Muse au Hellfest 2025 : Hors-sujet ou pari réussi ?

Muse Vendredi 20 juin – Mainstage 1 – 23h00

Muse est bien la tête d’affiche du vendredi soir au Hellfest 2025. Vous avez bien lu. Les mastodontes britanniques de la scène rock ont en effet fait l’objet de nombreuses critiques lors de l’annonce de la programmation du festival : « Complètement hors sujet », « Pas du tout metal », « Muse c’est de la pop »... Et pourtant, compte tenu de l’évolution du festival vers plus d’accessibilité, ce choix n’était peut-être pas si déraisonnable. Entre morceaux heavy, pyrotechnie et une reprise surprise de Gojira, le groupe a-t-il su convaincre la foule clissonnaise ? On vous raconte.

Une setlist orientée très rock... voire même metal ?

Le Hellfest coïncidait cette année avec la sortie du nouveau morceau « Unraveling », déjà joué en avant-première en Finlande et au Rockfest en Allemagne. Et quoi de mieux pour lancer le concert que cette nouveauté à l’ambiance cyberpunk et synthwave, portée par les nappes électroniques de Dan (claviériste du groupe depuis déjà 2022) ?

La scène est, elle aussi, à la fois épurée et immersive, grâce à de grands blocs lumineux mobiles servant d’écrans interactifs. Une scénographie sobre mais redoutablement efficace.

Matthew Bellamy débute d’ailleurs le show avec une toute nouvelle guitare à huit cordes, idéale pour des riffs lourds et saturés. Typique du metal moderne, « Unraveling » sonne très djent. Ce son bien heavy, voire même un peu cyber-rock restera d'ailleurs tout au long du set. Muse a en effet sélectionné des titres taillés pour le Hellfest : « Stockholm Syndrome », « New Born », « We Are Fucking Fucked » ou encore « Citizen Erased » font partie des morceaux les plus nerveux du répertoire.

À noter l’absence de « Starlight », sans doute jugé trop léger pour l’occasion : un choix judicieux, que d'autres têtes d’affiche n’ont pas forcément imité…

Outre une scénographie enrichie de pyrotechnie, Matt Bellamy tente de conquérir le public avec une technique simple mais efficace : insérer des petites reprises de groupes familiers aux oreilles des festivaliers clissonnais. On entend ainsi des extraits de Nirvana (« Heart-Shaped Box »), Rage Against The Machine (« Calm Like a Bomb », « Township Rebellion »), Slipknot (« Duality »), et même… Gojira. C’est en effet la reprise de « Stranded » qui marque le plus les esprits, déchaînant la foule et même les réseaux sociaux après le concert. Un vrai clin d'œil local bien senti.

Un problème de son qui gâche le début du set

Mais tout n’est pas parfait. Pendant les six premiers morceaux, la guitare de Matthew Bellamy est quasiment inaudible. Seule la basse lumineuse et percutante de Chris Wolstenholme ressort dans le mix. Ce qui n’est d’ailleurs pas forcément totalement désagréable. D’après plusieurs sources après le concert, une partie de la sono aurait grillé sous l’effet de la chaleur. Problème : cela affecte quand même beaucoup des morceaux très portés par la guitare comme “Stockholm Syndrome”, “Won’t Stand Down” ou “Killed or Be Killed”.

La foule en fait même un running gag, scandant à plusieurs reprises : « La guitare ! La guitare ! »,  un moment presque surréaliste.

Heureusement, le problème est résolu après le sixième titre. Et c’est à partir de là que le concert monte en puissance, notamment sur un « New Born »  particulièrement explosif, dont le célèbre enchaînement piano/guitare de Matt ravit les fans de la première heure. Mention spéciale également pour « WAFF », qui prend une ampleur inattendue sur scène, bien supérieure à sa version studio.

Autre petit bémol : le groupe semble parfois distant. Matthew Bellamy, fidèle à sa nature introvertie, communique peu. Quelques sourires, un salut… mais pas de grande interaction, malgré une avancée dans la scène permettant aux artistes d'aller plus au contact du public. Ce manque d’échange pourra en frustrer certains, même si les fans savent que ce détachement fait partie de la personnalité du groupe.

HF 2025 - ambiance

Crédit photo : Sara Jisr/@GroovyMochi 

Muse, une tête d’affiche spectaculaire et innovante

Là où Muse se démarque, c’est dans sa capacité à transformer chaque tournée en expérience scénique unique. Le son de guitare est modernisé, saturé, mais toujours identifiable voire presque « spatial-metal » dans certains passages. Chaque concert propose des arrangements légèrement différents, avec des variations de riffs, comme sur « Supermassive Black Hole », ou des subtilités discrètes pour les fans attentifs. Il est aussi très appréciable de voir un groupe qu’on n'a pas vu depuis des années se réinventer de cette façon.

Certaines chansons sont même repensées complètement. En guise d’interlude, Dan et Dom (le batteur) transforment « The 2nd Law: Isolated System » en morceau techno-ambient, une jolie surprise de ce set.

Il faut aussi noter que Muse propose sans doute l'une des productions les plus technologiques du festival : lumière, écrans, effets pyrotechniques. La veste cyberpunk de Bellamy, lumineuse et futuriste, accentue ce parti pris, alors que le show arrive sur la fin avec l’hymne fédérateur « Uprising »… Le set se termine alors en apothéose sur la très attendue« Knights of Cydonia », qui agitera un pit jusque là particulièrement calme .

Malgré ce léger recul, Muse a proposé un set solide, calibré pour le Hellfest : spectaculaire, visuellement bluffant, et oui… un peu metal aussi ! Ce n’est peut-être pas le metal pur des débuts du festival, mais c’est un rock massif, moderne et habité. Et qui est finalement adaptée aux festivaliers plus grand public du Hellfest 2025. Muse a prouvé ce soir qu’il pouvait faire trembler les Mainstages d’un des plus grands festivals metal du monde. Un pari osé, mais définitivement réussi.

Setlist

Unraveling
Stockholm Syndrome
Psycho
Kill or Be Killed
Won’t Stand Down
Interlude
Hysteria
We Are Fucking Fucked
New Born
Citizen Erased
Hanging in Victory Square
Time Is Running Out
Will of the People
Supermassive Black Hole
Plug In Baby
The 2nd Law: Isolated System
Uprising
Knights of Cydonia

Crédit photos : Sara Jisr/@GroovyMochi 
Reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe. 



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