Amaranthe – The Nexus

Dois-je vous avouer mon secret le plus honteux ? Le petit plaisir coupable jusque là (presque) dissimulé ? Alors lisez bien cela … le premier effort des suédois / danois d'Amaranthe me semble presque plaisant. Voilà qui est dit. Mais que voulez-vous, cette énergie, ces refrains entraînants et communicatifs, c'est plus fort que moi, cœur d'artichaut n'a pas résisté ! Enfin il faut raison garder et se doter de lucidité : nous assistons-là, ni plus ni moins, à un sacré phénomène commercial qui chamboule le petit monde du metal. Suffit de voir la réputation grandissante de ce sextette en un brûlot et vous comprenez tout. Bref, le monologue est inutile. Amaranthe, bien que puant le mercantile, est doté de beaux arguments sur la forme. Les craintes sur le fond en lui-même sont carrément plus légitimes et fondées. Alors quand ces jeunes gens reviennent sur le devant de la scène peu après l'effort qui a révélé leur musique au grand public, il y a de quoi être partagé entre enthousiasme et scepticisme. Et bien, mes bons amis … The Nexus est un opus qui se fout ouvertement de votre gueule et ne mérite comme autre logis que votre poubelle la plus confortable.

Alors bien sûr, une fois de plus, la forme est soignée aux petits oignons. Après tout, cet aspect est carrément fondamental quand tu souhaites sortir un disque et pouvoir le commercialiser avec un minimum de sérieux et de crédibilité. Et sur ces points-là, difficile de reprocher à la bande d'Olof Mörck de ne pas faire attention. Les recettes du succès d'Amaranthe sont toujours les mêmes, sans grandes évolutions, histoire de rester dans un sillage que l'on connaît déjà bien, et qui assure un fauteuil doré, une place au soleil. Et puis, « Invincible » est un tube potentiel à la « Hunger », ce genre de single qu'on fredonnera quelques temps sans s'en rendre compte parce que le point d'orgue est ancré dans votre esprit pendant des décennies à venir (souffrez, manants !). Sauf que ça ressemble tellement à la piste ci-dessus qu'on se demande à quel point ils sont capables de se repomper. « Afterlife » a des vieux airs de « Leave Everything Behind », la mélodie un peu retouchée et voilà, c'est composé et (bien) torché ! Reconnaissons à ces deux titres une capacité à accrocher assez indéniable, idem pour « The Nexus » ou « Life on Hold ». A ce petit jeu, ces musiciens ont toujours le même talent. Puis c'est tout.

Sans l'ombre d'un doute, la voix d'Elize Ryd est un peu devenue l'identité d'Amaranthe. Choix compréhensible tant la demoiselle chante bien, d'une voix agréable et enjôleuse. Quant aux deux autres, ma foi, ils font leur boulot plus ou moins bien. Jake n'est toujours pas le chanteur de l'année, mais reste à peu près correct et Andy fait toujours aussi figurant, le pauvre. Et les lignes de chant ? Oh, rien de bien compliqué. Pas difficile de composer une ligne pour Amaranthe. On pourrait même lancer un petit jeu concours tellement c'est facile ! Faites apparaître le coreux de service sur un couplet ou un pont. Sur ce même couplet, il faut que les deux autres intervenants (ou un seul mais vous changez alors comme sur « Electroheart ») fassent leur boulot, et qu'ils soient à l'unisson sur le refrain. Voilà, c'est comme ça qu'on faisait dans leur œuvre précédente, et ce schéma se reproduit à nouveau ici.

Donc pour ceux qui espéraient quelques changements chez les suédois, du moins un peu de prise de risque, passez votre chemin. Les autres ? Évitez le foutage de gueule, sérieusement. Parce que là, nous avons à faire à un opus franchement peu inspiré, en pilotage automatique du début à la fin, et on a beau l'écouter en long, large et travers, c'est toujours aussi creux, fade, une vieille odeur de plat réchauffé se dégageant du four. Usant la corde du metal-pop-electro power / melodeath peu inspiré et sans conviction, Amaranthe se piège à son propre jeu. Et vas-y que les morceaux sont tous plus prévisibles les uns que les autres, qu'ils se comprennent et s'oublient en dix minutes et deviennent simplement des produits périmés. Qui plus est, comme ils sont dans l'air du temps, autant moderniser un peu la musique par des sonorités electro beaucoup plus poussées que sur leur essai précédent. Et que c'est laid, mais laid …

Amaranthe

Notre album, on y croit !

Enfin question laideur, nous sommes obligés de faire un détour par la ballade « Burn With Me ». Morceau pop-rock sans grand intérêt, les couplets sont d'un navrant prononcé, les parties vocales de Jake à la tournure digne des idoles adolescentes. Autant ne pas s'attarder là-dessus, vu que c'est juste mauvais mais qu'on peut même trouver encore plus risible. C'est pas possible ? Si. La concurrence est lancée dans le registre du titre le plus ridicule entre l'infâme « Electroheart » au beat dance Eurovision-pop, ou « Razorblade » en mode boîte de nuit, où l'on imagine sans mal les six musiciens déguisés pour animer un show en discothèque. Mais quelle mouche a pu piquer ces scandinaves pour qu'ils tombent dans cette marmite-là ? Parce que ne pas avoir envie de vomir en écoutant « Razorblade » relève peut-être de l'exploit. Bon, avec clémence et mansuétude, on sauvera (peut-être) Elize de cette panade, parce que cette chanteuse gâche complètement son potentiel et son talent dans cette merdasse. Les autres n'ont qu'à se dépêtrer de cette situation eux-mêmes.

La principale différence entre Amaranthe et The Nexus vient de leur puissance. Le second nommé est mou. A part quelques pistes plus véloces, remuantes et à l'engouement prononcé, l'ennui est un sentiment que l'on côtoie plus ou moins régulièrement. « Stardust », « Mechanical Illusion » ou « Transhuman » ne sont pas mauvaises, elles sont juste bêtement oubliables dès les premiers instants. Se voulant accrocheuses, elles se retrouvent dans ce rouleau compresseur suédois, broyeuse incontrôlable qui en vient à s’autodétruire. Résultat, difficile de sauver autre chose que les premiers titres, qui ont l'avantage de disposer des refrains les plus puissants et des solos les plus intéressants (bien que ceci est relatif, vu qu'ils sont peu nombreux et, surtout, pas brillants non plus). En clair, sauvez les quatre titres d'entrée et « Life on Hold » qui dispose d'un point d'orgue plus profond (c'est vite dit) que les autres morceaux. Et après ? Rien. Non, vraiment, rien du tout. On se fait littéralement chier et les quarante minutes qui composent la galette sont interminables.

The Nexus est un brûlot indigne de votre intérêt, qui ne mérite que d'être ignoré, et Amaranthe rangé dans la case des succès d'un jour. Usant et abusant de recettes déjà éculées, ces six suédois se grillent eux-mêmes et s'auto-parodient. Alors autant leur premier disque avait un certain mérite, celui d'avoir au moins trouvé quelque chose qui marche. Mais là, comment les sauver ? La poubelle, et on oublie. « Burn With Meeeeeee » … non merci, j'ai autre chose à foutre.

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NOTE DE L'AUTEUR : 3 / 10



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