Entretien avec le groupe français Dreamquest

Après une chronique dithyrambique de leur premier album The Last Angel, votre serviteur se devait d'en savoir plus sur les membres de Dreamquest,  jeune formation française pleine de promesses pour le metal symphonique hexagonal. Stephane (chant, clavier), Sébastien (basse, programmation batterie) et Salvatore (guitare) ont donc accepté de nous en dire plus sur le groupe. A des informations strictement musicales se sont greffées un témoignage sur la réalité de l'autoproduction.

1) Tout d’abord, pouvez”vous vous présenter et nous décrire vos parcours musicaux respectifs
ainsi que l’histoire de Dreamquest?

Seb: J'ai commencé la basse vers mes 15 ans, car un pote avait acheté une guitare et il m'avait dit à 2 c'est mieux (rires). Puis on a rejoint un groupe, on a rien fait, comme souvent dans un 1er groupe. Par la suite j'ai "auditionné" pour jouer dans un autre groupe, j'ai du apprendre Fear Of The Dark en une matinée, les boules (rires). Et après le batteur, le guitariste et moi avons rejoint Steph et Joackim (ndlr: membre fondateur du groupe) dans Dreamquest, début 2001.

Stéphane: J’ai commencé la musique très tôt vers 6”7 ans au piano et la guitare classique vers
10 ans. Le chant lui est venu plus tard vers 15 ans. Pour le style, j’ai commencé sur du classique mais dès le lycée, je me suis mis au métal. Dreamquest a été mon premier véritable groupe et a été initié l’année de ma rentrée à la fac . En parallèle, j’ai participé à de nombreux groupes et projets divers en particulier dans le prog”métal. Actuellement, je suis également dans le projet N_D_ qui a sorti un album en 2010 et qui doit en ressortir un cette année.

Salvatore : J’ai commencé la musique à 7 ans par le clavier, et je me suis tourné naturellement vers la gratte à 12 ans car mon père en jouait un peu, donc il m’a appris les bases, et après je me suis fait la main seul. J’ai eu différents petits groupes, mais rien de très sérieux jusqu’à ce que Seb me propose le projet pour Dreamquest, que j’ai tout de suite accepté.

2) Quel rôle avez”vous joué dans la conception de The Last Angel, est”ce que vous composez à
deux ?

Stéphane : Généralement, je suis à l’origine de la base des morceaux et je m’occupe de la composition des orchestrations. Après je vois avec Seb pour la mise en place rythmique et je prends également en compte son avis pour la partie mélodique.

Seb: J'ai servi de banque (rires).... en fait, quand Dreamquest a splitté en 2008, on avait déjà en projet de faire un album, on avait été approché par un label, mais le groupe a explosé pour diverses raisons. Il y a 2 ans en discutant avec Steph, je lui dit que c'était con que le groupe en soit arrivé là, et on s'est dit: on le fait?.... et on l'a fait, on avait déjà des rushs et des compos de l'époque. On a finalisé ce qu'on avait et Steph a amené de nouvelles compos que l'on a travaillé pour que ça colle au style.

3) The Last Angel est un album varié qui mêle heavy sympho « classique » et metal plus
moderne. Quelles ont été vos influences pour la composition ?

Seb: Pour ma part, j'écoute tout style de métal, mais j'apprécie particulièrement ce qui va être
mélodique... dans le style de Dreamquest, les groupes ont tendance à abuser de la double pédale par exemple, et c'est devenu un cliché du style, comme le chant haut perché. Et je ne voulais pas tomber là dedans, donc le mieux était de composer en se demandant ce qui sonne le
mieux pour la chanson en faisant abstraction du style... et ça fait ce que çaa fait.

Stéphane : En fait je n’écoute pas de groupe « récent » de la scène métal. Les influences sont dans un style proche du notre avec Nightwish mais également des groupes plus prog comme Vanden Plas. Après, dès que j’entends un truc sympa j’essaie de m’en servir pour l’associer au métal.

4) Pouvez”vous nous en dire un peu plus sur le concept de l’album ?

Stéphane : Suite à une guerre, il ne reste plus qu’un seul ange et un seul démon sur terre. L’album suit leur nouvel affrontement lié au pouvoir et à un amour commun. L’album est coupé en 3 scènes
différentes ce qui a permis une vraie progression dans le style de composition.

5) Votre musique se montre plus agressive que le veut habituellement le style, notamment
grâce à la participation de Cédric. Est”ce pour vous un moyen de se démarquer du côté un
peu kitsch et niais du metal épique ? Et avez”vous l’intention de faire à nouveau appel à un
chanteur plus extrême à l’avenir ?

Seb : En fait comme dans l'histoire de l'album il y a deux personnages, le mieux était d'avoir un second chant, bien sûr différent. Cedric était le chanteur de Pipedreams et il est en l'occurence comme mon frère, il était naturel que je l'invite à faire cela, et il est selon moi une des meilleures voix que l'on ait eu en France depuis un moment dans le rock/metal....

Stéphane : L’idée n’était pas spécialement de se démarquer mais plutôt une envie au niveau de la
composition. Cela permet de casser des structures qui auraient pu être trop linéaires et d’explorer
d’autres couleurs du métal. En plus ça se prêtait bien au concept de l’album. En fait, je l’aurai bien fait mais il s’agit d’un style de chant que je ne maîtrise pas du tout ! Je suis quasiment certain que
l’expérience sera reconduite pour le prochain album même si la composition n’est pas encore très
avancée.

6) L’aspect symphonique constitue à mes yeux le gros point fort de l’album. Or on connait les
difficultés de certains groupes à créer des orchestrations dignes de ce nom par manque de
moyen. Pourriez”vous nous en dire un peu plus sur votre travail au niveau des arrangements
symphoniques ?

Avec la technologie actuelle le manque de moyen pour la création d’une orchestration symphonique
est moindre qu’avant. Pour l’album, il s’agit d’un mélange de synthé (un Korg N364) et de VST
(Instruments virtuels). Ceux que j’utilise sont loins d’être les plus performants actuellement mais ils ont le mérite de ne pas être très gourmand en ressource. Après, les sons sont travaillés suivant leurs familles pour qu’ils soient les plus réalistes possible.
Enfin pour le réalisme, j’essaie de respecter les codes de composition des orchestres symphoniques en respectant leurs dispositions panoramiques et leurs tessitures.
Il faut en fait surtout être patient et bien écrire chaque partie d’instrument. Pour le coup le solfège et
une connaissance théorique me semble indispensable pour cette phase de la composition.

7) Seb, tu t’es chargé de la programmation batterie. Je suppose que l’absence de batteur n’était
pas voulue mais le rendu final est plutôt réussi, comment as”tu géré cette programmation ?

Seb: Je dirais que ce fut plus simple en terme de composition car j'ai pu créer en même temps les
lignes de basse et les parties batterie. Sans prise de tête avec un batteur (rires).
Non pas que je n'aime pas les batteurs mais il est vrai que moins il y a de personnes à composer, plus vite tu arrives à ce que tu recherches, en termes d'enchainements, de rythmiques...
Au départ il était prévu qu'un batteur enregistre pour l'album. J'avais demandé à Jérémy
(Pipedreams) qui était ok, mais en terme de cout de studio, cela aurait été trop important. J'ai
entièrement financé l'album et je ne pouvais pas me le permettre.
Pour ce qui est du "son" de la batterie sur l'album, cela vient du talent de Jérémie de Hand Made
Record, qui a traité et travaillé l'ensemble du drumkit comme une vrai batterie.

8) Parlons maintenant de Salvatore(guitare), sur votre site il est présenté comme un « guest », cela veut dire qu’il ne fait pas parti du line”up définitif de Dreamquest ?
Ensuite, a”t”il pris part à l’écriture de l’album ou les solos étaient déjà écrits à l’avance ?

Seb: Il y a deux ans, quand on a commencé à bosser sur l'album, on avait demandé à Joackim
(guitariste fondateur) et à Stéphane (l'autre grateux avec qui j'étais rentré dans le groupe en 2001) ,
s'il voulait le faire avec nous, mais la vie est ce qu'elle est, et du fait des planning ça ne collait pas, et j'ai donc proposé le poste à Salvatore, que j'avais connu quelques temps avant grâce à Cedric, pour monter un projet prog. Quand il a commencé à bosser avec nous, l'album était
composé à 90% mais il a eu carte blanche pour insérer les riffs, les soli, les arrangement guitares....
On n'est pas des mecs chiants en fait, chacun a vraiment fait ses parties comme il ressentait le
morceaux... Je ne me souvient pas que l'un d'entre nous ait dit à un autre que tel ou tel truc n'allait pas, il y a bien sûr eu quelques modifs, mais rien qui ait chamboulé un morceaux... Et il fait parti du groupe pour la suite.

Stéphane : Maintenant si, il fait partie à part entière du groupe et son influence devrait être plus
importante dans le futur. Pour ses parties de l’album, cela dépend. J’ai composé une partie des solos et rythmiques au synthé et l’autre partie a été composée par Salvatore et Seb.

Salvatore : J’espère bien en faire parti définitivement (rires) ! En ce qui concerne les parties guitares, j’ai eu effectivement carteblanche, il y avait juste quelque parties écrites que j’ai dû reproduire, mais pour le reste j’ai été libre de proposer ce que je voulais, et le résultat se trouve sur l’album.

9) Steph, tu n’occupais pas au départ de Dreamquest le poste de chanteur. Est”ce pour toi une
vocation ou ce sont les aléas du groupe qui t’ont « forcé » à devenir la voix de Dreamquest ?
J’aimerais aussi savoir tes principales références niveau vocaliste et si tu as reçu une
formation particulière pour devenir chanteur ?

Stéphane: J’ai toujours aimé chanter en fait. Je n’ai jamais pris de cours et j’ai appris en chantant sur des groupes, principalement Stratovarius, Angra et Sonata Arctica. Par la suite mon influence
principale a été Andy Kuntz le chanteur de Vanden Plas.
Pour Dreamquest, on s’est retrouvé avec des concerts mais toujours pas de chanteur donc au début cela devait être temporaire. Mais finalement ça a duré même si au départ il y avait quand même du boulot….

10) Cet album est autoproduit, pouvez-vous nous en dire plus sur cet expérience ?

Seb: C'est trop cher (rires)! Plus sérieusement, aujourd'hui 95% des groupes financent leur albums
ou Ep, tirage compris, c'est devenu une légende les labels qui financent un projet dans le métal. On a voulu faire cet album, donc on n'avait pas le choix, fallait passer à la caisse.... mais à Albertville, on a la chance d'avoir Hand Made Record, Jérémie, qui est plus que bon dans son boulot d'ingé son, et étant un bon pote, il ne m'a pas saigné non plus (rires). Ayant eu dans mes mains des devis de studio le rapport qualité/prix est plus que satisfaisant.

Stéphane : L’avantage est peu” être d’avoir plus de contrôle sur la composition et sur le rendu
artistique final. Le désavantage étant bien sûr de ne pas pouvoir donner un son parfait au final
comme les grosses productions finlandaises par exemple.

11) Quels sont les retours que vous recevez ? A”t”il été bien accueilli et s’est”il bien vendu ?

Seb: Pour l'instant ca va pas mal en ce qui concerne les retours sur l'album et les ventes en
mains propres... après on vera les chiffres de ventes via Brennus Music et son réseau de
magasins, c'est tout les 6 mois je crois.

12) A terme, quels sont vos objectifs avec ce groupe ? Envisagez”vous un jour de vivre de
votre musique ?

Seb: Vivre de la musique? Cela existe encore? (rire)... Si déjà çaa rembourse les frais engagés ce serait cool, si ca permet de commencer à financer la suite ce serait encore mieux!

Stéphane : Pour l’instant l’objectif de Dreamquest est de vivre à travers ses albums. Pour vivre de sa musique, surtout actuellement, c’est compliqué donc je ne me vois pas à terme dépendre uniquement de la musique financièrement.

Salvatore : Vivre de la musique perso je n'y crois pas tant que ça, non. Mais par contre continuer à faire de la bonne musique avec Dreamquest serait bien cool.

13) Quels sont vos projets pour l’avenir, avez”vous planifié une tournée pour promouvoir
l’album, au moins au niveau national ?

Seb: Dreamquest est devenu, pour l'instant, un projet studio, on a tous les trois d'autres projets
musicaux, en 2012, j‘ai sorti un Ep avec Dathura, j‘ai ensuite rejoint les rangs de Chaosis pour
quelques concerts l‘automne dernier en ouverture pour L‘esprit Du Clan, Deep In Hate…, "The Last
Angel" est juste le but que l'on s'était fixé à l'époque où le groupe était un groupe... avec Stéphane on a juste repris le rêve là où il s'était arreté. Mais je ne cache pas que ce serait cool de jouer ces morceaux un jour sur scène...

Stéphane : Pour le court terme c’est le projet N_D_ dans un style metal/électro/prog , reprendre les
concerts et travailler sur le prohain Dreamquest.

Salvatore : Finir le 2ème album solo de Stéphane, continuer aussi un peu le mien, et j’ai un groupe
depuis quelque temps, donc composer et pourquoi pas faire 2 3 scènes dans la région.

Entretien réalisé le 13 janvier, un grand merci à Dreamquest à qui l'on souhaite une bonne continuation.
 

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