Vulcain – V8

1998, Vulcain stoppe la machine. Usé, désabusé, brouillé, à bout de force.

2010, retour sur scène (d'abord chez Paulette à Nancy, puis le Hellfest, avant une virée au Canada) avec un seul mot d'ordre, prendre et donner du plaisir aux fans, sans se poser de questions, sans plan de carrière, sans tirer de plans sur la comète. On vient, on branche, on joue, on fout le feu et on se barre après avoir arrosé ça avec le public. Un programme simple dans lequel ne figurait pas, a priori, la sortie d'un nouvel opus (hormis la réalisation du DVD En revenant, enregistré au Trabendo et sorti en mai 2011). Seulement voilà, quand on a la passion du rock chevillée au corps et qu'on reçoit un accueil aussi chaleureux de fans fidèles et dévoués, difficile de résister à la tentation de remettre le couvert, trente-deux ans après les débuts du combo.

Nous voici donc en 2013 avec devant nous ce V8 prêt à rugir, objet de toutes les impatiences, mais aussi de quelques craintes. Où en est le groupe, qu'a-t-il à proposer ? Avec quel son (pas toujours le point fort de la bande par le passé) ? Quelle énergie ?

 

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Eh bien, chers amis, ces questions légitimes, Vulcain ne va pas les balayer, mais les exploser, les écrabouiller, les "éparpiller façon puzzle" tant ce disque correspond exactement à ce qu'on pouvait attendre de mieux de la part du power trio français.

L'énergie ? Mais elle transpire de chaque seconde de cet opus ! Boosté par un Marc Varez fidèle à lui-même, qui martyrise sa batterie avec une finesse toute particulière (genre, j'essaie de fendre mes cymbales quand je tape dessus), Vulcain n'a pas été aussi tranchant depuis…la fin des années 80 ! Difficile d'imaginer que depuis quelques temps, les frangins Puzzio accumulent les pépins physiques qui ont repoussé la sortie de cette galette de plusieurs mois, parce qu'il y a dans cette offrande toute l'intensité qui sied à un bon grand coup de pied au cul !

Le son ? Autoproduit dans le Studio La Grange 69 de Marc Varez, ce V8 vrombit bestialement comme le ferait un bon vieux monstre de la route remis à neuf. Délicieusement gras (un peu trop parfois) et abrasif (un peu trop parfois...aussi), le son de ce disque est dépouillé du superflu qui transforme parfois les vieilles beautés en poule de luxe mal retouchées. Vulcain, c'est du direct dans ta face, simple et efficace,  il en va de même pour la prod. La batterie pilonne, la basse de Vincent bourdonne (Rickenbaker forever) et Daniel riffe à tout va sans triche (Vulcain est un trio, donc, on ne met pas trente-six pistes de guitare par titre). Il semble d'ailleurs avoir retrouvé le feu sacré gratte en main, avec également des soli, qui, s'ils ne sont pas les plus techniques de la planète (et ce n'est pas ce qu'on lui demande), s'intègrent à merveille dans chaque chanson et apportent une véritable plus-value.

Côté compo, Vulcain évolue toujours dans ce style résolument rock "tout à fond", pas du tout metal mais tellement énergique ! Un riff, une rythmique qui enclenche la première et qui passe de zéro à cent en moins de cinq secondes et c'est parti ! Une sincérité de tous les instants, tant dans l'interprétation que dans les textes sur lesquels Daniel, très en voix, a tout loisir d'étaler ses goûts, mais aussi ses dégoûts ("Sale Temps pour les Cons"). C'est sûr, ça n'est pas du Baudelaire ou du Hugo, mais c'est du rock bordel ! Tous les thèmes chers aux maîtres de la foudre sont là (vitesse, beuveries, concert, amour des forces de l'ordre) avec toujours une pointe d'humour salvatrice ("Devant moi, deux uniformes, y a intérêt qu'tout soit conforme, … si ils trouvent toutes mes babioles, c'est sûr qu'ce s'ra moins rock'n'roll")
 


Pour l'inspiration, V8 semble à mi-chemin entre le légendaire premier opus "R'n'r Secours" en renouant avec de purs brûlots pied au plancher ("Call Of Duty", "Lachez-nous") et l'album éponyme de 1994 ("Limite") qui marquait le passage à la formule trio. Globalement, le tempo est très soutenu, même si Vulcain brille aussi lorsqu'il ralentit la cadence ("Croix de bois").

La vraie surprise vient de la reprise de "L'arrivée du Tour" de Alain Bashung dans une version orgiaquement gonflée à la testostérone. Double en cascade, basse ultra présente, cette chanson prend une ampleur toute nouvelle, un futur hit en perspective ! On notera d'ailleurs un autre clin d'œil au chanteur disparu avec l'évocation de "Vanda et ses sirènes" sur "Rien à Voir" (que Bashung évoquait dans son hit "Gaby oh Gaby")

Savoir s'il y aura d'autres opus de Vulcain dans l'avenir importe finalement assez peu, V8 constitue une nouvelle magnifique étape d'une épopée de plus de trois décennies, et apporte une nouvelle brochette de chansons qui cartonneront sur scène pour le plus grand bonheur des amateurs d'une musique authentique et sans chichis ! Les concerts à venir vont être chauds, et nous nous y rendrons en faisant rugir le moteur, fenêtres ouvertes et musique à fond, parce que le rock, c'est ça, et seulement ça !
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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