L’année 1983 est une année importante pour le heavy metal « moderne » puisque c’est à cette époque que les groupes ayant façonné le metal actuel ont pointé le bout de leur nez (comme Metallica ou Slayer), pendant que d’autres comme Judas Priest asseyaient leur notoriété. Du côté du Danemark, c’est Mercyful Fate qui tire son épingle du jeu avec un premier album d’une rare intensité intitulé Melissa. La recette est simple mais efficace : un heavy metal énervé, des parties de guitare acérées et un chanteur aux envolées vocales qui marquent en la personne de King Diamond.
En ce quarantième anniversaire de la sortie de Melissa, le label Metal Blade propose de redécouvrir cette masterpiece avec le remastering de 2005 de Ted Jansen… Dès les premières notes de « Evil », le ton est donné : Mercyful Fate balance un heavy burné qui tape là où ça fait mal avec des attaques très dynamiques. En effet, l’écoute du disque met en exergue le solide travail d’Hank Shermann à la composition avec pas mal de mises en place de structures à tiroir dans les morceaux. De fait, le groupe prend le temps de développer des ambiances accrocheuses et de diversifier la construction de ses titres (« Curse Of The Pharaos », « Satan’s Fall », …).
Cette grandiloquence parfaitement assumée permet à King Diamond de prendre toute son ampleur. Ainsi, le chanteur se donne à fond avec les montées aiguës qui ont fait toute sa renommée (« Into The Coven ») et donne à ce Melissa une saveur occulte particulière. Une véritable première pour l’époque !
Bien sûr, la patine du temps n’a pas épargné ce premier album de Mercyful Fate. Certaines approches typées NWOBHM paraissent aujourd’hui désuètes et l’esprit satanique n’a rien avoir avec le black metal actuel, mais lorsqu’on se replonge 40 ans en arrière, il est indéniable que Melissa avait de quoi marquer les esprits. En effet, le rendu des guitares de la paire Hank Shermann / Michael Denner est à tomber par terre (« Black Funeral », « Into The Coven » ou « All The Sound Of The Demon Bell ») et la section rythmique est elle aussi bien ficelée (les breaks et les nombreux changements de l’épique « Satan’s Fall »).
De son côté, King Diamond en fait des tonnes dans ses alternances chant grave / chant suraigu, mais son talent vocal fait toute la singularité de Melissa. En effet, l’homme colle parfaitement aux ambiances mises en place par les guitares et apporte une touche parfois malsaine à l’ensemble. On sent que le chanteur n’en est encore qu’aux balbutiements de son personnage mais ce qu’il laisse entrevoir est déjà bien intéressant…
Au final, même si on aurait aimé que Metal Blade propose autre chose pour l’occasion des 40 ans de Melissa que la réédition du remastering de 2005 de Ted Jensen initialement sorti chez Roadrunner Records, il faut bien avouer que ce disque tient bien la route malgré quatre décennies au compteur. Et bien que l’aura satanique de ce bon vieux King Diamond ne soit pas (encore) le fond de commerce de Mercyful Fate à cette époque, ce premier disque en a posé tous les jalons. Voilà un album marquant de l’histoire de la musique qui fait du bruit, que l’on se doit d’avoir écouté ! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la bande à Lars Ulrich et James Hetfield a repris plusieurs morceaux de Mercyful Fate…
Tracklist Melissa :
- Evil
- Curse Of The Pharaohs
- Into The Coven
- At The Sound Of The Demon Bell
- Black Funeral
- Satan's Fall
- Melissa
Sorti le 27 octobre chez Metal Blade
