An Evening with Leprous à la salle Pleyel, Paris, 17.01.25

Le 17 janvier dernier, alors que l’année débute doucement, Paris s’est habillée d’un froid glacial pour accueillir comme il se doit les Norvégiens de Leprous, pour la deuxième date de leur nouvelle tournée. Un mono-concert de deux heures trente, qui a ravi le public de la Salle Pleyel d’un metal progressif savant et généreux.

Avec leur tête de jeunes premiers et leur énergie incroyable, difficile de se dire que Leprous, le fameux groupe de metal progressif norvégien, officie depuis presque un quart de siècle, en est à son huitième album, son énième passage dans notre capitale, et pourtant… Einar Solberg et sa bande ont offert un concert-rétrospective, de plus de deux heures, sans première partie, au cours duquel pas moins de vingt et un titres furent égrenés pour le plus grand bonheur d’un public fou de joie et enflammé, tant par la qualité du show que par la pyrotechnie sur scène.

Avec plus de vingt morceaux, on ne peut plus parler d’un échantillon, mais d’une véritable démonstration : les six musiciens ont déroulé le talent avec une forme olympique, et ce n’est pas le plaisir apparent qu’ils avaient tous d’être là qui a empêché la mélancolie et la virtuosité des envolées musicales et des rythmes profonds pour lesquels ils sont bien connus de gagner le coeur des initiés. Einar Soldberg avait une forme incroyable, et le claviériste Harrison White gérant son pupitre habituel, le chanteur à la voix spectaculaire était libre de se concentrer sur son rôle de frontman, induisant tout au long du concert une valse dynamique de mouvements entre ses guitaristes, son bassiste et lui, échangeant souvent leurs places, jouant avec l’estrade en front de scène… Les jeux de lumière et de pyrotechnie alternent, et diffèrent, ne laissant jamais l’habitude s’installer dans une seule ambiance, et le batteur, Baard Kolstad, dont le talent n’a d’égal que l’hyperactivité, s’évertue pendant tout le concert à décliner une multitude de rythmes, à les briser comme des vagues sur la grève, de même que la mélancolie et la souffrance s’infusant à merveille dans chaque titre se brisent sur notre joie d’être dans ce public pour ce show.

Ce ne sont pas les quasi 2500 personnes de la Salle Pleyel qui contrediront ce postulat tant l’attention, le respect et le plaisir était présents dans le public ; les gens chantent, reprennent en chœur les refrains des morceaux incontournables ("The Price", "Below"), rient aux nombreux traits d’humour savamment distribués entre deux morceaux par Einar Soldberg, applaudissent à tout rompre à la moindre occasion… Le groupe a bien dû le ressentir, puisque même sur leur compte instagram officiel, ils mentionnent à propos du concert Parisien : “Our favorite show ever in Leprous history!”, cela n’aura pas échappé aux chauvins complètement fans que nous sommes !

Proches de leur public, les membres avaient organisé une audition virtuelle pour permettre à quelques-uns de monter sur scène et accompagner en tant que choristes le morceau "Faceless", de leur dernier album Melodies of Atonement. Une réussite dans une démarche pas si courante pour les musiciens de cette ampleur, la joie évidente de ce chœur improvisé fut vite contagieuse à tout le public qui se joignit à la tâche en scandant le refrain. Et pour combler les fans de la première heure comme les plus récents, les huit albums du groupe furent survolés, avec une nette prédominance malgré tout par les deux derniers (Aphelion et Melodies of Atonement).

L’absence de violoncelle sur scène est largement compensé par les nombreux claviers (à part Baard, chaque membre se retrouve à pianoter à un moment ou à un autre, parce qu’être talentueux sur un seul instrument, ça ne suffit pas !), et le bassiste Simen Daniel Børven use de toute la force de ses phalanges pour rythmer à coup de cordes chaque morceau, même à l’aide d’un surprenant Ukulélé d’outretombe sur "Faceless". Mention spéciale aux réglages sonores de ce concert et la qualité accoustique de la Salle Pleyel, qui, tant pour la batterie frénétique que pour les basses profondes, offrent un équilibre sans faille, mettant à l’honneur les chants et contrechants des mélodies torturées et des envolées lyrico-rock de nos musiciens préférés (particulièrement sur "Here the Silence" ou "Casteway Angel").

La technique chirurgicale des albums de Leprous  n’est pas une légende, et il n’est pas toujours facile pour un groupe à la production si riche et si travaillée, dont les titres sont souvent écoutés en boucle jusqu’au bout de l’insomnie, accompagnés de pleurs déchirants, de fournir en live une énergie strictement similaire. Pari réussi pour Leprous, dont la qualité technique et musicale n’est plus à prouver. Mention très particulière à son chanteur, qui gère une palette de voix et de techniques merveilleuse et qui ferait pâlir d’envie une Mariah Carey qui souhaiterait s’essayer au métal prog. Et si on avait peur que le métal soit un peu trop absent de toute cette musicalité, c’était sans compter sur les growls remarquables d'Einar (sur "Like a Sunken Ship"), les fûts si techniques de Baard, et les guitares énervées aux riffs puissants de Tor Oddmund Suhrke et de Robin Ognedal

Cette soirée en tête à tête enflammé avec Leprous fut un plaisir, assurément partagé, que les fans ne risquent pas d'oublier !

 

Crédit photo : Marjorie Coulin. Toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe. 



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