de l’harmonie au chant de Joel, tantôt de la brutalité avec ses screams. Joel sépare la fosse en deux et un énorme wall of death bien brutal vient achever cette piste introductive.
Fidèle à l’artwork du drapé affiché fièrement, « All My Friends Are Dead » et « Soak Me In Bleach » seront les seules pistes issues de leur septième et avant dernier album studio. Et c’est avec deux immenses circle pits que ces dernières sont accueillies sous le rythme effréné des riffs violent et de la frénésie de la double et des blasts de Joe. Les premières notes de « I See Dead People » résonnent et la fosse se déchaine littéralement. Pas l’ombre de Louis Knuxx sur scène pour ce featuring marquant présent sur leur dernier opus en date, mais qu’à cela ne tienne, l’entièreté de la salle donne la réplique à Joel et ses screams avant les pogos et le wall of death du breakdown.
Elle aussi piochée dans Not Without My Ghost, « It’s Hell Down Here » marque les esprits de part l’énorme rythmique de Joe derrière ses fûts mais aussi le final chanté en clear par Ahren qui sera entonné en chœur par la salle. Ces deux titres sont nouveaux en live mais ils s’imbriquent parfaitement à la setlist des Australiens.
Pour le reste du set, des valeurs sures telles que « Like Love », marquée par les moshs, pogos et surtout premiers slams de la soirée, mais aussi la fédératrice « Pittsburg » jouée devant une véritable forêt de smartphone viennent compléter à la perfection leur prestation. Il est déjà l’heure de tirer sa révérence et c’est avec un ultime mais non moins violent wall of death que « Soak Me In Bleach » clôture les débats. Les médiators d’Ahren et Dan ainsi que les baguettes de Joe viennent récompenser le plus furieux d’entre nous pour cette prestation de 30 minutes post-Hellfest qui aura été tout aussi intense.
Tracklist
Death’s Hand
All My Friends Are Dead
I See Dead People
Like Love
Pittsburg
It’s Hell Down Here
Soak Me In Bleach
Lorna Shore
La venue de Lorna Shore entre les murs du Transbordeur sonne comme un petit événement dans la région lyonnaise. Initialement prévus le 3 février 2022 en ouverture de bal du Survival European Horror Tour aux côtés de Poorstacy, A Day To Remember et Bring Me The Horizon, les natifs du New Jersey avaient finalement été remplacés par Landmvrks et Fever 333 lors du report forcé causé par ce maudit Covid. Leur dernière visite chez les Gones date du 18 novembre 2017 pour le Never Say Die Tour, ils avaient mis le feu à la MJC Ô Totem de Rilleux la Pape en compagnie de Polaris, Kublai Khan, Sworn In, Chelsea Grin, Deez Nuts et Emure : une véritable éternité ! Dernièrement, seuls nos amis parisiens et nos compagnons clissonnais ont eu la chance d’apprécier leur prestation live au Zenith de Paris pour les premier (avec While She Sleeps et Parkway Drive) et au Hellfest pour les seconds.
La salle est pleine à craquer et découvre enfin le fameux fond de scène que nous devinions lors du passage des deux combos précédents. Il ne s’agit pas de l’artwork de leur dernier opus Pain Remains mais, en toute simplicité, leur magnifique logo blanc taille XXL sur un backdrop noir. Seule en plein centre de la scène et en léger surplomb du pit trône fièrement l’imposante batterie d’Austin Archey. A 21h10 pétante la pénombre s’installe, tous les membres du groupe entrent en scène sur l’introduction mêlant orchestre symphonique et chorale lyrique de « Sun //Eater ». Dès que Will Ramos ferme la marche, une véritable forêt de smartphone fait son apparition. Après un encourageant : « Lyon, comment ça va ? » lâché par le frontman, les grosses sessions de pig squeals combinées aux blasts percutant, aux coups de double frénétiques et aux riffs lourds et saturés entrainent le pit dans un énorme pogo.
Marqué dans sa chair par le départ de Tom Barber pour Chelsea Grin, l’éviction de CJ McCreery suite à des suspicions d’agressions sexuelles et le passage éclair d’Andrew O’Connor lors de la pandémie mondiale de la Covid, Lorna Shore a décidé de faire table rase du passé et se focalise sur … And I Return To Nothingness et Pain Remains pour l’élaboration de leur setlist. Ce sont d’ailleurs seulement « To The Hellfire » et « Of The Abyss » qui ont été piochées dans leur dernier excellent EP et qui déchaîneront la violence en fosse avec un énorme wall of death et de nombreux moshs et circle pit. « Welcome Back, O Sleeping Dreamer » et « Into The Earth » subiront un acceuil du même calibre laissant Will et ses compagnons d’armes avec ce constat : « You break some fuckin’ ass tonight ! ».
Fidèle à leur prenant et dévastateur dernier opus studio en date, « Cursed To Die » prend directement la suite de « Sun//Eater » en début de set avant que la trilogie « Pain Remains » composée successivement de « Dancing Like Flames », « After All I’ve Done, I’ll Disappear » et « In A Sea Of Fire ». Pour ces trois dernier titres, aucun répit n’est offert à la fosse. Les slams pleuvent mais surtout les coups portés lors des moshs et pogos brisent nombre de côtes flottantes. L’attente en aura finalement valu la peine, Lorna Shore a tout dévasté dans le Transbordeur, ne laissant que des lambeaux d’êtres humains dans le pit. Ce fut une heure totale de violence et de brutalité. Nous refaisons légèrement surface autour d’un bon breuvage houblonné avant la reprise des hostilités par la tête d’affiche de la soirée.
Tracklist
Sun // Eater
Cursed To Die
To The Hellfire
Of The Abyss
Welcome Back, O’Sleeping Dreamer
Into The Earth
Pain Remains I : Dancing Like Flames
Pain Remains II : After All I’ve Done, I’ll Disappear
Pain Remains III : In A Sea Of Fire
Motionless In White
Passer après la prestation du soir de Lorna Shore n’est pas chose aisée mais la bande à Christopher « Motionless » Cerulli en a vu bien d’autres. En 20 minutes de temps les roadies ont abattu un travail colossal. L’immense drapé de Lorna Shore laisse place à celui du même calibre de Motionless In White reprenant l’artwork de Scoring The End Of The World. Il en est de même en ce qui concerne la batterie de Vinny Maurow qui se positionne en lieu et place de celle d’Austin qui lui a bien chauffé le siège. On retrouve en rappel la pochette de ce dernier excellent album affiché fièrement sur la grosse caisse. Ce qui nous laisse donc présager de ce que nous allons entendre en majorité par la suite.
Après l’entrée successive des cinq membres de Motionless In White, Vinny en tête et Christopher fermant la marche, c’est en fait « Disguise », issu de l’album éponyme de juin 2019, qui ouvre magistralement le bal. Dès les premiers riffs de Ryan Sitkowski, Richard Olson et Justin Maurow, le frontman motive les troupes en nous lançant un « Get up ! Get up ! » faisant jumper la totalité de la salle, tribune comprise. Ce dernier demande un ultime réglage de dernière minute à son retour de son avant un breakdown dévastateur ponctué du premier wall of death du set des Américains. Par la suite, les seuls extraits de Disguise seront la très industrielle « Throught & Prayer » (avec autant de déchaînement de brutalité en tous genres dans le pit, au rythme des grosses sessions de double) et la très calme « Another Life » (ponctuée par des passages repris en chœur avec Christopher en clear sur les refrains).
Comme nous l'avions pressentis, la setlist des natifs de Scranton en Pennsylvanie fait la part belle à leur dernier opus studio en date. C’est pratiquement la moitié des titres joués ce soir qui le représente. Dès que les premiers accords de « Sign of Life » résonnent, un gros jump anime la fosse ainsi que toute la tribune pour l’occasion. Tout le monde chante de concert avec Christopher sur les refrains pendant que de nombreux pogos et slams se déroulent dans la fosse. Les titres sont entrecoupés de courtes pauses, laissant le temps aux instrumentistes de ré-accorder leur gratte mais surtout à Christopher d’interagir avec le public. Pas de Bryan Garris, chanteur de Knocked Loose, à l’horizon pour interpréter « Slaughterhouse », il sera remplacé par tous les coreux de la salle qui s’époumonent au beau milieu des deux wall of death lancés en début et fin de piste.
« Scoring The End Of The World, composée avec l’aide de Mick Gordon, « Werewolf », la très calme « Masterpiece » et la très samplée « Cyberhex » finissent de représenter la dernière galette de Motionless In White avec une légère pointe de brutalité dans le pit. Pour compléter leur set, le quintette américain s'est seulement servi dans Graveyard Shift et Reincarnate. Pas l’ombre d’une piste issue de Infamous, Creatures ou encore leur tout premier album When Love Met Destruction. Les fans de la première heure le leur reprocheront peut-être mais on ne peut finalement que s’incliner devant la qualité de leur quatre derniers opus studio en date.
« Eternaly Yours » vient clôturer leur passage avec leurs gros riffs qui décrochent les nuques et Christopher qui distribue des roses rouge en guise d’au revoir aux premiers rangs de la fosse lors de l’ultime refrain. Après un dernier solo de Vinny, impérial derrière ses futs, et une ovation plus que méritée, nous quittons la salle dans la tiédeur estivale des rues lyonnaises et nous rêvons d’une prochaine date core du même niveau que les deux dernières vécues. Nous ne pouvons que remercier Sounds Like Hell Productions et Veryshow pour l’organisation et l’accueil aux petits oignons.
Tracklist
Disguise
Sign Of Life
Scoring The End Of The World
Thoughts & Prayers
Break The Cycle
Voices
Slaughterhouse
Werewolf
Masterpiece
Cyberhex
Reincarnate
Another Life
Eternally Yours
Photo : Florentine Pautet. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe