Ce printemps, Epica avait décidé de célébrer la sortie de son dernier album d’une façon inédite avec ses fans. Alors que le groupe se produit sur la Main Stage 2 du Hellfest, c’est l’occasion idéale pour revenir sur cet événement.
« Dis Papa, est-ce qu’on va voir Simone ? », demande une petite fille à ses parents en ce samedi soir d'avril. Si la valeur n’attend pas le nombre des années, la dévotion metalleuse non plus. Ces enfants assistent-ils déjà à un concert ? L’événement se déroule bien dans une salle de concert, en effet. Il y a bien des centaines de metalleux. Une scène avec tout un tas d’éléments dessus. Des instruments de musique. Des gens au merch, d’autres au bar. Et évidemment, les inusables trois premiers rangs déjà tenus avant le coup d’envoi par des fans assidus qui veulent être sûrs de ne rien rater du spectacle.
Ce soir-là, Epica célèbre dans la jolie salle parisienne de l’Alhambra la sortie de son nouvel album, Aspiral. Sauf que… les instruments de musique ne sont pas sur scène, mais dans la fosse. Sur scène, c’est un immense canapé en cuir qui trône, entouré de deux fauteuils assortis. Car il ne s’agit pas d’un concert mais d’une « release experience ». Au programme, pas de performance live, mais un musée éphémère présentant des objets marquants dans la carrière du groupe de metal symphonique ; la possibilité d’accéder à des photos, des signatures d’autographes et des discussions avec les membres du sextette néerlandais ; et une session de questions-réponses sur scène.
Des serpents, des guitares, des lapins en peluche…
Côté musée éphémère, Epica a rassemblé des instruments, des vêtements et différents artefacts qui retracent toute sa carrière. Les costumes de scène de la vocaliste Simone Simmons, qui séduisent une petite fille admirative, un alignement de guitares de Mark Jansen et Isaac Delahaye, les basses de Rob Van Der Loo, la batterie de Ariën van Weesenbeek. Le tout devant des photos grandeur nature de leurs propriétaires, avec à chaque fois, les caractéristiques de chacun, parfois ce qu’ils ont servi à enregistrer. Les fans ont la possibilité d’en jouer de certains, et notamment de monter sur la plateforme du fameux clavier tournoyant de Coen Janssen pour virevolter avec lui.
Des décors scéniques sont aussi placés ici et là, notamment l’immense serpent de la tournée de 2019 célébrant l’anniversaire de Design Your Universe. « Je me souviens de ce serpent, se réjouit Eric, 49 ans, venu de l’est de la région parisienne. Il faudrait qu’ils en fassent des statuettes ! »
Des vitrines montrent des vinyles, des partitions de certains morceaux, d’autres des couvertures de magazines. On peut voir le drapeau du Venezuela offert par des fans, du merchandising, la setlist de la toute première prestation du sextette, des dessins représentant les différents membres… D’autres vitrines rassemblent des figurines sous différents formats de la frontwoman, qui passe ainsi du Funko Pop à la wannabe poupée Barbie. Elle déballe également son flight case personnel, du micro au lapin en peluche en passant par du rouge à lèvre, des pastilles pour la gorge et une canette de Red Bull (placement de produits ?). Les fans interrogés apprécient ce musée. « Cela me fait penser à ce que j’avais vu avec Muse à Bercy, ils donnaient aussi accès à une sorte de musée avant le concert », se souvient Eric tandis qu’il admire les guitares.
La jauge a été suffisamment bien calibrée pour que tout le monde puisse circuler sans trop se marcher dessus. Mais la plupart des gens… font la queue. La queue au bar, la queue au merch, et surtout, la queue devant quatre postes précis. En effet, les musiciens, à côté de leurs instruments respectifs, signent des autographes et discutent avec les fans qui attendent leur tour. La vie d’un metalleux n’est-elle qu’une éternelle file d’attente ? C’est d’ailleurs le seul point noir pour Eric : « ils ont mis au merchandising une pauvre jeune fille toute seule pour des hordes de fan. C’était un peu long, ç’aurait pu être plus fluide avec une ou deux personnes ».
Payer presque soixante euros pour autant d’attente, ça fait cher la file d’attente. Mais la plupart des fans interrogés estiment que le rapport qualité / prix est correct, comparé à d’autres événements VIP, plus chers pour une simple photo expédiée. Il faut reconnaître que les musiciens prennent leur travail au sérieux et prennent le temps de discuter avec chaque personne. « J'aime beaucoup leur proximité, pour moi c'est un groupe quand même assez connu, et finalement je les trouve assez accessible », se réjouit Eric. « La proximité avec les artistes c’est génial. C’est vraiment très différent d’un concert. On peut leur parler, poser des questions », salue Pilar, venue de Normandie.
Soudain, un mouvement de foule s’initie vers une porte menant aux coulisses : les deux leaders, Simone Simmons et Mark Jansen, viennent d’arriver. La foule est nombreuse pour faire signer ses artefacts et obtenir des signatures – beaucoup ont déjà le vinyle d’Aspiral à faire dédicacer. Ici, les échanges sont plus expéditifs, même si chacun a droit à un mot.
Questions – réponses… même pour les timides
Finalement, le sextette monte sur scène pour l’un des moments phares de la soirée. Non, il ne s’agit toujours pas d’une session live pour présenter le nouvel album. Celui-ci se fait entendre uniquement à travers les haut-parleurs qui le diffusent en boucle. Certains l’ont déjà écouté – il est sorti la veille. « Il est bien, apprécie Noémie, Rémoise de 37 ans, devant des Unes de magazines. Même s’il ne battra jamais Design Your Universe, mon préféré depuis sa sortie. A mon avis avec la nostalgie c’est mort pour qu’un autre le détrône. Mais il n’y a pas un seul album d’Epica que je n’aime pas. Même si parfois il faut plusieurs écoutes pour s’imprégner et comprendre comment l’album fonctionne ». Eric, entraîné par deux amies très fans, pensait que ce serait « l’occasion de découvrir le nouvel album. Mais ce qui allait se passer n’était pas très clair. Au début, je pensais qu'on écouterait l'album. J’ai été un peu surpris ».
Le groupe, qui voulait quelque chose de plus original qu’un showcase, a plutôt organisé une grande session de questions – réponses. Le public a pu transmettre ses questions dans la salle et en ligne avant l’événement. La maîtresse de cérémonie n’est autre que Charlotte Wessels, compatriote d’Epica, virée de Delain et qui assurera la première partie du sextette lors de sa tournée début 2026. Pendant près d’une heure, Epica répond donc aux questions que les fans viennent poser directement au micro – sauf pour les plus timides, sauvés par Wessels qui lit directement leurs questions. C’est d’ailleurs le cas de Noémie, qui avait une question sur un concert auquel elle a assisté en Finlande, durant lequel le son avait été brutalement coupé. « C’est Charlotte qui l’a posée. Ils ont prévu ça pour les timides et c’est très bien ! »
Les membres parlent, entre autres, de leurs sources d’inspiration, du processus d’enregistrement de l’album, de la continuation de la suite « A New Age Dawns », de l’irruption de l’intelligence artificielle générative dans le monde de l’art, des de leurs clips… On vous le raconte dans notre article suivant !
Lunettes et tenues décontractées mises à part, les six musiciens donnent la même impression que sur scène : alors que leur musique reste toujours très sérieuse, les Néerlandais semblent toujours beaucoup s’amuser non seulement avec le public, mais surtout entre eux. Ils se font d’ailleurs souvent des blagues au milieu de leurs réponses. « Les questions réponses c’était génial ! », s’enthousiasme Noémie. « On était juste en face donc c’était émouvant », raconte Pilar.
La session de questions – réponses finie, tout le monde retourne à son poste signer des autographes, devant des files qui ne cessent de se rallonger. Charlotte Wessels elle aussi est sollicitée par les fans – le metal symphonique est une grande famille.
C’est parfois vrai au sens propre. Ainsi, Pilar et Raphaël sont venus depuis la Normandie avec leurs deux filles Alicia et Héléna. Il est lorrain, elle est espagnole. « Elle écoute Epica à cause de moi », sourit-il. « A la base je n’étais pas du tout metalleuse, c’est lui qui m’a introduit dans ce monde. Il m’a fait écouter Nightwish, c’était bien mais ça n’a pas accroché. Il m’a fait écouter Epica, et là ça a été la révélation », confirme-t-elle. Ils ont vu ensemble le groupe plusieurs fois, y compris au concert de Metallica l’an dernier. « Moi je suis allé au concert de Metallica pour voir Metallica. Elle ne voulait pas venir. Et en apprenant qu’Epica vient, elle me dit ‘on y va’ », s’amuse Raphaël. Elle est fan depuis cinq ans. Leurs deux filles écoutent aussi du metal, l’une est « plus AC/DC », l’autre « est plus Arch Enemy », le père écoute du death et du black, « mais on apprécie tous Epica ».
Eric, lui, a été récemment initié par deux amies, « et je suis tombé dedans. J’aime beaucoup la musique, les mélodies, la voix, les différents albums ». Noémie, elle, est fan depuis 2006. « Je suis là presque depuis le début, c’est le premier groupe de metal que je suis allée voir en concert, où je suis venue sur Paris seule ». Après avoir vu le groupe six fois, elle retrouve d’ailleurs des gens rencontrés grâce à Epica.
Si la majeure partie des personnes présentes est française, on entend aussi quelques étrangers, anglophones et hispanophones entre autres. Il faut dire que la France est le seul pays en dehors de la patrie des Bataves à avoir accueilli cet événement. Ce qui s’explique, nous explique Mark Jansen, par l’histoire particulière du groupe avec l’Hexagone.
« Les fans aussi sont très accessibles, on peut se parler, il y a une bonne ambiance, apprécie d’ailleurs Eric, après je pense que cela se retrouve globalement dans le metal ». En somme, plus que la présentation d’un nouvel album, l’événement était peut-être plus une cousinade géante – le merch et les claviers tournoyants en plus.
















































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