Ayreon à Tilburg (Pays-Bas) le 15.09.2023

Il y a quatre ans, La Grosse Radio se rendait aux Pays-Bas, à Tilburg, pour assister à la représentation live de Into The Electric Castle. Un moment marquant pour les amateurs de metal progressif tant les concerts d’Ayreon sont rares. Pourtant, quatre ans après cette dernière représentation, et six ans après Ayreon Universe, Arjen Lucassen remet le couvert, pour interpréter l'album 01011001 (sorti en 2008) en intégralité.

Direction Tilburg donc pour ce nouveau concert d'Ayreon. Une fois de plus, la ville entière semble s'être mise aux couleurs du projet de Lucassen, puisque les restaurants et bars situés aux alentours de l'013 Poppodium proposent mets et bières en relation avec Ayreon. Il est qui plus est courant de croiser des musiciens du casting qui déambulent dans la rue, à l'image du très sollicité Damian Wilson (Arena, ex-Threshold) ou encore de Jonas Renkse (Katatonia) et Tom S. Englund (Evergrey). Tout donne presque l'image d'un mini-festival, d'autant plus qu'au cours de ce second weekend de septembre, ce ne sont pas moins de cinq représentations du spectacle qui seront données (ainsi qu'une répétition générale, ouverte à certains membres VIP).

Les musiciens entrent en scène alignés et tout de noir vêtus, avant de se retourner, chacun d’entre eux portant un numéro (0 ou 1) dans le dos, formant ainsi le code binaire qui donne son nom à l’album. Parmi les musiciens, notons la présence des incontournables Ed Warby (batterie), Joost van den Broek (claviers) et Johan Van Stratum (basse), tandis que Marcel Coenen fait son retour à la six-cordes, soutenu par Timo Somers qui côtoie Arjen Lucassen au sein de Supersonic Revolution. Outre les instruments électriques, on retrouve également trois musiciens classiques (Ben Mathot au violon, Jeroen Goossens à la flûte et Jurriaan Westerveld au violoncelle), pour enrichir la musique déjà très complexe d’Ayreon.

« Age of Shadows » démarre sur une explosion de pyrotechnie, et dévoile peu à peu le casting impressionnant de vocalistes. Car Lucassen a réussi à réunir à nouveau de nombreux chanteurs présents sur l’œuvre originale (Tom S. Englund, Anneke Van Gierbergen, Maggy Luyten, Daniel Gildenlöw, Hansi Kursch ou encore Jonas Renkse), mais a intégré des remplaçants de luxe (Damien Wilson, Brittney Slayes, Michael Mills et John Jaycee Cuijpers) pour pallier les absences de Floor Jansen, Steve Lee (décédé en 2010) ou Jorn Lande. « Age of Shadows » est un vrai voyage dans la musique d’Ayreon, proposant plusieurs mouvements et permettant à chacun des chanteurs de briller tour à tour, apparaissant à différents endroits de la scène ou surplombant celle-ci en haut d’une vaste tour métallique.

Le plus calme « Comatose » permet à Michael Mills de jouer avec la foule en interprétant l’introduction aux percussions. De quoi se rendre compte que l’auditoire ne maîtrise pas totalement les notions rythmiques de base, en tapant dans les mains totalement à contretemps. Parmi les temps forts du set, l’apparition du maître à penser Arjen Lucassen, au micro sur « Connect the Dots », donne une plus-value indéniable à ce titre (qui n’est pas le meilleur de l’album). « Beneath the Waves » et sa montée en puissance durant 9 minutes est un autre moment riche en émotion, avec un Daniel Gildenlöw impérial, ou une Maggy Luyten qui fait preuve d’un charisme indéniable. On apprécie également de voir que l’ensemble des acteurs du casting semblent ravis d’être là (Damian Wilson et Tom Englund en tête), contenant à peine leur complicité et interagissant à de nombreuses reprises les uns avec les autres.

La notion théâtrale typique de la musique d’Ayreon est une fois de plus présente au moment du court interlude « Web of Lies », où Simone Simons (Epica) dialogue virtuellement avec un Phideaux Xavier (Phideaux) présent uniquement sur écran géant, en écho au thème du morceau qui évoque les rencontres sur internet et les relations éphémères à longue distance.

Au-delà des grands noms de la scène metal prog évoqués précédemment, on se rend rapidement compte que les chanteurs les moins connus du casting sont également époustouflants de maîtrise, à l’image de John Jaycee Cuijpers (Supersonic Revolution) ou du duo Wudstik / Marjan Welman sur « E=MC2 ». Les musiciens ne sont pas en reste, puisque les deux guitaristes Marcel Coenen et Timo Somers se lancent régulièrement dans des duels de solo de guitare, surprenant au premier abord car la diffusion du son est en Surround, donnant l’impression que le son tournoie dans l’espace de la salle. La qualité du mix est par ailleurs excellente, permettant de saisir toutes les subtilités de la musique et rendant justice à chacun des chanteurs.

Le set passe à vitesse grand V pour se terminer sur la pièce épique et particulièrement sombre « The Sixth Extinction » qui n’évoque rien de moins que la destruction de la planète Terre. Le chant de Jonas Renkse est totalement habité et l’on apprécie de voir que le leader de Katatonia ne se cache pas ici derrière sa longue chevelure contrairement à ses habitudes. La fin du titre permet à chacun des acteurs et musiciens de rejoindre le devant de la scène, pour une conclusion en apothéose de ce qui est probablement l’un des albums les plus ambitieux d’Ayreon.

Lucassen prend d’ailleurs la parole à la fin du set 01011001 pour exprimer sa gratitude envers Joost Van den Broek, qui a contribué à porter ce projet sur les planches. « Lorsque j’ai écrit cet album en conviant 17 chanteurs, je n’aurais jamais pu imaginer que l’on jouerait cet album en concert un jour, mais nous l’avons fait » confie alors Arjen à la salle. Pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, le collectif interprète trois titres supplémentaires en guise de rappel.

Simone Simons n’ayant qu’un petit rôle à jouer dans 01011001, c’est tout naturellement que Lucassen lui offre un nouveau titre à interpréter avec Marcela Bovio (injustement reléguée au rang de choriste durant la première partie du spectacle), avec « This Human Equation ». Si Transitus n’est pas l’album le plus apprécié des fans, ce titre est l’un des plus catchy et passe bien l’épreuve de la scène. Mais c’est « Fate of Man » issu du dernier album de Star One qui va mettre tout le monde d’accord. En effet, ce titre est porté par une Brittney Slayes au top de sa forme, qui marque clairement des points auprès du public avec une voix puissante. La chanteuse rivalise avec facilité avec l’ensemble des talents qui se sont succédés sur la scène.

Et pour clore en apothéose cette représentation, Arjen et ses amis ont choisi d’interpréter le titre d’ouverture de The Source, « The Day That the World Breaks Down ». Damien Wilson remplace à merveille James Labrie (Dream Theater) qui chante sur l’ouverture du morceau en studio. Ce titre est une belle façon de terminer le concert puisqu’il concentre tous les éléments caractéristiques de la musique d’Arjen Lucassen (dont un pont particulièrement groovy porté par la basse de Johan Van Stratum). Une conclusion épique pour un concert exceptionnel.

Un concert d’Ayreon est un événement unique pour les amateurs de metal progressif. Arjen Lucassen nous l’a à nouveau prouvé. Les absents pourront se consoler avec la sortie prochaine du témoignage audio et vidéo de cette série de représentations, tandis que les autres pourront revivre ces moments intenses et riches en émotion. Merci Arjen !

Setlist :

Age of Shadows
Comatose
Liquid Eternity
Connect the Dots
Beneath the Waves
Newborn Race
Ride the Comet
Web of Lies
The Fifth Extinction
Waking Dreams
The Truth is in Here
Unnatural Selection
River of Time
E=MC2
The Sixth Extinction

Rappel :

This Human Equation
Fate of Man (Star One Cover)
The Day That the World Breaks Down

Photographies live : © Wilfred Marijnissen FeauTeau
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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