Gojira (+ Alien Weaponry + Employed to Serve) à Paris (Bercy) le 25.02.2023

Gojira à Bercy ! Car comme le rappelle en effet Joe Duplantier, « ici, c’est Bercy et pas Accor Hotel machin ! Et ça, on ne peut pas nous l’enlever ! ». Que de chemin parcouru par le quatuor landais depuis sa date dans cette même salle en ouverture de Slayer et In Flames en 2006 ! Cette soirée a donc des airs de consécration pour Gojira qui remplit Bercy sur son seul nom. Mais avant de voir le quatuor fouler les planches de la salle parisienne, place à Employed to Serve et Alien Weaponery devant une audience encore clairsemée.

Employed to Serve

 

En effet, la salle est encore loin d’être pleine à l’heure où Employed to Serve entre en piste. Il faut dire que la sécurité à l’entrée de Bercy donne plutôt l’impression que l’on s’apprête à prendre l’avion au lieu d’aller assister à un concert de Gojira, avec pour conséquence des files d’attente rallongées. Par conséquent, au début du set des Britanniques, seuls les vingt premiers mètres de la fosse sont pleins et dans les gradins, nombreux sont les spectateurs qui font encore des allers-retours entre leur place et le bar.

En outre, les lumières de la salle restent encore allumées, ce qui n’aide pas à rentrer dans le set d’Employed to Serve, malgré des musiciens et une Justine Jones (chant) qui se démènent comme des beaux diables. Dans le public, ces efforts commencent toutefois à payer puisqu’à la demande de Sammy Urwin (guitare/chœurs), les premiers rangs se lancent dans un circle pit puis un wall of death, tandis que le reste de l’auditoire semble relativement indifférent à ce qu’il se passe sur scène : deux salles deux ambiances…

Il faut dire que le metalcore moderne pratiqué par le combo est assez clivant et manque cruellement de refrains et d’hymnes fédérateurs pour pleinement convaincre. En outre, les conditions sonores ne sont pas optimales et les hurlements de Justine sont noyés sous les coups de batterie. Cette dernière, tout en étant consciente que « tout le monde est là pour une seule et unique raison : The Mighty Gojira ! », a toutefois l’air satisfaite de l’accueil qui lui est réservé, précisant avec peut-être un peu de démagogie que cette soirée est l’une des meilleures de leur tournée.

Trois-quarts d’heure plus tard, le combo s’éclipse non sans avoir pris le temps de faire une photo souvenir, afin de laisser la place aux Néo-Zélandais d’Alien Weaponry.

Alien Weaponry

 

Le trio néo-zélandais s’est principalement fait connaître du public français durant le Hellfest 2019 où son savant mélange de thrash et de musique maori avait suscité la curiosité et l’envie de découvrir cette formation. Aujourd’hui fort d’un deuxième album, Tangaroa, le trio continue à faire découvrir son univers atypique, même si l’on sent encore une petite difficulté à occuper le vaste espace des planches de Bercy.

En effet, les musiciens sont souvent regroupés autour de la batterie d'Henry de Jong, celle-ci donnant une belle pulsation tribale, à la manière d’un Igor Cavalera. C’est d’ailleurs à Sepultura période Roots que l’on songe durant tout le set du trio, tant la musique du combo semble inspirée de celle des Brésiliens. Les hurlements de Lewis De Jong font également songer à ceux de Max Cavalera, tandis que la basse de Tūranga Morgan-Edmonds offre un groove incomparable. L’effet est une fois de plus immédiat dans le public de la fosse, plus garnie que durant le set précédent, qui déclenche encore quelques circle-pits bon enfant. Dommage toutefois qu’Alien Weaponry n’ait pas plus interagi avec son auditoire, se contentant de faire un travail appliqué mais restant par ailleurs parfois trop statique. Les titres donnent également parfois l’impression d’un ensemble assez monolithique, avec des tempi relativement similaires entre les compositions, manquant parfois de diversité.

Sur le titre final, l’efficace « Raupatu », on a toutefois l’impression que le trio se libère enfin et cherche à faire danser le public parisien. Si en studio la musique du trio est fort intéressante, il est certain qu’Alien Weaponry aurait gagné en intensité à jouer sur une scène plus petite. Vivement un set en club pour pleinement apprécier le thrash tribal du combo néo-zélandais.

Gojira

 

Place désormais à la tête d’affiche de la soirée, Gojira, désormais premier groupe de metal français à remplir l’arène de Bercy. A 21h30, un décompte se déclenche sur les écrans géants puis les quatre musiciens entrent en scène sur le premier extrait de Fortitude joué ce soir : « Born For One Thing », rapidement agrémenté de jets de pyrotechnie.

Les conditions sonores sont bien meilleures que pour les deux combos précédents, malgré la taille de l’arène pas toujours réputée pour ses qualités d’écoute. A l’image de ce qu’il propose en studio, le combo landais se fait massif, comme un rouleau compresseur, impression renforcée par les coups de butoirs de Mario Duplantier, perché sur une estrade et dominant ses trois compères qui occupent le devant de la scène. Tous les yeux sont tournés vers son frère ainé, Joe Duplantier, dont l’intensité du chant est un régal. De leurs côtés, Christian Andreu et Jean-Michel Labadie se font en apparence plus discret, mais le premier assène des rythmiques assassines, tandis que le second propose une assise et un groove indispensables sur lesquels s’appuient ses partenaires de jeu.

Joe fait d’ailleurs preuve d’un charisme sans faille, communiquant bien avec les spectateurs : « Sur ce prochain titre, on parle du fait que nous faisons partie d’un Tout ! Lâchez vos téléphones et profitez de ce moment » annonce-t-il en préambule à « The Cell ». « Si on est là, dans cette salle qui est sold out, c’est grâce à vous ! C’est vous qui nous avez mis là ! Merci du fond du cœur ! » La fosse répondra d’ailleurs bien présent à chacune des interactions du groupe : « on veut que vous mettiez le bordel » réclame Joe sur « Backbone » alors que s’enchaînent les circle pits. Un peu plus tard dans la soirée, nous aurons même l’occasion d’apercevoir deux circle pits simultané dans la fosse, preuve en est de l’implication des spectateurs parisiens.

Au milieu du set, le groupe s’éclipse à l’exception de Mario qui propose un court solo de batterie, jouant avec le public puis brandissant avec malice une pancarte où est écrit « J’entends Rien ! » pour inciter les spectateurs à applaudir.

Du côté de la setlist, Gojira dégaine ses classiques (« Backbone », « Flying Whales », « L’Enfant Sauvage ») durant lesquels de belles images sont projetées sur l’écran géant, mais met également son dernier bébé à l’honneur. « Pour ce prochain titre, on a voulu partir d’un projet fou, celui de construire une fusée pour partir dans l’espace » annonce Joe en préambule à « Another World », dont le clip mettant en scène le combo en astronautes, est effectivement diffusé. Mais parmi les titres du dernier opus, c’est « The Chant » qui recueille tous les suffrages : « Pour ce prochain morceau, on va vous demander de chanter. Vous allez y mettre ce que vous voulez, vos peines, vos joies, votre rage…Et notre chant ne va faire qu’un et sera dirigé vers notre planète Terre ». Entendre Bercy entonner d’une seule voix le thème du morceau restera parmi les grands moments de cette soirée, l’auditoire ne s’arrêtant d’ailleurs pas à la fin du titre et continuant a capella devant un Joe Duplantier visiblement très ému.

Les titres s’enchaînent et l’heure du rappel approche. L’occasion pour les Landais de dégainer « Silvera », classique issu de Magma qui fait toujours mouche en live. « The Gift of Guilt » et son thème en tapping clôturent alors le rappel sur des images animées poignantes, montrant des générations se passant une boite de pandore contenant les pires maux de la Terre, comme une allégorie de l’état de la planète que nous laisserons à nos enfants. Les membres de Gojira restent donc fidèles à eux-mêmes, à leur philosophie et leur démarche écologique, en dépit du statut qui est le leur aujourd’hui. Au moment de quitter la scène, Joe Duplantier annonce avec humour et cynisme « on remercie avant tout les hôtels et le groupe Accor… Non, c’est une blague bien sûr ! ».

A l’issue de près de deux heures de concert, Gojira a prouvé que son statut d’incontournable de la scène metal internationale n’était pas usurpé, à travers une prestation intense et pleine de partage. Nombreux sont d’ailleurs les spectateurs à fredonner les notes de « The Chant » en sortant de la salle parisienne, perpétuant on l’espère le message positif et intemporel du combo landais. Merci Messieurs !

Setlist Gojira :

Born for One Thing
The Heaviest Matter of the Universe
Backbone
Stranded
Flying Whales
The Cell
The Art of Dying
Drum Solo
Grind
Another World
L'enfant Sauvage
Toxic Garbage Island
Our Time is Now
The Chant
Amazonia

Encore :

Silvera
New Found
The Gift of Guilt

Photographies : © Lil'Goth Live Picture
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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