Dans le contexte actuel, vivre une soirée hors du temps est devenu une véritable bulle d’oxygène. C’est avec cette idée en tête que Médiatone a organisé la venue d’Ultra Vomit et de Princesses Leya au Radiant Bellevue de Caluire-et-Cuire ce 9 novembre dernier. Ces deux combos connus et reconnus pour manier l’humour et le metal à la perfection ont réussi à enjouer la salle lyonnaise pleine à craquer, à quelques jours de l’anniversaire des tristement célèbres attentats du 13 novembre 2015.
Princesses Leya
Une heure et demi après l’ouverture des portes du Radiant Bellevue, il est temps d’investir le pit car Princesses Leya est sur le point de montrer le bout de son nez. La batterie de Manard de Ultra Vomit étant déjà en place en plein centre de la scène et placée en haut d’une plateforme, celle de Xavier Gaudel migre sur le côté gauche. La fosse n’est pas loin d’être pleine quand Cléo Bigontina entre comme une furie devant le backdrop représentant chacun des membres du combo maquillés en Santa Muerte. Cet artwork réalisé par Carlos Olmo, le talentueux illustrateur rock et artiste de rue, rentre pile poil dans le thème quelques jours après la Toussaint. Xavier s’installe confortablement derrière ses toms tandis qu’Antoine Schoumsky grimé d’une perruque et le très attendu Dedo emboîtent le pas de leur bassiste vegan.
« Analfabète » lance les hostilité et c’est avec un dernier refrain repris en chœur par la quasi totalité de la fosse égrenant certaines lettres de l’alphabet que Dedo chauffe le public à blanc devant un mur de horns up. Le fil conducteur choisi pour la soirée est de faire revivre l’esprit du metal, remis en cause par Dedo et Antoine, afin contenter la voix off Philippe - alias Satan. C’est un véritable voyage humoristique à travers les dimensions du rock qui nous est proposé et le public s’en amuse et s’investit en participant pleinement. Des sessions de jumps sur « Kangourou-Garou » à l’ultime mouvement de foule accroupie de « Makeba » fortement inspiré de ce que fait Slipknot en live avec « Spit It Out », en passant par l’immense wall of death lancé lors de « Johny B Goode » et les nombreux circle pits animant « Grâce à l’alcool » ou encore « Push », la fosse entière vibre en parfaite harmonie avec Princesses Leya ce soir.
Les premiers rangs du pit ne sont pas les seuls à donner de leur personne. Dedo en personne se lance en stage diving puis en slam dès le début de « (I’ve Had) The Time of My Life » non sans nous avoir prévenu avant : « Si je fais une Shy’m, je vous défonce ! ». Au fil des années, Princesses Leya garde globalement le même jeu de scène mais arrive à donner de l’intérêt et du dynamisme à son set en intégrant parfaitement ses nouveaux titres tels que la reggae « Sèvres -Babylone », le titre vegan « Boulimie cannibale » ou encore l’hilarante « Baise tout seul » faisant l’apologie de la masturbation. Malgré le son de la voix de Dedo légèrement en dessous de l’instrumentale de « Push », le set n’aura été entaché d’aucune fausse note.
Les classiques « Ustensiles », « Grace à l’alcool » et « Je vous emmerde et je rentre à ma maison » fonctionnent toujours autant sur un pit lyonnais qui, en plus de rire, se sera bien défoulé dans le pit ce soir. C’est avec un retard de cinq minutes par rapport à l’horaire initialement prévu que Princesses Leya quitte la scène du Radiant Bellevue non sans avoir réalisé le traditionnel selfie de fin de concert. Les zygomatiques ont bien été chauffés, les épaules aussi, tout le monde est fin prêt à accueillir Ultra Vomit comme il se doit.
Setlist
Analfabet
Ustensiles
Sèvres-Babylone
Kangourou-Garou
Week-end (Lorie cover)
Grâce à l’alcool
Boulimie cannibale
Je vous emmerde et je rentre à ma maison
Baise tout seul
(I’ve Had) The Time of My Life (Bill Medley & Jane Warnes cover)
Johnny B. Goode
Big Bang
Push
Makeba (Jane cover)
Ultra Vomit
Ça y est, le moment tant attendu de la soirée est enfin arrivé. Initialement annoncés à 21h, les quatre trublions nantais font finalement leur entrée sur la scène du Radiant Bellevue vingt minutes plus tard. La thématique d’entrée d’Ultra Vomit s’articule autour du septième art lors de cette nouvelle tournée. Effectivement, l’imposante batterie de Manard arborant fièrement les mentions Puissance et Pouvoir sur les deux grosses caisses est encerclée de potelets de guidage or à cordes en velours rouge.
Le backdrop représente la devanture d’un cinéma de quartier typique avec, en haut de l’affiche, le nom d’Ultra Vomit inscrit en lettres rouges lumineuses identiques à celles que l’on retrouve apposées par Mélanie Laurent alias Shossanna Dreyfus dans Inglorious Bastards de Tarantino. Le générique de Ciné dimanche ainsi que celui d’Universal arrangé à la sauce UV pour l’occasion retentissent, le show peut dès à présent commencer.
Issue du quatrième et dernier effort studio Le Pouvoir de la Puissance, sorti quelques semaines plus tôt, « Dead Robot Zombie Cop From Out Of Space II » introduit de la plus belle des manières le set d’Ultra Vomit. Manard est le premier à prendre place derrière son instrument de prédilection, rapidement suivi par Mathieu Bausson, Flockos et le frontman Fetus. Le constat est saisissant, dès les premières notes et surtout paroles, la totalité de la salle est réactive.
Les refrains sont repris à tue tête par l’assemblée, de concert avec Léa Bouchart grimée en agent de police, lampe torche à la main éclairant le pit. « Le Coq », la piste très black aux résonances à la Ghost dans les refrains qu’est « Toxoplasma Gondii » (« On ne possède pas les chats, ce sont eux qui nous possèdent » dixit Manard), « GPT (à l’instant) », « La Puissance du Pouvoir » ou encore « A.N.U.S » s’intègrent à la perfection au set d’UV.
Véritable satire parodique d’Orelsan, le single hilarant « Doigt de Metal » entraîne toute la fosse dans un joyeux bordel entrecoupé de gigantesques sessions de horns up tout à fait en raccord avec la thématique de la chanson. Voilà le thème culinaire avec « Takoyaki », puis on passe alors du Japon à l’Espagne avec la très mouvementée « Patatas Bravas ». Crisix, en feat de cette dernière sur l'album, n'est malheureusement pas de la partie, ce sera le seul véritable regret de cette belle soirée lyonnaise. « I Like to Vomit », le seul et unique titre survivant de Mr Patate fêtant cette année son vingtième printemps, ravit les ardeurs des fans de la première heure du combo nantais.
Le point d’orgue de la soirée est sans aucun doute « La Minute Manard ». Pour ceux qui découvrent pour la première fois Ultra Vomit, c’est une véritable initiation. Laissant sa place à Flockos à la batterie, Manard prend le micro pour interpréter avec « sa voix de merde » un titre diamétralement opposé à l’univers metal. Après « Poker Face » de Lady Gaga, « Désanchantée » de Mylène Farmer, « Allumez Le Feu » de Johnny Halliday ou encore « Poupée de Cire, Poupée de Son » de France Gall, c’est au tout de « Dans les yeux d’Emilie » de Joe « putain de » Dassin d’avoir le droit à son petit cover à la sauce UV bien sur.
Ne souhaitant pas retourner de sitôt derrière ses futs, Manard joue les prolongations avec la traditionnelle « Keken » suivant immédiatement « La Minute Manard » depuis la tournée Panzer Surprise. Et comme tous les soiffards en rêvaient, Ultra Vomit l'a fait. « Ricard Peinard » allégrement reprise par toute l’assemblée a droit à sa minute de gloire et en mode karaoké s’il vous plaît.
Le public donne vraiment de sa personne ce soir. Sous les indications du chef d'orchestre Fetus, la « fosse septique » se sépare en deux. Une véritable bataille de verres inédite aux yeux d’Ultra Vomit est lancée juste avant un immense « Mur de merde », inspiré du fameux « Wall of chiasse » lors de « Pipi vs Caca ». L’incontournable « Je collectionne des canards (vivants) » interprétée par Andréas Martin vêtu de son plus beau costume de canard à paillettes voit des dizaines de slams prendre forme. Andréas n’ira malheureusement pas se frotter aux premiers rangs en stage diving mais soufflera ses bougies sur scène pour son anniversaire.
Les tubes « Evier Metal » et « Kammthar » voient les derniers pogos et autres circle pits de la soirée se lancer. Pas de « Pauv’ Connard », « Les bonnes manières », « Je ne t’es jamais autant aimé », « Mountains of Maths » ni « Je possède un cousin » qui ont laissé place aux nouveau morceaux. Malgré le retard pris en début de concert, Ultra Vomit termine finalement à l’heure pour cette bien belle soirée organisée de main de maître par toute l’équipe de Mediatone. Encore une soirée de franche rigolade qui se termine, nous avons hâte de remettre le couvert le 18 avril 2026 à La Halle Tony Garnier.
Setlist
Dead Robot Zombie Cop From Out Of Space II
Quand j’étais petit
Takoyaki
Le Coq
Un chien géant
Toxoplasma Gondii (Felinus Santus)
Darry Cowl Chamber
Doigts de Metal
E-tron (digital caca)
Mechanical Chiwawa
Patatas Bravas
I Like to Vomit
Batman vs Predator
GPT (à l’instant)
Pipi vs Caca
Boulangerie pâtisserie
Calojira
Dans les yeux d’Emilie (Joe Dassin) : Minute Manard
Keken
Ricard Peinard
Je collectionne des canards (vivants) (avec Andréas Martin)
Evier Metal
La puissance du pouvoir
Kammthaar
A.N.U.S
Crédits photos : Florentine Pautet
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