Avec Raya, son premier opus sorti en 2020, Pothamus présentait au monde son univers énigmatique et sa puissance sonore, entre post-metal et sludge tribal. Cinq ans plus tard, la formation originaire de Belgique sort encore un peu plus des sentiers battus.
A première vue, il y a quelque chose de très belge chez Pothamus, qui propose un post metal intense, redoutable, très bien produit (par Chiaran Verheyden, guitariste de Hippotraktor) qui se retrouve presque naturellement dans l’écurie Pelagic. Mais le trio se démarque par une identité musicale atypique, et des expérimentations qui ne peuvent qu’éveiller la curiosité des amateurs d’alchimie sonore et d’élans créatifs aventureux.
Des morceaux à l’ambiance hypnotique et tribale, construits en crescendo redoutable, mêlent dans la lenteur des incantations organiques et presque atmosphériques, qui ne sont pas sans rappeler le folk entêtant de Wardruna, à des fulgurances de puissance post metal. La mise en place se fait progressive sur le morceau d’ouverture "Zhikarta", chant rituel obsédant vite rattrapé par d’énormes lignes de basse vrombissante de Michael Lombarts, des cris puissants, et autres percussions tribales. "Savartuum Avur" laisse le rituel monter lentement pendant quatre minutes avant l’irruption des riffs massifs et des rugissements profonds et saisissants signés du guitariste et vocaliste Sam Coussens.
Au cœur de certains morceaux particulièrement tribaux, les sonorités étranges du surpeti, instrument à bourdon de la région de l’Inde, utilisé traditionnellement pour le chant mantra. Appuyé par des percussions organiques et des lignes vocales incantatoires, mêlant le chant clair de Sam Coussens à celui du batteur Mattias M. Van Hulle, l’instrument confère à ces titres un côté plus atmosphérique, ambiant, et suspendu ("De-varium", morceau le plus court avec seulement trois minutes, ou "Ykavus"). Une expérience spirituelle autant que musicale, pour celui qui se laissera embarquer aux côtés du trio. L’effet, certes travaillé, peut toutefois sembler assez répétitif et relativement plat, et il faut certainement plusieurs écoutes pour appréhender toutes les textures proposées par le groupe.

C’est finalement en force que Pothamus séduit le plus, en affirmant son identité post metal sans vergogne, avec l’association des palettes vocales de Mattias et Sam et, surtout, ce cri guttural extrêmement puissant capable de tout emporter sur son passage ("Ravus"). L’ultime piste de l’album, "Abur", admirablement bien construite autour d’une belle montée en puissance, regorge de passages écrasants, portés par le bourdonnement des riffs de guitare et de basse. Une claque que ce morceau-fleuve de quinze minutes qui conclut cette odyssée ritualiste et existentielle.
Difficile de ne pas être saisi, sinon séduit, par l’esprit aventureux, la force et le talent du jeune trio qui a repoussé les limites et propose de la densité et une palette sonore enrichie par rapport au premier album. Nous avions pu apercevoir Pothamus au Motocultor en 2024, espérons pouvoir retrouver rapidement le groupe sur scène dans nos contrées.
Tracklist Abur :
Side A
1. Zhikarta
2. Ravus
3. De-varium
Side B
4. Savartuum Avar
5. Ykavus
6. Abur
Sortie le 14 février 2025 via Pelagic Records.
