Lazare, chanteur et compositeur de Solefald, au Brutal Assault 2013

Après presque quinze ans d’absence scénique, les fans de black métal avant-gardiste ont jubilé à l’annonce d’une tournée du duo norvégien Solefald. Avant le superbe concert que le groupe allait donner au festival Brutal Assault, la Grosse Radio s’est entretenue avec Lazare, l’un des deux leaders de Solefald.

Au sommaire de cette interview exclusive, vous trouverez notamment :

- Retour sur la tournée européenne de Solefald
- Sa captation en vidéo pour un éventuel dvd
- Le prochain album de Solefald
- Les groupes et artistes ayant inspiré le duo
- Le fonctionnement du processus de composition du groupe
- L’éventualité de l’adaptation de l’univers de Solefald dans un film

J’allais te poser une question sur la tournée européenne de Solefald ce printemps, mais il me semble que tu n’y as pas participé.
 


Oui, mais j’étais tout de même présent  sur deux dates, une en Autriche et une en Italie. Sauf que le concert italien n’a jamais eu lieu parce que la salle a été fermée par la police quelques heures avant le concert !!

 

Vraiment ?!? Que s’est-il passé ?

Eh bien, nous étions bien arrivé à la salle de concert, nous avions fait les balances, bref tout était prêt. Mais on avait remarqué beaucoup de voitures de police qui tournaient aux alentours, et la police demandait un certain nombre de papiers à l’organisateur du concert. En fait, le maire de la ville voulait depuis longtemps fermer la salle, et il a fait pression pour obtenir ce qu’il voulait. L’organisateur nous a dit qu’il avait tous les papiers et que tout était en ordre. Mais, tu n’es pas sans savoir que l’Italie n’est pas le pays le plus démocratique en Europe. Et quand on a laissé les spectateurs entrer dans la salle, les policiers sont arrivés et ont fermé l’endroit. On nous a laissé deux options : soit prendre notre matos et filer illico, soit ne rien faire et ils nous saisissaient tout.  On a donc été obligé de tout remballer et de partir. Le plus ironique, c’est que deux semaines plus tard, l’organisateur du concert a obtenu gain de cause en justice, et le maire a du payer tous les coûts engendrés ce jour-là ! Mais nous n’avons pas pu jouer, ce qui est vraiment dommage…

 

Est-ce que vous êtes satisfaits des résultats de cette tournée ?

C’est vraiment quelque chose de spécial pour nous de jouer à nouveau sur scène. Cornelius et moi, on joue ensemble depuis 1995, on sort des albums depuis 96/97. On a fait une tournée européenne de 1998 à 1999. Et ensuite plus rien, en tout cas en terme de concert, jusqu’à cette année. Donc le fait de pouvoir repartir en tournée, jouer et rencontrer nos fans en chair et en os, a vraiment été une expérience géniale. Quand je tourne avec Borknagar, il y a toujours des fans qui viennent me voir à la fin du concert pour me demander : « Quand est-ce que Solefald va rejouer en live ? » Donc c’est vraiment excellent de pouvoir rencontrer tout le monde et dire dire « Mec, on joue ce soir, on te verra au concert ? » [sourire]

 

Est-ce que vous allez sortir un dvd live de cette tournée ?

On n’en a pas encore parlé avec Cornelius. On a des images d’un concert joué en Norvège, et de quelques autres concerts plus petits.  Qui sait, peut être qu’on les utilisera pout un dvd ?

Solefald a vraiment un son et une manière de jouer du métal qui est vraiment particulière.
Quels sont les auteurs et les groupes qui vous ont donné envie de jouer une telle musique ?

Ce n’est pas simple de cibler certains groupes ou auteurs. Je pense qu’en tant que musicien, nous tirons notre inspiration du monde comme si c’était la palette d’un peintre. La manière dont tu vis ta vie, les choses que tu vois, que tu entends, voilà ce qui nous inspire. Nous venons tous les deux du métal, donc, quand on a formé Solefald, nous savions que nous voulions jouer une sorte de métal. Nous avons donc fait du black metal, parce que nous faisions partie du mouvement black métal du début des années 90. Nous sommes fans de la première vague de black metal norvégien, et nous représentons la deuxième vague de ce mouvement. Néanmoins, nous avons toujours essayé de ne pas nous limiter musicalement. Nous écoutons tout type de musique : musique classique, hip hop, jazz… C’est pourquoi, avec notre deuxième Neonism, nous avons voulu faire un bras d’honneur à tout le monde, du genre « le black metal, c’est cool, mais vous ne savez pas faire ça ! » C’était vraiment l’idée principale de Neonism : exploser, partir dans toutes les directions possibles, et ne pas être catalogué comme un simple groupe de black metal.

 

Solefald, Interview, Lazare, 2013, français,

Comment fonctionne le processus de composition dans Solefald ?
 

Il est assez étrange, on a une manière assez particulière de travailler. J’écris toujours l’intégralité des chansons avec Cornelius. En gros, on se pose, avec un piano et une guitare, on essaye quelques idées de riffs et de mélodies, et là, on commence à expérimenter. J’enregistre tout, et on fait ça un certain nombre de fois avant chaque album. Quand on a ces enregistrements, on réécoute tout, et on compile les riffs et les mélodies pour former des chansons. Ensuite, on essaye toujours de considérer nos chansons, un peu comme au cinéma, avec une histoire, un début, un milieu, une fin et des éléments déclencheurs qui font passer d’une partie à l’autre. Une chanson doit toujours avoir un climax, que ça soit dans la musique, les paroles, ou le lien avec les autres chansons de l’album. On conceptualise donc comme ça, et quand on l’a fait avec chaque chanson, et qu’on a les contours de l’album, on refait la même chose avec l’album en tant que tout. On essaye de ne pas faire des albums linéaires, mais toujours avec des montées et descentes en intensité. Et quand tout cela est fini, on commence à enregistrer. Et c’est assez amusant, car avec Cornelius, on est un peu des bidouilleurs de studio.  En général, on fait une préproduction très crue, sur laquelle je joue la batterie. Cornelius arrive et fait les guitares, je m’occupe des claviers, il fait la basse. Ensuite on voit comment on va se répartir les parties vocales. On se relaye au studio, et c’est excellent parce que quand j’arrive, Cornelius a fait de nouvelles choses en studio qui m’inspirent, et le phénomène inverse se produit également. En fait, lorsqu’on enregistre, c’est un peu comme un match de ping-pong ! [rires]

L’univers, la musique et les paroles de Solefald pourraient faire de bons scripts pour le cinéma. Est-ce que vous y avez déjà pensé ? Avez-vous des projets de film ?

C’est amusant que tu me poses la question, parce qu’en dehors de la musique, je suis producteur d’émissions télévisées en Norvège. Je travaille avec les films et l’image. On a déjà discuté de cela avec Cornelius, et d’écrire des scripts pour des films. On a clairement vu un lien entre notre musique et le monde de l’image. Mais on n’a pas encore eu le temps et les ressources financières pour y réfléchir sérieusement, et faire que quelque chose se fasse. Donc ce n’est pas impossible que ça se fasse un jour. [sourire]

Quand peut on espérer que sorte un nouvel album de Solefald ?

On en est actuellement à la phase intermédiaire d’élaboration de l’album. On a terminé toutes les sessions de composition, et on va commencer à compiler tout ça pour obtenir des chansons. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre, parce que j’ai une famille, un travail et ça me prend beaucoup. On va sans doute commencer à enregistrer en fin d’année, ou début d’année prochaine. Il y a donc une bonne probabilité que l’album sorte en 2014.

 

Solefald, live, Paris, 2013, le Klub, Cornelius,


 

Quels groupes écoutes-tu en ce moment ?

Oui bien sûr ! Un d’eux vient de jouer sur scène : Leprous. C’est vraiment un groupe incroyable, et des mecs vraiment sympas. Sinon, j’écoute beaucoup de hip hop en ce moment, notamment Tech N9ne. J’aime le style chopper, avec le flow débité comme un tir de mitraillette. Donc j’aime tout ce que fait Tech N9ne ou Busta Rhymes. J’écoute pas mal de musique électronique, notamment Igorrr, Whourkr. En métal, je suis retourné vers mes vieux albums de death metal, les vieux Entombed, Carcass, et pas mal d’autres groupes de cette époque. Un peu de tout donc.


 

Est-ce qu’il y a un groupe qui a particulièrement attiré ton attention cette année ?

Je dirais Igorrr. C’est un français, et ce qu’il fait est vraiment frais et unique, avec un excellent mélange des genres. Son genre de prédilection est le breakcore et il mélange ça super bien avec des influences métal ou de l’opéra. Un gars à surveiller.

 

Peut-on espérer que Solefald revienne jouer en France bientôt ?

Eh bien, si un tourneur nous contacte avec une bonne offre, on viendra, c’est sûr ! Cornelius a habité en France pendant des années, et je suis sûr qu’il serait ravi de revenir jouer à Paris.

Dernière question : est-ce que tu as un mot pour nos lecteurs et vos fans français ?

On aime beaucoup nos fans français. Il semble que depuis le début de Solefald, il y a un groupe de personnes en France qui comprennent bien notre approche. Donc c’est vraiment sympa d’avoir l’occasion de leur dire « merci ! » et j’espère qu’ils vont continuer de nous suivre !

Interview réalisée par Tfaaon, questions par Tfaaon et Ananta

Photo live :  Arnaud Dionisio / © 2013 Deviantart
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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