Bad Omens + Poppy à la Salle Pleyel (07/02/2024)

On y est enfin ! Cette soirée du 6 février marque la tant attendue date française et parisienne du groupe de metal moderne metalcore BadOmens. Une date à la salle Pleyel sold-out quelques jours après sa mise en vente, ce qui témoigne de la progression fulgurante du groupe ces dernières années. Pour introduire les hostilités, c’est Poppy, l’Américaine au genre pop metal à part qui se charge de la première partie. Et sans spoiler le récit de cette soirée, il faut dire que les spectateurs en ont certainement eu pour leur argent. On vous raconte tout !

Poppy - 20h

La France n’est pas un pays qui a souvent vu se produire la chanteuse qui assure ce soir la première partie de Bad Omens, une ancienne Youtubeuse américaine au genre si particulier et assumé. Son dernier concert chez nous date en effet de 2018, et c’était la seule et unique fois qu’elle était passée en France. C’est seulement en compagnie d'un batteur et d'un guitariste que la chanteuse se produit sur scène, avec de nombreuses pistes sonores en fond. Le tout accompagné d’un écran horizontal qui diffuse des effets lumineux plutôt classes, parfois colorés, parfois en noir et blanc.

Dès la première chanson « Bloodmoney », on comprend tout de suite pourquoi la musique de Poppy est si particulière : il s'agit d'un genre avant-gardiste qui joue sur l’opposition des genres. Un mélange de guitares rock saturées contraste avec des sonorités plus techno et electro. Les chants plus pop font les échos de parties screamées / criées et valent clairement le détour. Le tout accompagné de basses puissantes sur certains morceaux comme « I Disagree » !

Les parties un peu criées sont d’ailleurs fortement appréciés de la part du public fan de Bad Omens. Le fait de crier ou de chanter en montant très haut dans les aigus à ce niveau-là est en effet très impressionnant. On peut cependant remarquer que la chanteuse utilise régulièrement des effets au micro pour accentuer ses cris et son chant, ou y ajouter un écho. Ce sera d’ailleurs plus ou moins la même chose pour le chanteur de Bad Omens. On regrette également la trop grande présence des parties en playbacks, dont une partie aurait également pu être moins mise en avant. Les sons pré-enregistrés seront en effet retirés seulement sur « Scary Mask ».

Le répertoire utilisé reste tout de même affilié au metal dans l’ensemble,  la majorité des titres étant issus de son album de 2020, I Disagree. Il y’a donc peu de morceaux du dernier opus Zig Zag (2023) plus orientés pop. Sûrement une façon de plaire au public du soir. Pour le reste, dans l’attitude, Poppy fait du Poppy, avec son personnage à la fois « kawai » et sombre. On a parfois l’impression de voir une fillette tout droit issue d’un animé et d’un manga. Les références à la musique d’animé japonais dans les sonorités sont d’ailleurs très présentes.

Du côté de la performance, les spectateurs peuvent constater son passé de danseuse sur quelques mouvements, bien qu'elle se produise sur scène avec un côté assez désinvolte, sans forcément trop bouger. On note également parfois un côté un peu hautain, voire provocateur envers le public auquel elle n’adresse d'ailleurs pas un seul mot de toute la soirée.

D'un autre côté, c’est aussi ce qui fait le charme de son personnage. Et cela n’empêche pas d’apprécier ce mélange, parfois très dansant comme très heavy.  D’ailleurs, les chansons, s’enchainent sans interruption et sont plutôt faites pour être consommées rapidement, ne laissant pas le temps de souffler.

Notons également à quel point les musiciens apportent du dynamisme et de la vivacité aux chansons en live, avec une interprétation qui diffère beaucoup des versions studios. C'est notamment le cas sur « Scary Mask » agrémenté d'un solo de batterie. De même, l'homme derrière les fûts gère également les parties électriques de son instrument. Et comment ne pas parler des quelques solos très appréciables du guitariste, lors du final « Concrete ». Ce dernier utilise parfois des effets très particuliers sur sa guitare et son boitier multi-effets, apportant parfois une certaine touche électro aux compositions.

Poppy contribue également à apporter sa patte aux chansons, notamment sur « Hard » tiré du dernier album. Il s'agit en effet d'un titre vraiment particulier où l’Américaine prend la basse l’espace d’un instant. Et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on sent vraiment la présence de l’instrument !

Dommage d’ailleurs de ne pas avoir engagé un bassiste sur la tournée et de n’avoir droit à cet instrument que le temps d'un morceau (et quel morceau, notamment dans sa partie finale caractérisée par sa montée criée dans les aigus !) Mentionnons également le passage au clavier qu’elle joue à la fin de « Sit/Stay » qui le rend très épique, voire cinématographique.

Cette petite quarantaine de minutes passée, Poppy clôt son spectacle avec son morceau "Concrete". Un titre très pop qui fait un peu office d'hymne et qui se termine sur un solo de guitare très sympa. Une référence bien placée à Bad Omens ?  En tout cas la proposition était vraiment à voir, même si elle peut-être pas été au goût de tout le monde !

Setlist Poppy

  • BLOODMONEY
  • Church Outfit
  • Bite Your Teeth
  • I Disagree
  • X
  • Hard
  • Fill the Crown
  • Sit / Stay
  • Anything Like Me
  • Scary Mask
  • Concrete

Bad Omens - 20h58

Il ne fallait pas être parti trop loin pendant l'entracte. Car c’est quelques minutes avant 21h que le show des Américains débute. Dès l’installation de la scène, on sent d’ailleurs que le groupe a mis les moyens sur la production. La scène surélevant la batterie fait office d’écran lumineux. Ce dernier communique avec un autre écran en arrière-fond. Le show est vraiment pensé comme une sorte de ciné-concert metalcore.

Dès son entrée en scène, le groupe arrive cagoulé et en envoie plein les yeux et les oreilles. Le show débute avec "Artificial Suicide". Et le bassiste Nick Ruffilo en profite d’ailleurs pour nous faire un "petit fashion faux-pas" : un béret sur une cagoule, vraiment ?

Le riff de guitare emblématique du morceau nous prend au vif, alors que les lances-fumées annoncent la couleur.  Il est d'ailleurs toujours un peu décevant de voir que les groupes ne peuvent pas utiliser de pyrotechnie dans les salles parisiennes de cette capacité (ce qui n’est pas le cas en Allemagne par exemple).

Noah, le chanteur, nous montre d’ailleurs très rapidement toute l'étendue de sa palette vocale à l'aide d'un chant plus clair lors du deuxième morceau « Like a Villain ». C'est à cette occasion que les membres de la formation dévoilent leur visage, le tout sous les confettis. Noah restera d’ailleurs au même niveau vocalement pendant tout le concert. Il semble d'ailleurs faire d'entrée l'unanimité auprès des fans. La qualité du maintien de sa voix dans tous les registres durant tout le show est tout bonnement impressionnante. Il faut vraiment l’entendre en live pour s'en rendre compte et comparer aux versions studio.

Ce deuxième morceau est introduit par une voix d’intelligence artificielle, ce qui s’inscrit parfaitement avec la direction artistique du groupe qui pioche dans différentes thématiques. On retrouve en effet des ambiances futuristes / science-fiction, un côté synthwave, ou encore des inspirations gaming et cyberpunk.

Le groupe enchaine ensuite par un morceau heavy, « Glass Houses », avec une ambiance très synthwave et des basses plein la tête. Sur les riffs plus heavy de la chanson, on remarque également le jeu typique du guitariste Joakim “Jolly” Karlsson qui utilise énormément d’harmoniques. Le concert se poursuit avec de nombreux titres issus du dernier album (2022) The Death Of Peace Of Mind.

Mention spéciale également pour le morceau « What Do You Want From Me », et son ambiance super electro synthwave indus, qui se combine parfaitement à un jeu de lumière verte du plus bel effet. Sur ce titre, on songe notamment aux sonorités d’un groupe comme HEALTH, bien que l'on regrette l’autotune de Noah un peu trop présent sur ce morceau. Cette ambiance verte lumineuse reviendra d'ailleurs plus tard avec le célèbre "Nowhere To Go", une référence à Matrix qui ne fait l'ombre d'un doute.

L'un des temps fort du concert est probablement l'interprétation de "V.A.N", le nouveau morceau de Bad Omens sorti pour l'occasion et qui permet d'inviter Poppy. Cela divise d'ailleurs les fans car le chanteur de Bad Omens ne chante pas lors de ce titre. En effet, Noah s'assoit dans le fond, près de l'estrade de la batterie, ce qui lui vaut quelques réactions enthousiastes de la part du public.

L'ambiance néo-industrielle du morceau est absolument épique avec des basses super puissantes. Le tout accompagné d'un jeu de lumière rouge époustouflant, qui apparait vraiment comme une signature du groupe. Et ça vaut clairement le détour. A ce moment précis du show, on se croirait vraiment dans un monde futuriste Cyberpunk.

Il se passe plein de choses sur ce titre : le refrain "Violence Against Nature" repris en coeur par le public, les scream de Noah et de Poppy synchronisés, un check entre les deux chanteurs lors de l'interlude du morceau. Ou encore Noah qui enchaine des pompes et un growl. Il y a vraiment de quoi laisser de bons souvenirs. Pour l'heure, on ne sait pas si le groupe rejouera cette chanson sur ses prochaines tournées mais cela serait dommage qu'il ne s'impose pas comme un titre culte de sa discographie.

Le show se poursuit sur un classique du premier album "Broken Youth". Ce titre est marqué par un riff de guitare très martial qui aurait sûrement mérité quelques flammes. Cette composition est de manière surprenante également marquée par un côté électro inattendu en live. Sur certains titres, le groupe propose une ré-interprétation live très marquée.

Après un interlude électronique, le groupe enchaine alors doucement vers la dernière partie du show. Le groupe joue alors ses deux morceaux les plus connus du grand public : "Just Pretend" et "THE DEATH OF PEACE OF MIND". Ces derniers nous auront paradoxalement un peu moins marqué en live.

Le concert se termine sur deux morceaux épiques. Tout d'abord le déjà emblématique "Concrete Jungle", introduit par des parties de batteries électriques et une montée progressive vers le refrain avant un breakdown metal qui met tout le monde d'accord. Enfin, le groupe termine le set avec le morceau le plus heavy et violent de la soirée : le très attendu et épique "Dethrone". Ce dernier ne remue pourtant pas la foule, plutôt contenue tout le long du show, malgré quelques incitations de la part du chanteur à s'agiter dans le pit.

En conclusion, quel spectacle ! Cette date proposait un vrai show son et lumière, parfois peut-être un peu trop millimétré. On note également un petit bémol du côté de la batterie qu'on aura peut être un peu perdu dans le mix bien que le son ait été globalement excellent, du fait de la très bonne acoustique de la salle Pleyel, sans doute. Le groupe a fait un sacré bout de chemin ces dernières années. Il ne serait pas étonnant de le revoir dans des salles beaucoup plus grandes, à commencer par le Hellfest ou le Zénith de Toulouse. Des concerts qu'on ne saurait que vous recommander si vous aimez le genre.

Setlist Bad Omens

  • ARTIFICIAL SUICIDE
  • Like a Villain
  • Glass Houses
  • The Grey
  • What Do You Want From Me?
  • Limits
  • IDWT$
  • Take Me First
  • bad decisions
  • Nowhere to Go
  • V.A.N (ft. Poppy)
  • Broken Youth
  • Never Know
  • THE DEATH OF PEACE OF MIND
  • Just Pretend
  • CONCRETE JUNGLE
  • Dethrone
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