Jorn – Symphonic

Et revoici un disque de Jorn Lande, le (plus très) fier norvégien qui n'en finit plus de sortir des disques, que ce soit sous son nom ou avec d'autres artistes ou groupes pour des collaborations aussi surprenantes qu'éphémères. Après le heavy metal, le prog, le classic rock et j'en passe, voici donc un album "Symphonic", avant très certainement de s'attaquer à de la dance hardcore, du musette ou encore de l'indus goth !

Aujourd'hui, il nous revient avec un disque au concept novateur, totalement inédit qui devrait bouleverser le paysage musical pour plusieurs générations. En effet, osant tout tel un guedin sauvage, il ose l'improbable, tenter de réunir le monde du metal et de la musique classique à travers un album au titre évocateur : "Symphonic" !

Cette audace, Jorn le magnif… Excusez-moi, un appel, "Comment ? Pardon ? Parlez plus fort, je vous entends mal… Ah bon !.. D'accord !"

Alors on me signale que ceci a déjà été fait par de nombreuses formations, avec plus ou moins de bonheur mais que c'est devenu une véritable mode (ou un cache misère) permettant de gagner du temps entre deux disques studio afin d'occuper le terrain. Je trouve ces propos bien blessants et mesquins. Ce n'est pas Jorn qui s'abaisserait à de telles pratiques.

 

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Bon ok, vous avez compris au ton un tantinet sarcastique que je ne suis pas le plus grand fan de ce monsieur à la voix extraordinaire, mais au parcours tellement chaotique, marqué par nombre de choix contestables, qu'on se demande quelle peut bien être sa motivation artistique (financièrement, qu'il veuille vivre de la musique, c'est légitime au regard de son talent et de ses capacités). Avec pas moins d'une trentaine d'albums (oui je sais c'est effarant) en une vingtaine d'années (et je ne compte ni les compilations, ni les apparitions en tant que guest de type Avantasia), ce garçon est certainement le plus prolifique de tout le circuit. Mais comme souvent, entre beaucoup et trop, la frontière est fine et cela fait belle lurette que le viking moustachu a choisi la quantité aux dépends de la qualité.

Pour tous ceux qui connaissent la carrière du bonhomme, vous retrouverez sur ce disque exactement les caractéristiques habituelles de ses productions, à savoir un chant férocement lyrique, puissant, des guitares bien grosses mais pas forcément très innovantes, du heavy metal classique de bonne facture quoi ! Mais une question se pose tout au long des 73 minutes d'écoute : à quoi sert ce truc ?

Dis autrement : de qui se moque-t-on ?

Ok, l'ensemble n'a rien de déshonorant et se laisse écouter en musique de fond sans problème. Mais quasiment aucun morceau n'a vraiment été retravaillé pour en proposer une nouvelle lecture. On a juste posé des orchestrations en fond sonore. A la limite, savoir si c'est un orchestre ou des synthés qui jouent les nappes de violons, n'a aucune importance tant leur rôle est secondaire, anecdotique (ce qui dans le cas d'un tel projet est vraiment dramatique). Ecoutez "Time To Be King" ou "Burn Your Flame", c'est flagrant.

 

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Si faire un album symphonique, c'est rajouter une intro au violon ("Black Morning") et des cordes dégoulinantes derrière les refrains, pas mal de groupes vont pouvoir faire la même chose avec un peu de bidouillages sur PC. Merci Jorn d'ouvrir les portes au classico glam, au thrash symphonique, au heavy baroque ou à l'AOR lyrique !

C'est simple, j'ai l'impression de prendre plus de temps à écrire cette chronique qu'il n'en a fallu au grand blond à la voix d'or (parce que tout de même, il chante toujours aussi bien) pour enregistrer ça. Un disque de plus qui sent la commande de chez Frontiers Records ("Ecoute Jorn, on va demander à Machin de te faire de belles orchestrations classiques et tu passes en studio une ou deux journées pour poser ta voix et hop, ni vu ni connu, on a un nouveau produit à vendre à tous les gugusses chauves ou à cheveux longs qui t'adulent").

Pour être sûr de bien enfoncer le clou, l'héritage de Dio est une nouvelle mis à contribution avec "Rock and Roll CHildren" et "The Mob Rules". J'avais été assassin à la sortie de l'album "Dio", je ne peux que constater que bouffer sur le dos d'un mort est définitivement une pratique qui ne pose aucun souci éthique à Jorn Lande (le coup de l'hommage, il ne va pas nous le faire pendant 20 ans quand même ?)

En fait, cet album n'est jamais qu'une compil' de plus, et vue sous cet angle (et seulement celui-là) on peut le conseiller pour survoler la carrière du chanteur. Toutefois, la cruauté qui est mienne (car on a beau n'être qu'un scribouillard aigri caché derrière son écran, on a aussi le droit d'avoir un peu de mémoire) m'oblige à rappeler qu'en 2009 nous avons eu le best of "Dukebox", en 2010 l'album de reprises "Dio", en 2011 un live ("Live In Black") et donc en ce début 2013 un nouveau disque regroupant d'anciens titres (et comme je suis vraiment un pourri qui s'assume, sur l'album de 2012 "Bring Heavy Rock To The Land", il y avait déjà les covers de "The Mob Rules", "Time To Be King" de Masterplan qu'on retrouve toutes deux sur "Symphonic" plus une autre cover de Christopher Cross. C'est moi ou ce garçon se fout du monde ?)

Plutôt que d'investir dans "Symphonic" il serait sûrement plus simple d'envoyer vos dons directement à Jorn Lande (www.jeveuxdufric.com) en lui demandant de prendre le temps de s'investir réellement dans un projet pour qu'il cesse de gâcher aussi inutilement son incroyable talent (tiens, ça me rappelle quelque chose) de chanteur (parce que pour la compo, je suis vraiment très réservé).

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 3 / 10



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