Dans la foulée de leur nouvel album Never Enough (sorti le 6 juin 2025), Turnstile a confirmé son virage “grand public”. La base hardcore reste là, mais la formule s’ouvre aux refrains pop-rock, aux mid-tempos lumineux et à des textures plus aérées. Après un show au Hellfest des plus réussis, la tournée éponyme est passée par un show au Zénith parisien sold-out. On vous raconte cette soirée pas comme les autres.
High Vis + The Garden pour l'ouverture
Nous n'avons hélas pas pu assister à la prestation de High Vis, programmée tôt dans la soirée. Mais vu la côte live du quintette londonien, on se promet de les rattraper à la prochaine. Pour situer : formé en 2016, High Vis mêle nerf hardcore UK et élans post-punk/Britpop, avec Graham Sayle au chant, et trois albums déjà très prometteurs.
The Garden, lui, pose ensuite un décor à part. Les silhouettes en longs manteaux de cuir façon JRPG sont celles du duo américain basse/batterie, composé des jumeaux Wyatt et Fletcher Shears. On est d'abord frappé par la ressemblance de la voix de Wyatt avec celle d'Alex Turner des Arctic Monkeys. La guitare, absente de la scène mais présente en sono, ajoute un relief, bien que l'effet donne un rendu plutôt cheap. Le set bascule entre la pop et le post-punk, parfois vers l’expérimental et la surprise.
On est bien marqué par cette une séquence quasi electro-trance où le batteur (après un ultime lancer de baguettes) lâche ses plus belles roulades puis devient chanteur en duo avec le bassiste. Reste que les chansons tournent parfois en rond avec un rythme assez monotone, bien que très dynamique. Sans surprise, la fosse se remplit doucement, mais elle garde ses forces. On sent que tout le monde est là pour Turnstile, et que The Garden ne fait figure que d'échauffement...
Turnstile - Le public comme sixième homme
Dès l’entrée de Turnstile, l’idée-force du soir saute aux yeux : filmer la foule, la projeter en grand, et en faire la star du show. En effet, des cadreurs circulent jusque dans la fosse; les visages, les circle pits et les slams nourrissent en temps réel l’énorme écran LED situé derrière la scène. Le rendu est d'ailleurs plus marquant que les simples visuels arc-en-ciel présents au Hellfest et associés au dernier disque. Ce soir, l’esthétique, c’est nous.
Musicalement, on retrouve toute suite la signature Turnstile : des breaks bondissants et mélodies qui accrochent sans renier la nervosité. « Holiday », « Mystery », « Blackout » sont accueillies comme des hymnes de stade, tandis que les nouveaux « Look Out For Me », « Sunshower », ou « Seein’ Stars » confirment l’orientation plus pop-rock très accessible en live. La setlist mêlera logiquement une grosse tranche des deux derniers albums NEVER ENOUGH et GLOW ON.
Dans le le pit c'est toutefois très agité, même sur des morceaux pop-rock et on retiendra surtout l'ambiance de ce concert, l'une des meilleures de cette années. Cela dit, si vous voulez profiter tranquillement du concert, on vous conseille de rester bien au chaud dans les gradins. Entre deux morceaux, Brendan le chanteur et Franz Lyons le bassiste lèvent d'ailleurs souvent la tête pour saluer la fosse avec des “Tout va bien ?”, qui font plaisir à voir.
Le public proche de la scène peut observer la diversité des attitudes des membres du groupe. Le bass-show de Franz Lyons (rebonds, sourire, regard au public) contraste avec la concentration des guitaristes: Meg Mills, très appliquée, et Pat McCrory plutôt discret. Daniel Fang fracasse ses baguettes à tour de bras, tel un bûcheron millimétré. Et au centre, Brendan Yates mène le bal, souvent en transe, souvent dans ses pensées. Il crée lui même un contraste et capte à lui seul l'attention du public.
Le set de Turnstile est pensé en séquences bien distinctes, qui permettent de garder un souvenir marquant du concert. On retiendra évidemment les morceaux dynamiques du set lorsque l’écran bascule en mode “cinéma de la foule”. Mais il y a ce soir des parties plus mid-tempos et des moments de respiration : visuels monochromes minimalistes, jeux d’ombres propres, qui laissent le temps à la foule de respirer dans des moments poétiques bien classes. Sans oublier des moments plus fun comme celui du téléphone rose : l'accessoire old-school est envoyé dans un public - qui répond présent à l'appel.
Citons également le moment disco de la soirée, vers la fin du set, avec l'apparition d'une étendue de points étoilés sur le fond de scène. Une boule à facettes s'illumine et transforme « Seein’ Stars » en mini-planetarium. Un clin d’œil à ce goût pour la “joie lumineuse” des deux derniers albums. L’effet est immédiat : ça danse, ça saute, ça vit. Turnstile achève son set en beauté avec « Birds » et son final déjà mythique où la scène est envahie par le public.
Côté son, c’est propre… parfois trop. Le volume global reste en-dessous de ce qu’on attend d’un Zénith en feu ; basses timides, guitares aux effets rétro qui lissent l’impact et manquent un peu de punch. Pour l’oreille, c’est “cool” (zéro fatigue, mix lisible). Pour des puristes du riff bien puissant, on peut rester sur sa faim. Rien de dramatique car l’ambiance compense, mais un cran de plus sur les bas-médiums aurait fait décoller plusieurs passages. On reste hélas à peine mieux que le son lors du passage au Hellfest.
Finalement, c'est encore un succès. Turnstile réussit ce que peu de groupes hardcore parviennent à tenir sur la durée : grandir sans renier. La scénographie fait du public le 6ᵉ artiste, le groupe assure le show et la setlist se déroule dans un ensemble très cohérent. On peut chipoter sur le son et un manque de basses qui prive certains morceaux d’un certain punch, mais le plaisir collectif l’emporte de loin. Un pure moment de live qu'on ne saurait que trop vous conseiller !
Setlist
NEVER ENOUGH
T.L.C. (TURNSTILE LOVE CONNECTION)
ENDLESS
I CARE / DULL
DON'T PLAY
Real Thing
Drop
LIGHT DESIGN
Come Back for More / Fazed Out
SUNSHOWER
7
Keep It Moving
Pushing Me Away
FLY AGAIN
SOLE
CEILING
SEEIN' STARS
HOLIDAY
LOOK OUT FOR ME
(Encore)
MYSTERY
BLACKOUT
BIRDS
Crédit photos (Hellfest 2025): Sara Jisr/@GroovyMochi
Reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe.
Pour lire notre chronique du dernier album de Turnstile, Never Enough, c'est ici.

















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