Empire State Bastard (+ Benefits) à l’Alhambra – 02.11.23

Il est tôt en ce jeudi 2 novembre alors que nous rejoignons l'Alhambra pour retrouver Empire State Bastard. On avait découvert le nouveau groupe au Hellfest, intrigués comme beaucoup par la proposition plutôt improbable de l'association entre Mike Vennart et Simon Neil d'un côté (respectivement d'Oceansize et Biffy Clyro) et Dave Lombardo de l'autre. On avait été soufflé par le metal extrême violent du combo, évoluant vers du noise comme vers du hardcore, malgré la prestation sous une pluie bien drue. Depuis, le quatuor a sorti son premier album, Rivers Of Heresy, et on a hâte de voir un set complet en salle !

Benefits

La salle est encore peu remplie quand ouvre le premier groupe, et clairement, on peut dire que la première partie avant Empire State Bastard est très à propos ce soir ! Le quatuor de noise/punk Benefits est très énervé, et dès les premières gueulantes le ton est donné. Kingsley Hall a beaucoup, vraiment beaucoup de critiques à adresser à la société anglaise actuelle. Et il les hurle à la face de cet ex-empire qu'il honnit. Robbie et Hugh Major balancent des bruitages en tout genre à l'aide de leurs synthétiseurs/consoles de son, sur une rythmique ultra rapide et riche en blast beats (la première d'une longue liste ce soir), signée Michael Kitching, récemment intégré au groupe. Ce terreau clairement nerveux est parfait pour la prestation viscérale et vindicative de Kingsley. Le micro sature beaucoup, les vociférations n'en sont que plus violentes !

Après "Marlboro Hundreds", le premier titre déjà particulièrement intense, Kingsley se lance dans la récitation d'un texte d'intro anti-patriotique. C'est parti pour "Flag", un des titres les plus singuliers du premier album Nails, sorti en avril dernier. Alors qu'il revient une seconde fois à la charge avec ses "wave your fuckin' flag"... démarrent des samples de rythmiques façon disco-electro années 80. L'association avec les paroles assénées par Kingsley est improbable, le résultat est toutefois particulièrement addictif et efficace !

Les rythmiques façon années 80 disparaissent avec la fin de ce second titre, mais le combo garde encore de belles cartouches. On pense notamment à "What More Do You Want?", qui révèle un duo chant/batterie après les premières vociférations. La rythmique est décousue, chancelante quand elle semble tenter d'accompagner le chant hargneux de Kingsley, avant de gagner en intensité jusqu'à du blast beat. C'est un grand moment d'expression viscérale et d'énergie, on sent le groupe très authentique. Petit bémol, si le public est maintenant bien présent dans la salle, il ne semble en revanche pas vraiment réceptif au show de Benefits.

Après l'explosif "Empire" et son constat tout aussi acide sur le Royaume-Uni que les titres précédents, on arrive déjà à la fin du set. "Traitors", boom ! Un dernier texte engagé qui sort des tripes, avec lequel le quatuor achève de retourner l'Alhambra. Les "we get the future you deserve" résonnent entre les murs de la salle alors qu'une sirène (bien réelle, le véhicule passant probablement très près des lieux) se fait entendre jusque dans la fosse. Effet saisissant !

Setlist:

Marlboro Hundreds
Flag
Warhorse
What More Do You Want?
Empire
Traitors

Empire State Bastard

Après une mise en bouche aussi nerveuse et percutante que Benefits, la pause entre les deux sets est salvatrice, avant de retrouver la rage déchaînée du nouveau groupe de Simon Neil et Mike Vennart. On n'oublie pas Dave Lombardo bien sûr, que le public attend particulièrement, autant que les deux fondateurs si ce n'est plus. Il ne s'agit que du deuxième concert de ce nouveau groupe en France après le passage au Hellfest, et le premier depuis la sortie du premier album Rivers Of Heresy. Vu la hargne dégagée par Empire State Bastard sur cet album, il est logiquement bien court et on s'attend à l'entendre entièrement ce soir. Un second album est prévu, peut-être allons-nous également en découvrir quelques titres ?

La bassiste Naomi Macleod est la première à investir la scène de l'Alhambra, rapidement suivie par ses trois comparses. Simon agrippe son micro, quelques coups de grosse caisse et c'est parti sur l'explosif "Tired, Naw?" ! D'emblée la double pédale de Dave assène ses bpms par centaines, accompagnant les vocaux hurlés de Simon et les guitares saturées. Le titre vient tout juste de sortir, c'est la version complète (avec guitare et basse) de "Tired, Aye?" présent sur l'album. Le son est puissant, intense et déjà très lourd. Tellement que certains reculent déjà pour mettre un peu de distance avec le premier rang et trouver un endroit où le mix général est moins violent. On n'en attendait pas moins avec Dave, son énergie légendaire derrière les fûts et Simon qui se plie pour hurler tout ce que son corps peut sortir.

Après ce brûlot en ouverture, Empire State Bastard continue avec le début de Rivers Of Heresy. Sensiblement plus lent mais tout aussi extrême vocalement, "Harvest" fait office de dynamite au sein de la fosse. Un gros pogo démarre, maintenu à peu d'exceptions près pendant tout le set. Il évolue parfois vers un circle pit, lorsque Dave joue des partitions très rapides, à la Slayer (pendant "Palms of Hands" notamment), ou à l'opposée vers une zone de headbang généralisée lorsque les titres sont beaucoup plus mid-tempo. On pense à "Blusher" et surtout "Corpse In The Chateau", un des trois nouveaux titres interprétés du prochain album.

"Moi?", avec son introduction mesurée et sa ligne de chant entêtante en voix claire, est le premier titre que l'on peut considérer comme mélodique. On retrouve de belles harmonies vocales avec Mike et Naomi, avant que l'ambiance retrouve le terrain du début du set, à base de guitare très lourdes et de hurlements. Une alternance s'installe, entre nervosité et passages plus calmes, que Simon accompagne de divers effets sonores en triturant son clavier. Comme sur album, c'est un des moments remarquables du set, avec un final qui revient sur cette ligne vocale addictive... L'enchaînement est violent avec l'extrêmement rapide "The Blues", dont le tempo atteint des sommets. La double pédale rage, Simon également, prostré par terre en hurlant dans son micro, et aussitôt commencé, aussitôt terminé ! Ce premier extrait du prochain album promet du très lourd !

On retrouve bientôt un autre passage intense avec "Tired, Aye?". Cette fois interprété sans guitare ni basse, le titre déjà explosif passe encore un cap. Les blasts beats de l'extrême que délivre Dave, sur lesquels s'articulent les cris de Simon nous évoquent certaines des compositions de Benefits plus tôt ce soir, mais le résultat final semble beaucoup plus violent maintenant ! Simon se colle à Mike et échange les parties de lead vocal pendant le passage plus lent.

À mesure que le nerveux set avance, on constate qu'il ne fait visiblement pas chaud que dans la fosse. Simon fait tomber la chemise et révèle ses nombreux tatouages avant de lancer "Dusty". On retrouve des harmonies vocales, une rythmique lente et imposante, ainsi qu'un instrument blanc, sorte de synthétiseur vocal qu'utilise Simon pour moduler sa voix et y ajouter des effets en tout genre. Il s'agit d'un convertisseur de souffle électronique The Pipe de chez SOMA, et on reconnait que l'effet est très particulier ! "Code (Eat Shit)", dernier extrait du prochain album, marque le retour de la violence. On reste dans ce niveau d'énergie avec "Sold!", même si Mike l'introduit en disant "on va jouer un titre acoustique", avant d'attaquer le riff du "More Than Words" d'Extreme, que Simon suit rapidement en voix saturée. Tout le monde rit, avant de reprendre pour la dernière ligne droite. Cette fois, Simon passe beaucoup de temps sur son synthétiseur, apportant un peu de mélodies à "Sold!" et assurant surtout les notes hypnotiques sur "The Looming". L'outro de l'album est obligatoire en fin de set, avec son intro épique, sa ligne de chant claire qui reste longtemps en tête et son ambiance particulière. Après de dernières parties vocales hurlées (Mike offrant de beaux growls pour accompagner Simon), le long final s'installe. On retrouve cette rythmique hypnotique, lente et qui agit presque comme le calme après la tempête. Les corps endoloris et les esprits échauffés peuvent à présent se reposer.

Setlist:

Tired, Naw?
Harvest
Blusher
Moi?
The Blues
Sons And Daughter
s
Tired, Aye?
Stutter
Corpse In The Chateau
Palms Of Hands
Dusty
Code (Eat Shit)
Sold!
The Looming

Photos : Florentine Pautet. Toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe. 

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