Deftones – Koi No Yokan


Le retour du roi

Continuant leur petit bonhomme de chemin les californiens de Deftones n’auront fait patienter leurs fans que deux ans et reviennent avec ce qui s’impose comme l’un des meilleurs albums de 2012. Loin des clichés du neo-metal, le quintet livre une œuvre personnelle oscillant entre sa violence d’antan et son calme d’aujourd’hui. Faux best-of, Koi No Yokan plaira à chaque fan de chaque période, à condition qu’il ne soit pas trop gourmand.

Si la «saison » 2011/2012  semble définitivement placée sous le signe du thrash-metal, notamment grâce aux dernières merveilles de Testament et surtout de Kreator (Phantom Antislip !), le neo-metal, ou le metal-alternatif, peut se vanter d’avoir été plus que présent. Un Path of Totality de Korn, discutable mais non sans qualité, l’excellent If Not Now, When ? d'Incubus, le sublime L’armée des ombres signé Mass Hysteria ou, plus récemment, le surprenant House of Gold and Bones – Pt 1 des Stone Sour, le genre a été très bien représenté ces derniers mois. Ne manquait plus que le papa de toute cette bande, celui qui frappa le premier, un jour de 1995 avec Adrenaline: Deftones. Le patron est dans la place et se fera respecter quoi qu’il arrive.

À la différence des ses collègues, Deftones a composé et livré un neo-metal brut jusqu’en 2003, avec le mythique Deftones, avant d’amorcer un tournant vers des productions plus singulières avec notamment l’incorporation d’électro laissant la part belle à des morceaux plus atmosphériques. Un peu bancal, ce concept a été néanmoins bien accueilli par les foules, sans pour autant redonner à Deftones son statut de leader du nu-metal.

Koi No Yokan peut être considéré comme l’album de la maturité. Les onze pistes sont un peu comme onze gouttes d’un grand café, chacune ayant l’arôme de ce que le groupe a fait de meilleur en bientôt 25 ans de carrière. Mieux encore, cet album rafraichit le genre sans pour autant en effacer les bases. Un constat qui a lieu dès l’écoute de la première piste, "Swerve City", qui est le morceau neo dans toute sa splendeur : un riff simple mais terriblement accrocheur posé sur une rythmique carrée et entrainante. Non sans rappeler les premières armes du quintet, cette piste est également synonyme de bonheur, puisque la voix si particulière de Chino Moreno, tranchant radicalement avec la violence de la musique, est toujours aussi agréable à entendre.

La suite n’est pas linéaire. En effet, une fois "Swerve City" digéré, c’est un tout autre univers qui attend l’auditeur.  La violence de "Gauze" et "Poltergeist" par exemple : riffs lourds et basse tendue à mort. Deux pistes surprenantes de puissance qui obligent une comparaison pour certains scandaleuse, mais évidente,  avec la musique de Meshuggah. La douceur est de mise avec le touchant "Entombed" qui, écouté dans certaines conditions, paraîtra aussi agréable que de promener sa main sur le corps de son/sa chérie sous une douce brise printanière.

Deux compositions sont à mettre au dessus du lot et peuvent être considérées comme les meilleures de ce Koi No Yokan : "Graphic Nature" et "Rosemary". Morceaux atmosphériques par excellence, ils sont à mettre aux côtés du travail de A Perfect Circle grâce à leurs mélodies pesantes, voire tristes, mais pourtant envoûtantes, planantes et quelque peu groovy. Les plus charmés pousseront peut-être le vice jusqu’à dire que, par leur beauté, ces deux compositions justifient l’achat de la galette. Un quasi sans faute au niveau de la production. Les musiciens grandissent, s’améliorent et se renouvelent. Le tout étant, bien évidemment, sublimé par la voix de Chino Moreno.

Deftones, Koi No Yokan, Neo Metal

Alors que dire de ce Koi No Yokan ? Qu’il est parfait ? Malheureusement non.  Bien qu’étant, à n’en pas douter, l’un des albums majeurs de la discographie de Deftones, il est probable qu’il ne comblera pas les fans de la première heure qui lui reprocheront la présence trop modeste de compositions résolument metal et du coup un grand manque de puissance. Mais est-il réellement possible pour ces fans de rester de marbre face à la qualité et l’atmosphère dégagée par la plupart des compos ? Quoi qu’il en soit, Koi No Yokan a le mérite de concentrer chaque période de Deftones en un seul disque tout en soufflant un vent de fraicheur sur le neo metal. Chapeau.

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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