Sigh (+ Laster) à Paris (Backstage BTM) – 06/11/23

Sigh est rare en France, c'est un euphémisme de le dire. Le groupe a été programmé au Hellfest en 2010 : c'était la dernière fois que la troupe de Mirai venait jouer sur notre sol. Même en élargissant à l'Europe, les dates restent peu fréquentes : à part le Brutal Assault et une date à Londres en 2022, les dernières remontent déjà à 2016 ! En fait, le groupe n'avait encore jamais joué à Paris, plus de 30 ans après le premier album Scorn Defeat. Ce concert de novembre dans le petit Backstage By The Mill est donc un évènement qu'on ne pouvait rater. Pour sa première, Sigh est accompagné de Laster, un groupe néerlandais de post-black expérimental.

Laster

Il est 19h30 lorsque Laster investit les lieux, où le public venu pour Sigh est encore un peu clairsemé. Dès le premier regard, les costumes dont sont affublés les trois musiciens nous fascinent. Chacun, cagoulé, est recouvert d'une demi tête de crâne : le rendu est très particulier. L'introduction est un peu ésotérique sur "Wachtmuziek", avant que les riffs et rythmiques post black ne s'installent sur le titre suivant, "Vacuüm ≠ behoud". La basse est bien ronde et suit ses propres lignes mélodiques, tandis que la batterie s'éloigne souvent du 4/4 standard. Couplée aux lignes de chant alternant voix claire et voix hurlée, cette instrumentation nous transporte déjà dans un univers étrange.

On comprend l'appellation occult dance music qui est parfois utilisée pour présenter Laster. Une part de nous a envie de tenter de danser sur la rythmique. L'autre, déstabilisée par le rendu final, sent bien que ça risque d'être compliqué. C'est encore plus vrai lorsque le second titre est interprété, "Andermans Mijne", tiré du nouvel album éponyme sorti très récemment. L'ambiance nous évoque entre autres le dernier album d'Oranssi Pazuzu.

Des problèmes d'équilibrage des micros voix sont très présents en début de set. La voix en chant clair est beaucoup trop faible, alors qu'elle est trop forte en chant hurlé. Après un peu de tâtonnement, un équilibre finit par être trouvé, réglant le souci. Le public peut alors pleinement profiter des compositions du groupe, souvent avant-gardistes.

Certains titres du set ("Zomersneeuw" notamment) lorgnent également vers le shoegaze, voire même la new-wave. Côté rythmiques, la section basse/batterie sort de temps en temps des breaks sympas un peu jazzy. La guitare alterne avec parcimonie entre grosses nappes de riffs black metal et arpèges ou accords beaucoup plus subtils. Si le guitariste a l'essentiel du lead vocal, sur pas mal de titres le bassiste prend aussi le micro. Ils alternent alors le chant pour un rendu dynamique. Le groupe d'Utrecht termine son set avec un vieux titre, "Bitterzoet", remercie la foule et se retire.

Durant tout le concert, deux petits écrans ont diffusé des vidéos étranges, mystiques, alternant performances de danse et paysages forestiers. Original, on s'interroge sur le but précis, mais c'était approprié pour ce concert très spécial. Il fallait bien ça avant d'accueillir Sigh !

Setlist Laster :
Wachtmuziek
Vacu​ü​m​≠​Behoud
Andermans mijne
Kunstlicht
Zomersneeuw
Schone schijn
Vorm alleen
Stenen spiegel
Bitterzoet

En attendant la préparation des membres de Sigh, rapidement déjà sur scène, du Enslaved très prog période In Times ("Building With Fire") est diffusé dans les enceintes, pendant que Mirai Kawashima s'éclaircit la voix. Parfait pour mettre le public dans le bon état d'esprit pour le show. On observe déjà la décoration, avec deux grandes affiches recouvertes de kanjis, ces caractères d'origine chinoise utilisés dans l'écriture japonaisz, cachant l'arrière scène. Mirai porte un kimono, tandis que son guitariste Nozomu Wakai est grimé en démon samurai.

Sigh

Sigh attaque avec des compositions du dernier album, Shiki. L'enchaînement "Touji No Asa"/"Kuroi Kage" est très bien pour ouvrir le set. Le son de kick est un peu trop lourd, mais d'ores et déjà on remarque l'association des harmonies vocales entre Mirai et Nozomu. En revanche, le groupe évolue en configuration réduite ce soir : la saxophoniste et vocaliste Dr. Mikannibal n'est pas présente, toutes ses parties sont donc jouées sur bande (et on perd du potentiel de jeu de scène), et en plus la pyrotechnie est absente. Dommage.

Après cette attaque sur Shiki, le groupe enchaîne avec quelques classiques. D'abord l'épique "The Transfiguration Fear" d'In Somniphobia, où les solos de guitare de Nozomu ressortent bien. Puis, c'est au tour de "Hail Horror Hail", encore plus ancien. Le vieux classique est une valeur sûre avec son intro aux airs de black 'n' roll et son côté gentiment bordélique. En plus, il se trouve agrémenté d'une section de solo encore plus épique qu'en studio. Ça commence très bien!

Après cette séquence, le groupe effectue un changement d'ambiance. Cette fois, c'est l'EP de Ghastly Funeral Theatre qui se retrouve à l'honneur, avec "Shikigami" puis "Shingontachikawa". Cette section, à la fois expérimentale et plus brute que ce que Sigh a joué jusqu'ici, représente bien l'étendue du style black avant-garde de Sigh. Ce n'est pas un hasard si on se dirige vers des titres de plus en plus anciens. En effet, la tournée s'intitule 30 years of eastern darkness, et est donc sensée célébrer les 30 hivers de Scorn Defeat. Gageons qu'on devrait bientôt y arriver.

Mais avant, retour à Shiki sur "Mayonaka No Kaii", enchaîné tout de suite avec "Satsui - Geshi No Ato" ! Sur "Satsui", la partie où Nozomu et Mirai échangent le chant principal est très dynamique. Toutes les lignes de chant sonnent bien. En plein morceau, Nozomu prend son sabre et fait mine de se couper le front avant de lancer les solos ! Sur ces titres encore plus que sur les précédents, on regrette la petite configuration du combo. Le jeu de scène de Sigh lorsque le groupe est au complet doit être encore plus impressionnant, et voir les autres membres interpréter leurs parties aussi.

Enfin, on arrive au début de la section Scorn Defeat avec "Gundali". Le début du titre est un long interlude, où Mirai et Nozomu quittent la scène et laissent le batteur seul. Les lumières sur lui permettent de bien voir son casque, alors qu'il accompagne les bandes en martelant ses toms religieusement.

La pression monte, Nozomu puis Mirai reviennent, puis après l'outro au piano, le groupe lance "A Victory Of Dakini". La foule exulte, ceux qui suivent le groupe depuis le premier album semblent nombreux. La production dudit album ayant pris un coup de vieux, on redécouvre le titre et ses chœurs étranges et marquants. Enfin, "Ready For The Final War" termine cette section avec son refrain mid-tempo qui invite au headbang. Après une nouvelle outro au piano (toujours sur bande), Mirai prend la parole pour remercier le public d'être présent pour célébrer ce trentième anniversaire.

Le set approche de sa fin, le groupe repart sur des classiques plus récents. Imaginary SonicscapeHangman's Hymn et Scenes From Hell sont à l'honneur, avec quatre titres aux mélodies addictives. Pour l'épique "Introitus/Kyrie" (seule la partie "Introitus" est joué),  une zone de mosh se crée même.

Un prémice de la fin du concert ? Il faut dire qu'en live, le tempo du titre semble encore plus rapide. Nozomu crache maintenant du (faux) sang ; son visage, au départ presque tout blanc, se retrouve rougeâtre. Le public reprend en chœur ces sections de chant, et alors que l'on vient de passer la barre d'1h10 de show, c'est fini !

Ovation dans la salle ! Le public est clairement ravi du concert ce soir. Mirai annonce alors, sans véritablement quitter la scène, que le concert n'est pas vraiment terminé. En l'absence de la capacité pyrotechnique ce soir, une partie du set a été écourtée. Sigh peut donc sortir un dernier titre, et c'est l'incontournable "Black Metal" de Venom qui est choisi.

À la sauce Sigh, le titre ultra speed est aussi monstrueux et brouillon qu'à l'origine. La fosse explose et le mosh prend alors quasiment toute la salle. Les paroles du refrain sont reprises en chœur par pratiquement tout le monde. Belle clôture pour le concert ! Maintenant, l'espoir est de voir plus souvent Sigh en France !

Setlist Sigh:

Touji No Asa
Kuroi Kage
The Transfiguration Fear
Hail Horror Hail
Shikigami
Shingontachikawa
Mayonaka No Kaii
Satsui - Geshi No Ato
Gundali
A Victory Of Dakini
Ready For The Final War
Corpsecry - Angelfall
The Soul Grave
Introitus/Kyrie
Me-Devil

Rappel :
Black Metal (Venom)

Crédits photos : Lil'Goth Live Picture. Toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe.

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...