Beyond The Styx au Hellfest 2023 : l’interview

Dans la famille du hardcore français, on pense très rapidement à Beyond The Styx qui sillonne les routes depuis déjà de nombreuses années. Le groupe originaire de Tours a ainsi fait un détour en terre clissonnaise le 18 juin dernier pour un concert matinal sur la Warzone et nous a fait le plaisir d'un entretien riche et intéressant.

 Salut les gars, alors cette ouverture de Warzone sans la pluie ? C'était comment ?

Adrien (batterie) :  On a déclenché la pluie (rires). On a apporté l'apocalypse ! Non, en vrai c'était génial ! A 11 h, tu as tant de monde devant toi. Ça bouge,  ça gueule, ça crie, les gens sont contents. Ça amène des petits panneaux qui font plaisir, tu vois ...

David (guitare) : Ouais, j'ai des potes à moi qui ont ramené une photo de moi, pas très glorieuse...

Adrien : Mais est-ce qu'il existe des photos de toi glorieuses ?

David : Ca va venir ! (Rires) Mais non, c'était super. Tu sais, il y avait un peu d'appréhension parce que, quand tu arrives, il est 9 heures et tu ne vois personne devant la Warzone, et tu te dis : "Mais on va pas jouer devant quatre personnes, c'est un peu ridicule, on n'est pas là pour ça".

Arnaud (guitare) : Et puis au final, 10 h 50 ils arrivent par chariots !

Adrien : Et après tu te lances, et le public crie et tu te lances, vraiment c'était un méga plaisir !

 

On vous connait depuis maintenant bientôt 13 ans, à sillonner les routes avec votre hardcore incisif, comment vous jugez votre évolution depuis 2010 ?

Adrien : Je vais répondre, parce que je suis là depuis 2010, alors que David n'est arrivé qu'en 2015-2013.  Comment juger notre chemin ? Je dirais que l'on grimpe les marches une par une. Voilà, on n'a pas été propulsé comme certains artistes de variétoche française : tu ne sais pas qui c'est, et le lendemain, ils font tous les plateaux de télé, et puis six mois après c'est plus personne. Donc on a grimpé les marches une par une et on continue parce qu'il y en a encore plein. En fait, je dirais qu'on est arrivés au premier étage et c'est l'Empire State Building : il y a plein de choses à faire derrière.

David : Le premier étage était dur à monter, et là, en fait, on s'est rendu compte qu'il y avait un ascenseur.

Arnaud : Moi je tiens à souligner juste que, en treize ans pour les autres et dix ans pour moi, on est toujours restés nous-mêmes dans notre évolution. On a fait notre kiff avec toujours une grande honnêteté dans notre musique. On ne s'est pas travesti. Je veux dire, on a évolué musicalement parce qu'avant on faisait plus du metal-deathcore, et après on a fait du hardcore, mais ça s'est fait tout en restant nous mêmes.

Votre meilleur et votre pire souvenir en 13 ans de carrière justement ? 

Adrien : Le meilleur, c'est toujours le même. C'est la première fois que le public a chanté les paroles d'un de nos morceaux. Ça, c'est pour moi le meilleur souvenir. Le pire, c'était il n'y a pas longtemps et ça a vraiment été le pire concert de toute ma vie. Il y a eu un problème technique sur le plateau, on avait un bruit de fond qui tournait mais qui ne venait pas de nous. En fait, c'était la façade qui bouclait avec les retours. Mais même quand notre ingé son coupait tout, le bruit continuait à être présent. Et ça a été comme ça pendant tout notre set : 35 minutes avec un larsen pas possible.

David : Pareil pour moi, c'était vraiment le pire concert. Rajoute à ça que j'ai dû jouer malade comme un chien avec 39°C de fièvre et qu'on ai fait 9h de route. Bon j'ai tenu tout le concert mais avec le larsen, l'ingé son qui panique, tout le monde qui panique... On avait juste envie que ça se termine et de rentrer chez nous. Mais bon, au moins on peut dire qu'on l'a fait. Et puis mon meilleur souvenir, facile : le concert de ce matin à la Warzone !

Arnaud : Mon meilleur souvenir je te le cache pas c'était aussi le concert de ce matin. L'intro qui se lance, t'entends le public... Et ça te galvanise d'une force !  Et là, tu repenses à tout ce que tu as fait avant. Ça balaye tout ce que tu as fait avant. C'était exceptionnel. Je l'ai fait avec mes gars et j'en suis fier ! C'était vraiment énorme. Et sinon, si c'était pas celui là, c'était à la release party l'année dernière avec le groupe au Bateau Ivre à Tours. Ça, c'était vraiment top. Et le pire souvenir, c'était certainement lors du show à Nîmes où j'ai fait tomber les piles de mon HF au deuxième morceau. Du coup, je n'étais pas très bien. J'étais en panique totale. Je disais "Emile balance pas le morceau tout de suite s'il te plait !", il allait le lancer. Et du coup là tu te mets un gros coup dans tes neurones, tu rebranches ton jack à l'ampli et c'est parti quoi. Ca reste vraiment mon pire souvenir.

 

S'il y a quelque chose que vous voudriez changer sur toute votre carrière qu'est ce que ce serait ?

Adrien : Clairement rien. Parce que tout ce qu'on a vécu, les bons moments, les pires moments, les trucs difficiles, ça nous a juste encore plus rapprochés. Ça a fait évoluer le groupe musicalement et ça l'a fait devenir ce qu'il est aujourd'hui.

 

Vous avez sorti en 2022 votre dernier album Sentence, on entend un mix très différent par rapport aux précédents, vous diriez que c’est votre album le plus abouti ?

Adrien :  Je ne sais pas si c'est plus abouti, c'est juste que comme je te disais tout à l'heure, on monte marche par marche, on découvre des gens, le fait de tourner, etc. Ça t'oblige aussi à faire attention à plus de choses que tu connaissais pas forcément avant. Et donc, oui cet album-là a été très bien travaillé. Après, on s'est entouré de gens, on a travaillé avec des personnes différentes aussi. Là, c'est Christian Donaldson à la production de cet album, le guitariste de Cryptopsy et producteur de Get The Shot, Despised Icons... Et c'est à partir de là que nous avons pris un cran. Parce que c'est l'outre Atlantique qui nous a produit. Je ne dis pas qu'en France c'est moins bien produit, attention, mais ils ont juste une autre façon de travailler. Il nous a amené une autre vision des choses, une autre façon de bosser sur notre son. C'était la première fois pour moi en studio où je voyais un ingé son passer plus de temps sur le son de ma caisse claire que sur tout le reste de ma batterie.

Arnaud : Même au niveau des guitares, il a créé, il savait ce que j'utilisais comme matériel, donc il avait ce ce souci de l'analogique. De se dire "Bon, lui il a ça, David a ça. Je vais leur créer deux sons qui leur sont propres et après je vais les mélanger ensemble et c'est là que je vais faire ma magie."

David : Pour rebondir sur ce que dit Adrien, quand tu dis rebondir, pour moi il y a une notion de fin. Et pour moi on est en constante évolution. On a bossé avec David Potvin avant. C'était une très belle expérience. Ça nous a fait sortir le meilleur de nous même et avec Christian, c'est une autre façon de travailler que j'ai grandement apprécié. C'est pour ça que je pense que le saut outre-Atlantique nous a apporte énormément. Il a su révéler le potentiel de nos morceaux et de nos compositions et j'espère qu'on pourra aller encore plus loin.

C’est quoi votre ressenti sur la scène française aujourd’hui ? Spécialement la scène hardcore ?

Adrien : Moi je vais être tout à fait transparent : mi figue mi raisin. C'est à dire qu'il y a des choses en France qui sont très bien et qui sortent du lot. Et puis on va être franc, il y a des groupes, je vais utiliser le mot : ce sont des "connards". On rencontre des fois des groupes qui sont là uniquement pour t'écraser, clairement. Mais ce n'est pas spécifique à la France, attention ! C'est valable aussi pour les Anglais et bien d'autres. On a plein d'exemples comme ça, mais voilà, ça c'est dans le côté humain on va dire. Mais qui est finalement ultra important parce que on partage de la musique, et la musique, c'est de l'humanité, c'est c'est de la rencontre, c'est de l'échange avec les gens. Et quand t'as pas ça avec des groupes avec qui tu joues, t'as juste envie de dire "Ouais bon ok, salut les gars, et puis bonne route à vous."

Arnaud : Je pense qu'il y a des groupes qui devraient être plus mis en avant qu'ils ne le sont, contrairement à d'autres. Et c'est pas parce qu'ils sont particulièrement petits mais plutôt qu'ils n'ont peut être pas la portée espérée. Je pense à des groupes comme Mind Slow, Sickener qui sont de supers groupes ! C'est des groupes vraiment bons et on se dit "Putain les gars, on vous a cherché en fait et heureusement que vous êtes que là." Et je dis à ces groupes, et à plein d'autres de continuer de se battre parce qu'ils valent mieux que beaucoup de groupes de la scène hardcore aujourd'hui.

David : On sait que le hardcore c'est une musique de partage, mais paradoxalement, en France, c'est très sous-côté quand même et c'est malheureux. Après si c'était trop connu, ce serait un peu capitaliste. Donc c'est pour ça je pense qu'il faut tout donner quand même, car ce genre de musique là a sa place, parce qu'elle a vraiment des choses à dire. Beaucoup de groupes sont impliqués dans des thèmes tels que le véganisme. C'est vraiment un style musical de lutte et revendicatif.

 

Le plateau de vos rêves ?

Adrien : Sepultura et Breed of Terror.

Arnaud : Le plateau de la journée mais en plus réduit ! Slipknot et END entre autre !

David : Moi, Converge, je suis vraiment un grand fan. Et puis Metallica pour le kiff. Non en vrai Converge, Hatebreed, Gojira.

 

Votre concert préféré jusqu’ici ce week end ? 

Arnaud : Céleste et END. Mais j'avais un dilemme car ma copine est fan de Architects. Je l'étais aussi avant mais plus du tout. Donc je me suis fait violence et je ne voulais pas être déçu, je suis donc parti voir Céleste et vraiment, aucune déception. Aucun débat, ils étaient trop forts. C'est technique, c'est magnifique ce qu'ils produisent.

Adrien : Céleste aussi, j'étais avec Arnaud et le son était fou ! Les lights étaient cools, la prestation était vraiment dingue. Après, cette année c'est la première fois que je vois si peu de groupes.

David : J'ai bien envie de découvrir Paleface en live

Le futur de Beyond The Styx ?

Adrien : On continue de promouvoir l'album et puis on a un nouvel album à venir. Là, on en est aux prémices. On a fait deux-trois répétitions, on a quelques riffs qui sont prêts. Après, on a nos petits projets à côté mais on prend notre temps parce qu'on aime beaucoup tourner.

David : C'est vrai qu'on a pas mal tourné, ça nous arrive des fois d'annuler des répétitions parce qu'on nous propose des opportunités de dernière minute et nous on adore jouer ! Là, on est peut-être à la quatrième mouture de notre set. Et c'est vrai qu'il y a peut-être l'envie de faire naître un nouveau quelque chose.

Arnaud : Là c'était la sentence, j'espère que ce sera l'exécution pour le prochain album !

 

Le mot de la fin est à vous !

David : Eglantin

Adrien : Moi mon mot de la fin, c'est celui que je donne tout le temps, mais qui paraît tellement important : Continuez à aller en concert. Peu importe que ça soit des gros festivals, des petits festivals, des petites dates dans un bar, dans la rue, on s'en fout. Continuez à aller en concert, c'est là où se passe la musique live et vous allez peut être trouver des petites perles et des trucs supers. Allez- y !

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