Artus au Hellfest 2022 : un concert caverneux et incantatoire

Artùs - Week-end 1 - Samedi 18 juin - 11h05 - Temple

Plus encore que les autres années, les groupes français étaient à l'honneur au Hellfest, avec parfois une forte coloration régionale. Ce matin, c'est Artus, groupe de Pau extrêmement inclassable et excitant, qui ouvrait la Temple.

La Grosse Radio vous avait déjà parlé du dernier album d'Artus, Cerc, au croisement de nombreux genres : rock, electro, musique traditionnelle gasconne, et même un peu de metal, - il faut bien justifier sa place au Hellfest. Le groupe, qui a déjà vingt ans d'existence au compteur, suscite manifestement une certaine curiosité, car la Temple est relativement remplie pour l'heure.

Le sextette attaque un premier morceau, « Nigredo », (d’ailleurs premier morceau de l’album), et dès le début, la nature hétéroclite de la musique se perçoit de par les instruments présents : deux musiciens sont sur des percussions, et l'on trouve aussi une vielle, un ukulélé et un clavier. Le début est très expérimental, avec des sonorités caverneuses, à la fois futuriste et d’un autre âge. Puis un musicien (Romain Colautti) s'empare d'une basse, le son se fait plus électrique. La voix incantatoire du chanteur Mateù Baudoin, qui manie aussi le violon électrique, peut compter sur le soutien de chœurs habités de trois des instrumentistes, et fait usage de techniques traditionnelles gasconnes. Le morceau s'étire sur près de dix minutes, tout aussi prenant que sur album, avec quelque chose de presque chamanique, de souterrain et d’aérien, insaisissable.

"Adishatz tout le monde !" s'exclame à la fin le chanteur. On vient de Pau et on fait du rock". Le terme est assez réducteur, et en même temps, vu la complexité à classifier cette musique, cela va à l'essentiel. Les deux autres morceaux opèrent dans le même registre. Le deuxième se fait plus électrique, avec l'un des musiciens (Nicolas Gaudin) qui lâche ses percussions pour prendre la guitare. C'est expérimental, puissant, et assez contemplatif. Le public semble conquis, même si le style se prête peu aux démonstrations d'euphorie. "On dirait du rock psyché des années 70", glisse un spectateur. On peut en effet trouver une certaine filiation, même si la musique du combo n'est semblable à aucune autre.

Au début du troisième et dernier morceau - avec des titres de dix minutes chacun et un set d'une demi-heure, mathématiquement, on peut difficilement faire mieux - la tente est quasiment remplie. Le groupe remercie l'organisation avant que ne retentisse une introduction au violon et à la harpe, tandis que le claviériste  dégaine un tamborin à cordes et entonne le chant. Le morceau étant plus enlevé, le public s'anime, tandis que les musiciens changent encore plusieurs fois d'instruments.

En une demi-heure, le groupe a su développer son style. Avec un univers aussi unique aussi riche, il mériterait une place de choix dans le paysage musical hexagonal. Espérons que cette exposition médiatique lui en donne l’opportunité.

Photo : Hart Brut. Reproduction interdite sans autorisation.

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