Star One – Revel in Time

Arjen Lucassen le reconnait lui-même, il débute chaque nouveau projet en réaction au précédent. Rien de surprenant donc à ce que le géant hollandais se soit lancé dans l’écriture d’un nouvel album de Star One, son projet le plus puissant, après un Transitus qui avait déçu une partie de sa fanbase. En effet, bien que sorti sous le nom d’Ayreon, Transitus lorgnait vers un opéra rock plus mélodique délaissant les territoires progressifs auxquels il nous avait jusqu’alors habitués pour plus de simplicité. Le tir est corrigé avec Revel in Time, qui tient toutes ses promesses.

Certes, avant même l’écoute de ce troisième Star One, on sait d’ores et déjà à quoi s’attendre. Lucassen donne dans le riff le plus épais (« The Year of '41 », « Today is Yesterday ») au sein de ce projet, et invite comme à chaque fois des vocalistes puissants et lyriques (parmi lesquels les habitués Floor Jansen, Dan Swanö, Russell Allen et Damian Wilson). C’est une fois encore le cas sur « Fate of Man », où le timbre de Brittney Slayes (Unleash the Archer) colle parfaitement à l’univers de Star One. Ce premier titre est d'ailleurs dans la droite lignée de « Set Your Controls » ou « Digital Rain » les openers des albums précédents de Star One, à grand renfort de double pédale.

Côté thématique, la science-fiction est une fois encore au programme. Après un Space Metal qui mettait les sagas de space opera en avant, et un Victims of The Modern Age qui puisait son inspiration dans les films dystopiques, cette fois-ci le prolifique multi-instrumentiste s’attaque aux voyages dans le temps. Et en matière de périple temporel, on n’est pas déçu par les quelques incursions dans les années 70 que nous prodigue la tête-pensante du projet. Sur « Revel In Time », les parties de guitare lead d'Adrian Vandenberg et la voix de Brandon Yeagley apportent un feeling classic rock, à travers un titre groovy, sans réelle surprise mais diablement accrocheur. Le leader de Crobot parvient à mettre sa personnalité au sein d’un morceau qui sonne comme un futur classique de la discographie de Lucassen. Il en va de même pour Jeff Scott Soto à qui « Back From the Past » va comme un gant.

La grande nouveauté de l'album par rapport à ses deux prédécesseurs, c'est que les interactions entre interprètes sont limitées. A l'exception du duo Ross Jennings / Mike Mills sur « Prescient », chaque chanteur bénéficie d'un titre complet à lui tout seul. Cela limite certes l'aspect théâtral qui pouvait parfois émerger des projets d'Arjen, mais offre surtout une belle tribune pour que chacun exprime sa personnalité vocale.

 

Car malgré tout, la force de Lucassen est toujours de sublimer le talent de ses invités. On retient notamment l’excellent duo déjà évoqué composé de Ross Jenings (Haken) et Mike Mills (Toehider) sur le très bon « Prescient », avec un juste équilibre entre modernité et sonorités analogiques liées aux claviers et à la guitare acoustique sur le couplet) Les deux vocalistes excellent dans ce jeu de questions / réponses, osant même l'exercice du chant a cappella et en canon (à 5:57).

Si les nouveaux venus font donc forte impression (Brandon Yeagley et Roy Khan en tête), les habitués de Star One ne sont pas en reste et offrent cette cohésion à l'ensemble qui permet bien de distinguer Star One d'Ayreon. La voix chaude et grave de Dan Swanö est intouchable sur « Today is Yesterday », aussi bien en chant clair que sur les quelques passages growlés. Russell Allen apporte la touche « Symphony X » sur « 28 days (Til the End of Time) » (à noter que son comparse guitariste Michael Romeo est présent sur « Fate of Man »), et Damian Wilson (Arena,ex-Threshold) envoûte encore et toujours l'auditeur sur le classique « Bridge of Life ».

Mais c'est bien « Lost Children of the Universe » qui impressionne le plus. On le sait, Arjen Lucassen aime bien clore les opus de Star One par une longue pièce épique et progressive (tâche dévolue à « Starchild » et « It All Ends Here » sur les deux premiers albums du projet). Cette fois-ci, c'est « Lost Children of the Universe » qui a la lourde tâche de succéder aux deux titres sus-nommés. Mais avec l'excellent Roy Khan au micro et un très beau pont atmosphérique sur lequel Steve Vai nous régale d'un solo de guitare d'une mélodicité exemplaire, difficile de prendre en défaut ce morceau. Sur le final, des choeurs épiques (le Hellscore Choir) viennent même rajouter une dose de puissance à l'ensemble. Tout juste pourrait-on regretter que Tony Martin (ex-Black Sabbath), interprète de ce titre sur le CD « bonus » n'ait pas été intégré à la version finale, quitte à mixer les voix des deux chanteurs comme sur la version dévoilée en single.

Car pour les insatiables, Lucassen propose en effet sur un second cd les versions « guiding vocals » enregistrées avec d'autres vocalistes non moins méritants. Marcela Bovio propose un chant riche en émotion sur « Fate of Man », qui rivalise avec la version de Brittney Slayes, et John Jaycee Cuijpers est un remplaçant de luxe capable de soutenir la comparaison avec Jeff Scott Soto ou Russell Allen.

Finalement, ce Revel in Time n'offre pas de réelle surprise au niveau musical, mais la qualité des compositions et de l'interprétation est une fois encore au rendez-vous pour un album très solide. Derrière le micro, les invités habituels du projet font une fois de plus montre de leur talent, tandis que les derniers arrivés apportent une touche de fraicheur indéniable. De quoi se rassurer et prouver que Transitus n'était qu'une petite erreur de parcours, totalement pardonnée aujourd'hui.

Tracklist :

CD1

Fate of Man (Brittney Slayes)
28 Days (Till The End of Time) (Russell Allen)
Prescient (Ross Jennings / Micheals Mills)
Back From the Past (Jeff Scott Soto)
Revel in Time (Brandon Yeagley)
The Year of '41 (Joe Lynn Turner)
Bridge of Life (Damian Wilson)
Today is Yesterday (Dan Swanö)
A Hand on the Clock (Floor Jansen)
Beyond the Edge of it All (John Jaycee Cuijpers)
Lost Children of the Universe (Roy Khan)

CD2

Fate of Man (Marcela Bovio)
28 Days (Till The End of Time) (John Jaycee Cuijpers)
Prescient (Will Shaw)
Back From the Past (John Jaycee Cuijpers)
Revel in Time ( John Jaycee Cuijpers)
The Year of '41 (Alessandro Del Vecchio)
Bridge of Life (Wilmer Waarbroek)
Today is Yesterday (Arjen Lucassen)
A Hand on the Clock (Marcela Bovio / Irene Jansen)
Beyond the Edge of it All (Mike Andersson)
Lost Children of the Universe (Tony Martin)

Note : 8,5/10

Sortie le 18 Février 2022 chez Inside Out
Photographie promotionnelle / DR

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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