Possessed (+ Terrorizer + Suicidal Angels + Nightfall) à La Machine du Moulin Rouge (19.12.2025)

La fin d'année est là et avec elle, Garmonbozia propose ce qui sera pour beaucoup le dernier concert de 2025. Mais quelle affiche ! Malgré l'annulation de Massacre et son remplacement par Suicidal Angels, ce Morbidfest qui se tient à la Machine du Moulin Rouge propose un line-up alléchant, avec le retour de Possessed et Terrorizer dans la capitale. Et sans surprise, la soirée a tenu toutes ses promesses !

Ater

Ater joue à l'heure du goûter en raison du grand nombre de groupes à l'affiche.  Si le running order est millimétré et que l'enchaînement des artistes de ce Morbidfest se fait sans temps morts (une constante fort appréciable avec Garmonbozia), les premiers à fouler les planches se retrouvent à jouer devant un parterre peu rempli.
Pourtant les Chiliens ne déméritent pas et proposent un blackened death dissonant et habité qui rappelle un mélange entre Ulcerate, Dodecahedron et les premiers Tribulation. Les guitares huit cordes ne sont pas un simple effet visuel, elles permettent à Karü Waria et Chris V.D de tisser des riffs plein de texture et qui hypnotisent les quelques spectateurs des premiers rangs.
La soirée est encore longue mais mine de rien, les Chiliens récoltent des applaudissements chaleureux qui vont bien au-delà de la simple politesse de la part du public. En tout cas, avec un temps de jeu relativement court, Ater fournit clairement un bel aperçu de son art et donne réellement envie de se pencher sur son travail studio.
La soirée est encore longue mais mine de rien, les Chiliens récoltent des applaudissements chaleureux qui vont bien au-delà de la simple politesse de la part du public. En tout cas, avec un temps de jeu relativement court, Ater fournit clairement un bel aperçu de son art et donne réellement envie de se pencher sur son travail studio.

Nightfall

Étant donné la longévité du combo grec, il est surprenant de retrouver Nightfall si bas sur l'affiche du Morbidfest. Mais c'est le jeu des festivals et on ne s'en plaindra pas dans la mesure où le combo est déjà assez rare comme cela dans nos contrées (rappelons que ce n'est que la troisième fois depuis 1994 que les Grecs jouent à Paris).
Dès le début de son set, Nightfall instaure une ambiance particulière, renforcée par la tenue de scène d'Efthimis Karadimas, leader et seul membre fondateur du groupe. A demi masqué, ce dernier propose un chant incantatoire sur une musique pesante, chargée d'une atmosphère doom, même si l'on regrette que les parties vocales ne soient pas mixées plus en avant. Les mélodies sont assurées par les guitares, principalement celle d'Akis Pastras, membre live du groupe, qui prend en charge un grand nombre de soli.
Visiblement peu de connaisseurs du groupe sont présents en salle mais Nightfall réussit son pari avec des titres qui rappellent tout à tour la grandiloquence d'un Tiamat ou d'un Therion (le côté symphonique en moins), et qui s'aventure sur les territoires gothiques d'un Moonspell. Pas de quoi déployer de gros pogos ou mouvements de foule mais Nightfall propose une musique mature et posée, qui ne lasse pas le moins du monde même si elle tranche littéralement avec le reste de l'affiche. Le set était certes un peu court mais a donné l'occasion de passer un excellent moment avec un groupe trop rare en France.

Setlist Nightfall

 

I Hate
Darkness Forever
As Your God Is Failing Once Again
Giants of Anger
The Cannibal
The Traders of Anathema
Seeking Revenge
Witches

Suicidal Angels

Place désormais aux compatriotes de Nightfall avec  Suicidal Angels. Les Hellènes balancent cette fois-ci un thrash teinté de death (ou parfois  l'inverse) dans la grande tradition de ce qu'il se faisait près de trente ans en arrière (on songe parfois au Mobid Visions de Sepultura). Pourtant, rien de ce que propose Suicidal Angels n'apparaît daté et le quintette balance une bonne énergie qui déclenche les premiers pogos de la soirée.
Les riffs de Nick (guitare/chant) et les soli de Stam (lead guitare) montrent que le combo a bien potassé son manuel du petit Slayer illustré avec un jeu qui rappelle celui de la paire King / Hannemann. Les musiciens sont particulièrement mobiles et Aggelos (basse) vient très régulièrement à la rencontre du premier rang sur les côtés de la scène.
Alors certes, il n'y a pas de surprise ni de subtilité dans le thrash bestial de Suicidal Angels mais ce n'est pas ce que l'on demande aux Grecs. Ces derniers font bien bouger la fosse de la Machine (qui s'est bien remplie depuis l'ouverture des portes) le tout dans un esprit bon enfant. Un très bon défouloir au milieu de ce Morbidfest !

Terrorizer

Un pied de micro sur lequel trône des chaînes et un squelette en plastique et un simple backdrop à l'effigie du logo du groupe. C'est tout ce dont auront besoin les musiciens de Terrorizer en guise de décorum. Les Américains font en effet parler la poudre avec pour seules armes des compos grind efficaces, le charisme naturel de David Vincent (basse) et le martèlement des fûts de la part d'un Pete Sandoval déchaîné ! Les deux ex-Morbid Angel ne concentrent pas tous les regards puisque Brian Werner (ex-Vital Remains) tourne comme un lion en cage enchainant les hurlements de démon tels un punk lançant glaviot sur glaviot ! Et quand il n'est pas occupé à hurler dans son micro, il en désosse littéralement le pied, jetant en pâture à la foule du Morbidfest des morceaux de chaînes et des bouts de crâne...
Forcément avec un tel esprit punk et grind sur les planches, le public joue le jeu et enchaîne les slams et les stage divings, sous le regard amusé de Richie Brown (guitare). Il faut dire qu'en jouant les seize titres de son premier album World Downfall (36 minutes, il est là l'esprit grind !), c'est l'assurance de se mettre le public dans la poche ! Et si quand on parle de grind on songe souvent à Napalm Death (qui a également accueilli le regretté Jesse Pintado, guitariste sur World Downfall) Terrorizer rappelle que de l'autre côté de l'Atlantique, la scène américaine connaissait la même vigueur en 1989. Le set se termine sans temps mort dans un joyeux bordel, une fois que le pied de micro de Werner se trouve défait de tous ses apparats. Le public du Morbidfest est exsangue mais aux anges, Terrorizer a fait le job, et l'a fait de la meilleure des façons.
Setlist Terrorizer

Hordes of Zombies
After World Obliteration
Storm of Stress
Fear of Napalm
Human Prey
Corporation Pull-In
Strategic Warheads
Condemned System
Resurrection
Enslaved by Propaganda
Need to Live
Ripped to Shreds
Injustice
Whirlwind Struggle
Infestation
Dead Shall Rise
World Downfall
Crematorium
Nightmares

Possessed

Il est désormais l'heure de la tête d'affiche de ce Morbidfest avec l'entrée sur scène des pionniers du death metal, Possessed. Si Jeff Becerra (chant) est aujourd'hui le seul membre d'origine du groupe, les musiciens qui l'accompagnent sont de vieux briscards du death et en maîtrisent tous les codes, à l'image des guitaristes Claudeous Creamer et Daniel Gonzales (Gruesome) qui s'alternent sur les parties lead.

Mais celui vers qui tous les regards se tournent, c'est bien Becerra qui affiche un sourire énorme et masque difficilement son émotion. Cloué en fauteuil roulant depuis 1989 après s'être fait tirer dessus, le leader va largement au devant des premiers rangs, faisant des checks poings en avant et regarde littéralement le public droit dans les yeux en le remerciant à chaque instant d'être là. C'est notamment flagrant dès lors qu'un spectateur monte sur scène après un slam, Becerra va systématiquement à sa rencontre et lui serre la main chaleureusement.

Côté setlist, Possessed gâte son auditoire puisqu'en plus de quelques titres tirés de Beyond the Gates et The Eyes of Horror, les Américains interprètent l'intégralité du premier opus et classique du death metal, Seven Churches, pour célébrer ses quarante ans. Et pour l'occasion, les lights rougeoyantes retranscrivent bien l'atmosphère démoniaque de la musique du combo.
Cette date à la Machine pour le Morbidfest constitue également l'étape finale de la tournée. Et quoi de mieux pour célébrer l'instant que de faire venir les musiciens de Terrorizer sur scène ? Werner et Brown accompagnent Possessed sur le dernier titre de la soirée, le bien nommé "Death Metal", tandis qu'en fond de scène, David Vincent et Pete Sandoval s'incrustent sur les planches, goguenards. Cet instant est le temps fort de la soirée et laissera à Jeff Becerra les yeux humides, tant on sent l'homme particulièrement heureux de vivre cet instant. "Death Metal" ou la conclusion parfaite d'une soirée placée sous le signe du metal extrême et de ses diverses chapelles... ou ses Seven Churches !

Setlist Possessed

The Eyes of Horror
Tribulation
The Exorcist
Pentagram
Burning in Hell
Evil Warriors
Seven Churches
Satan's Curse
Holy Hell
Twisted Minds
Fallen Angel
Death Metal

Photos : Lil'Goth Live Picture. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe.



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