Machinae Supremacy – Rise of a Digital Nation

Nous avons tous nos plaisirs coupables, nos casseroles qu'on aime bien écouter, ces trucs improbables pas forcément recommandables qu'on aime bien se farcir dans nos oreilles un poil en cachette (et non pas "à poil en cachette", nuance)... ou pas d'ailleurs, au point parfois d'assumer cette attirance improbable sous prétexte que ça rappelle des souvenirs etc, la bonne excuse.

Alors oui, on a le droit d'être metalleux et d'apprécier Daniel Balavoine, Mylène Farmer, Vangelis, Daddy DJ (dédicace en mode "wtf?"), les Vengaboys, Scatman, Air ou que sais-je encore, j'en suis la preuve vivante, et ce ne sont pas ces trucs étranges qui doivent nous empêcher au contraire d'être curieux et de se pencher sur des groupes parfois étranges - affiliés metal certes mais qui ferait fuir plus d'un true metalleux.

Machinae Supremacy fait partie de ces formations un peu bizarres, assez simplistes et mainstream bien qu'assez peu connues, que j'ai personnellement découvert il y a quelques années à l'époque où ils mettaient leurs démos et premiers albums en téléchargement gratuit sur leur site. Depuis, Spinefarm Records est passé par là et les a signé, pour le meilleur ou pour le pire on serait tenté de dire. Rise of a Digital Nation, sixième du nom et troisième paru sous la bannière finlandaise en octobre 2012, est l'exemple même d'un groupe qui refuse de se prendre la tête... mais qui semble aussi stagner dans un style très particulier qui, vous l'aurez donc compris, fait grincer des dents.

Le Ju que je suis ne tombera pas dans le même piège qu'un autre Ju d'un webzine confrère, puisque votre serviteur a l'habitude de ce metal mélodique très soft bourré d'effets très Game Boy avec le fameux son Commodore 64. Du SID metal, comme ils aiment à le qualifier, qui va donc nous rappeler notre jeunesse "early video games" (pour les plus vieux) ou des relents pop ou japonisants pour les autres. Il est vrai, ceci n'est pas très sérieux, et au-delà de quelques albums on peut penser que cela commence tout simplement à faire too much, c'est un peu ce que l'ont reprochait d'ailleurs au précédent disque A View from the End of the World qui n'offrait que peu de réjouissances à part un "Action Girl" des plus amusant. Pensait-on à l'époque que Machinae Supremacy avait tout dit avec un Overworld bien défini et poli à l'extrême, moins bordélique aussi. Sauf que voilà, nos suédois déjantés reviennent avec une nouvelle galette plus concentrée (42 minutes de musique contre plus d'une heure sur le précédent, c'est déjà moins bourratif), ce qui offre un confort d'écoute supplémentaire, même si...

... Oui, c'est plus pop, et ouvertement orienté commercial, mais ceci ne constitue pas en soi une surprise. Le but de Machinae Supremacy est d'être addictif, cela marche forcément pour un public à la recherche d'un bon compris entre mélodies facile et heavy metal simpliste. Les influences power sont toujours là, le titre éponyme rappelle à ce niveau que le groupe vient de Suède et a baigné dans cette passion musicale depuis tout petit, la franche réussite que constitue le très accrocheur "Laser Speed Force" également - pour ce qui est le meilleur exemple illustrant le paragraphe introductif plus haut. Même si on n'a pas envie d'aimer, on ne peut s'en empêcher, surtout quand la mélodie vous accroche l'oreille et s'imprime dans le cerveau. Quant au chanteur Gaz, il reste égal à lui-même avec ce timbre agaçant et autotuné dans tous les sens et ses effets improbables, mais on ne sait comment l'expliquer parfaitement adapté à l'univers et moins gênant qu'il ne devrait l'être. Alors oui, certes, certains morceaux forcent un poil trop la dose, comme par exemple ce "Pieces" totalement "out of nowhere" qui lorgne sur un Green Day électro des plus... déroutants. On peut franchement détester ce titre, mais à la limite on se demande s'il n'offre pas quelque chose de différent qui, malgré tout, finira par devenir irresistible. Ah là là, c'est dur hein ? Bon d'accord, certains vous diront bien "autant aller jouer à Tetris plutôt que de s'ingliger cela", mais est-ce bien raisonnable pour autant ?

Au rayon des réussites, citons donc "Laser Speed Force", mais aussi cette interlude sympathique intitulée "Cyber Warfare" toute droit sortie d'un potentiel jeu de guerre futuriste ou truc du genre. Elle introduit d'ailleurs fort bien un "Republic of Gamers" à la tonalité différente et qui fait figure de morceau à part sur l'album, plus orienté "metal électro normal" avec un côté épique éloigné du kitsch habituel, une sorte de speed à la Stratovarius moderne et piloté par une certaine mélancolie sur son refrain. Tiens, à un moment ça ferait presque penser à Keldian, ce groupe norvégien assez magique dont nous avons causé sur ces pages cet été, même s'il ne faut pas non plus s'amuser à vouloir tout comparer avec n'importe quoi (comment ça c'est ma spécialité ?). Dans le même style que la première nommée, "Battlecry" assume aussi très bien son rôle avec un riff quelque peu plus "acéré" et un chant plus varié dans les couplets (on passera vite fait sur la tentative de dubstep qui fort heureusement ne dure pas avant le solo), elle-même suivie d'un "99" très intéressant dans son ambiance presque atmosphérique qui enrobe le tout dans une power ballad que DragonForce n'aurait pas renié (et que dire du break clavier bien prenant... ah là là, encore une référence à Keldian pour le coup, même si dommage que celui-ci ne se retrouve pas sur d'autres morceaux). Pour le reste, pas grand chose à jeter ni à relever non plus, du "bon sans plus" et quelques moments sympathiques qui ne resteront cependant pas inoubiables (à l'image de la conclusion "Hero" un poil fadasse ou du morceau "Transgenic" qui peinera à faire friser les moustaches de José Bové).

Machinae Supremacy Rise 2012

Finalement, Machinae Supremacy s'en sort honorablement, sans trop chambouler son univers, le fragilisant et le simplifiant même quelque peu afin d'éviter certains grincements de dents trop durs. Cela passe ou cela casse, c'est sûr, mais c'est déjà mieux et plus abouti que Synthphonia Suprema par exemple dans (plus ou moins) le "même style". Haters gonna hate, comme on dit, rien de nouveau sous le soleil, mais ceux qui ont apprécié leur prestation en ouverture de Children of Bodom il y a quelques années auront peut-être du plaisir à les retrouver (un peu plus à leur avantage certes) sur CD, qui sait ?

Note : 6.5/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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