Envinya – Inner Silence

Chaque nouvelle promo de « metal à chanteuse » est une cible facile pour la plume sanguine d'un chroniqueur, qui peut déverser ses griefs sur l'étron qu'il va avoir entre les mains. Faut dire que certains tendent carrément la branche de sapin pour se faire mutiler, et ils en redemandent les cochons. Qui plus est, quand vous associez voix féminine + metal, les mêmes schémas reviennent toujours. Entre la Tarja miniature (le talent en moins), les instruments symphoniques et les claviers pompeux, faire plus banal tu meurs. Et la victime du jour ? Envinya. Allez, encore un nom en « a ». Entre les Epica, Dharma, Godyva, Sarah Jezebel Deva, vous avez le choix ! Une jolie pochette ? Quoi de plus normal ! Une signature chez Massacre Records ? De quoi se méfier après les Enchantya et autres Coronatus. Rien qui ne semble jouer en la faveur de ce sextet allemand. Qui plus est, on doit faire face à leur premier opus, du nom très gothosymphocliché de Inner Silence. Bouh, que ça fait peur ! Tout un programme … pour un disque qui, finalement, va éviter de peu la sanction. Pas si inintéressant que ça, en fait.

Pourtant, cette galette ne révolutionnera jamais le petit monde étriqué du metal à donzelles derrière un micro. Car avouons-le, rien de très original ne pointera le bout de son nez, comme moult autres disques. Les morceaux sont assez classiques, lorgnant souvent dans un format calibré et standard qu'on connaît bien, à savoir le couplet / refrain / (on connaît la suite), et de cette règle, le combo allemand ne dérogera pas. On a espoir pourtant quand on voit les six minutes affichées sur le compteur de « Too Late », qui est aussi banale que les autres. Pourtant, Ô miracle, il y a quelque chose qui fonctionne. Car oui chers lecteurs, Envinya verse dans la présence d'esprit de ne pas puer l'amateurisme à plein nez, de faire du remplissage outrancier et d'arriver avec son clavier à enrobage production carton. Si la batterie reste le point faible par sa simplicité et son manque d'ampleur (la faute à un mixage plaçant cette dernière trop en retrait), la section rythmique fait son boulot correctement, n'hésitant pas à tambouriner comme il le faut pour le style metal mélodique à chanteuse. La formule est bien connue, et dans le cas présent, on ne réinvente pas la poudre. Mais …

Envinya a cette recherche du refrain qui fait mouche, et les résultats des études menées apportent des conclusions positives : c'est accrocheur, plaisant, bien torché. La seule écoute du single « In My Hands » laisse entrevoir toutes les qualités de nos voisins d'outre-Rhin, grâce à son dynamisme et surtout, sa facette entêtante. Difficile de se débarrasser de ce point d'orgue franchement prenant. A l'image de cette piste, beaucoup d'autres sont sur la même construction. Et c'est de là que provient le problème le plus important qu'on connaît sur Inner Silence. En plus de se balader en terrain connu, les jeunes allemands oublient qu'il est important de diversifier une recette qui marche. Changer parfois, c'est pas mal, et ça, c'est trop oublié dans le cas présent. Qu'est-ce que ça nous donne ? De la lassitude. Le brûlot commence à devenir trop redondant sur sa fin pour captiver et les derniers morceaux se voient ainsi recalés trop rapidement. Il y a pourtant des titres qui ne sont pas plus mauvais que d'autres, répondant, bien trop logiquement, au même cahier des charges que les autres : ainsi, « Beyond the Dark » n'est pas plus mauvaise / meilleure qu'une autre, mais cette piste se coince dans la masse. Et bien que tout est là pour obtenir un cocktail détonnant (les guitares font un boulot plus que passable, le refrain a des atouts), ça ne prend pas, tout bêtement car elle est placée trop en bout de course.

Envinya

On ne va pas en faire tout un foin ?

Qui plus est, Envinya a récemment perdu un pilier qui rendait plus intéressante l'écoute du disque. Car peu avant la sortie de l'opus, la chanteuse Natalie Pereira annonçait son départ du combo. Ce qui est fort dommage car la performance vocale de la jeune femme est plutôt convaincante, dans un style à la Cristina Scabbia pas déplaisant du tout ! La belle sait varier sa voix au gré des lignes, et propose une cassure avec les timbres angéliques, pop ou les chants lyriques habituellement présents dans le genre. Et bien qu'on ne tienne pas la voix de l'année, ça reste tout de même plaisant, et l'ensemble, sur le plan vocal, tient largement la route. Qui plus est, Natalie nous offre aussi sa voix sur un plateau d'argent dans un registre extrême. Mais là, c'est déjà moins agréable. Si la frontwoman n'est pas mauvaise, elle n'excelle pas véritablement non plus au moment où elle se met à growler. De ce fait, des prestations comme celle de l'opener « Faceless » sont largement préférées, permettant à son chant de briller un peu.

Et qui dit registre extrême, dit une certaine volonté de briser la monotonie. Ce qui est vrai. Bien que les schémas et structures soient trop souvent semblables, on sent cette volonté chez Envinya de vouloir offrir des passages qui sortent du registre classique du symphonique / mélodique gothique. Quoi de mieux pour cela qu'offrir des plans qu'on penserait carrément tirés du death mélodique ? Certains riffs, les moments de chant extrême ou la section rythmique peuvent s'emballer et tenter de créer une alternance entre styles. Bien que la réussite ne soit pas encore complète, voilà un point sur lequel la formation peut se démarquer de moult autres ! Pourquoi ne pas tenter l'expérimentation jusqu'au bout et balancer un vrai hybride entre death mélodique et symphonique, qui ne tomberait pas dans du déjà vu ? En gardant concrètement les racines typiques « metal à chanteuse » en y greffant la vélocité d'un registre plus agressif, par exemple. C'est vers cette voie que le combo semble tenter d'aller, mais encore trop timidement. Mais en jouant ainsi sur la sécurité, notre joyeuse bande pourrait être trop vite cataloguée dans le panier des groupes trop communs, n'apportant rien. A eux de rétablir l'équilibre.

Inner Silence n'est clairement pas le disque de l'année, et son écoute n'emballe pas sur sa totalité. Néanmoins, dire qu'Envinya n'est qu'une nouvelle formation comme une autre n'est pas entièrement vrai. Il y a les éléments pour faire largement mieux, et quelques morceaux comme « Faceless », « Inner Silence » ou « In My Hands » remontent le niveau. On ne peut qu'encourager les allemands à pousser encore plus loin leur mixture entre metal symphonique et death mélodique. Car s'ils prennent la route opposée et s'enfoncent dans la banalité, alors il sera difficile de trouver un quelconque attrait vers ce sextet autrefois prometteur.

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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