Bloodbath – Survival Of the Sickest

Les horreurs du monde réel vous semblent difficilement supportables ? Peut-être trouverez vous un certain réconfort dans la débauche d’horreur fictionnelle, elle, que propose Bloodbath avec son dernier album studio, Survival of the Sickest. Le supergroupe suédois y revient à ses premières amours, le death metal old school, et brille dans un exercice de style aux relents excessivement sinistres.

Le projet Bloodbath est né comme un hommage au death metal suédois à l’ancienne, autour d’un line-up all-star dont le noyau dur reste le duo Jonas Renkse and Anders Nyström, membres de Katatonia. Le line-up a entre temps évolué, les ambiances ont été déclinées album après album (le dernier en date, The Arrow Of Satan Is Drawn, lorgnait en effet du côté du black metal), et aujourd’hui le sixième effort du groupe se lit comme une ode au death metal, nous transportant de la Suède à la Floride entre la fin des années 80 et le début des années 90, dans des paysages musicaux entre Morbid Angel, Deicide et Obituary.

Les clips ou les teintes jaunâtres de l’artwork de la pochette le montrent bien : l’approche est autant visuelle et cinématographique que musicale, l’imagerie des films d’horreur étant d’ailleurs très souvent associée au death metal old school dépoussiéré ici. La mort, les chairs en décomposition, les zombies, la mutilation sont autant de poncifs déclinés ici par la bande avec générosité voire délectation. On sent une vraie jubilation des musiciens à détailler la barbarie ou la putréfaction et à dessiner des ambiances mortifères. Cette création visuelle se ressent à la fois dans les ambiances musicales mises en place mais aussi dans les paroles percutantes et imagées magnifiées par l’articulation appuyée et l’intensité du timbre caverneux de Nick Holmes (Paradise Lost), excellent dans son rôle de leader (britannique) du supergroupe (suédois). La singularité vocale de ce dernier semble désormais complètement affirmée, plus en tout cas qu'à son arrivée en 2014 pour Grand Morbid Funeral sur les traces de son prédécesseur Mikael Åkerfeldt.

De l’attaque, du sang et du gore, quelle claque que cette entame d’album avec la brutalité du single "Zombie Inferno" suivi du non moins infernal "Putrefying Corpse" ! Le tempo se fait irrésistible, le jeu de Martin Axenrot est phénoménal d’intelligence et de variété. Cet élan ravageur embarque tout sur son passage sur plusieurs titres, en témoigne la rythmique punitive de "Born Infernal" ou "Affliction of Extinction".

Il existe entre les titres une indéniable cohérence, celle de la recherche d’un hommage appuyé aux grandes heures du death metal, de l’imagerie morbide aux lignes de guitares ultra tranchantes et dynamiques. Signalons la superbe exécution signée Anders Nyström et Tomas Åkvik (arrivé en tant que guitariste live du groupe dès 2017)  : de nombreux riffs impitoyables d’agression tutoient des soli hurlants ("Tales of Melting Flesh", "Environcide").

L'album se caractérise en outre par une certaine lisibilité dans l’organisation des morceaux. En effet, le groupe prend soin de planter la lame dès les premières secondes de "Zombie Inferno", mais soigne également sa sortie. Le monumental "No God Before Me", clin d'œil assumé à Morbid Angel, s’impose comme une conclusion idéale à l’album, lente, désabusée et solennelle, pleine de doom également. Le solo est aussi désespéré que le propos, scandé par Nick Holmes soutenu par des chœurs  : "I see no god before me". Magistral. Les ralentissements occasionnels sont remarquables, comme sur "Malignant Maggot Therapy" où le tempo fou se fond sur un groove au cri comme éructé. "Dead Parade" quant à elle se fait martiale, lente, marquée par un grondement menaçant, un growl énorme signé Old Nick et un groove inespéré.

Bloodbath a par ailleurs collaboré avec de prestigieux invités, dont les caméos représentent de véritables coups de poing au sein de la tracklist. Parmi ces titres hautement efficaces à la force brute impressionnante, mentionnons la lourdeur du single-boucherie "Carved", sur lequel apparaît Luc Lemay (Gorguts). Barney Greenway de Napalm Death amène un certain sentiment d’urgence sur ses lignes vocales portées par les riffs incisifs du rapide "Putrefying Corpse". Quant à la collaboration avec Marc Grewe de Morgoth, elle magnifie la noirceur du propos sur le très sombre "To Die". Les deux vocalistes rivalisent de tonalités gutturales sur un groove des plus efficaces.

Exercice de style réussi haut la main par Bloodbath qui rend un hommage appuyé à un genre et à une époque, en imposant sa marque propre et en s’imposant définitivement comme référence dans ce style particulier. Le tour de force parfaitement exécuté par le groupe est de faire de chaque morceau un classique instantané, sans exception. Même si la cohérence et l’homogénéité des onze pistes ne fait aucun doute, des variations et des subtilités surgissent, évitant toute lassitude ou phénomène de répétition.

Les nuances de Survival of the Sickest sont autant d’hommages à un genre et de déclarations d’amour à une esthétique, toujours justes. Modelées soigneusement, les compositions sonnent comme à l’époque, avec ce qu’il faut de crasse dans le son pour transporter sans peine l’auditeur dans la noirceur et l’imagerie gore et malsaine suintant sur chaque seconde de l’album.

Tracklist Survival of the Sickest :

1. Zombie Inferno
2. Putrefying Corpse
3. Dead Parade
4. Malignant Maggot Therapy
5. Carved
6. Born Infernal
7. To Die
8. Affliction of Extinction
9. Tales of Melting Flesh
10. Environcide
11. No God Before Me

Sortie le 9 septembre 2022 via Napalm Records.

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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