C'est dans un Olympia complet qu'Opeth fait son retour dans la capitale, pour promouvoir l'excellent The Last Will and Testament, sorti en fin d'année dernière. Et mine de rien, voir le nom du groupe écrit en grosses lettres rouges sur le fronton de la salle du Boulevard des Capucines, cela fait son petit effet ! Pour l'occasion, Mikaël Akerfeldt et ses comparses ont délivré un très bon set de deux heures balayant la vaste discographie du combo de death progressif suédois, tout en mettant en valeur de façon égale les deux facettes de son art...
Grand Magus
Une longue heure et demie après l'ouverture des portes, Grand Magus foule les planches de l'Olympia en guise de hors d’œuvre de qualité ! Le trio envoie un heavy relativement classique mais la voix grave et envoûtante de JB, tout comme ses riffs font mouche auprès du public, constitué à la fois de connaisseurs et de néophytes.
Le trio semble particulièrement heureux d'être sur scène et reçoit un bel accueil de la part du public, visiblement conquis par l'efficacité des compositions. La setlist met d'ailleurs intelligemment l'accent sur Hammer of the North, l'un des albums les plus appréciés des Suédois. Les conditions sonores sont d'ailleurs optimales et la configuration en power trio renforce l'impact des lignes de basse de Fox Skinner. Caché derrière ses lunettes noires et son épaisse barbe blanche, JB fait partie de ces artistes charismatiques qui capte rapidement les regards. Une belle mise en bouche pour cette soirée avec un combo qui se sera vraisemblablement fait de nouveaux adeptes !
Setlist
I, the Jury
Skybound
Steel versus Steel
Ravens Guide our Way
Sunraven
Untamed
Like the Oar strikes the Water
Hammer of the North
Opeth
Après "les vingt minutes d'entracte" annoncées par l'Olympia, la fosse paraît plus compacte au moment où Opeth entre en scène, rappelant à tous que la soirée affiche complet. Logiquement, c'est "§1" qui ouvre le bal, avec une belle animation projetée sur l'écran géant, favorisant l'immersion dans le concept abordé sur le nouvel album.
Mikael Akerfeldt n'ayant jamais arrêté le growl en live, c'est en toute logique que son chant death (retrouvé en studio pour le bonheur des plus anciens fans) se fait toujours aussi puissant. Mais là où le leader d'Opeth va vraiment marquer les esprits, c'est sur son chant clair, cristallin totalement mis en valeur par l'acoustique parfaite de la salle ce soir ("Häxprocess", "In my time of need", "A Story never told").
Autre point de satisfaction, Mikaël est particulièrement bavard ce soir, et son humour pince-sans-rire fait toujours son effet ("on joue en drop D, c'est une technique de "cheap rock band" pour impressionner"). Pour présenter "Häxprocess", seul extrait du décrié Heritage, le chanteur évoque le souvenir de la première fois qu'ils l'ont interprété dans un festival au Massachusetts, devant un public pas du tout satisfait. "But we don't give a shit, we do what we want" ajoute le malicieux chanteur. Et pour le coup, cela permet d'ailleurs de réhabiliter ce titre, qui a toute sa place dans les setlists du groupe. Mikael est tellement bavard qu'il en oublie la setlist et commence à présenter "The Night and the Silent Water" avant d'être prévenu par Martin Mendez que ce n'est pas le bon morceau.
A ce sujet, la setlist satisfait l'ensemble des fans du groupe ce soir, avec des classiques tels que "Master's Apprentice", "Leper Affinity", l'incontournable "Deliverance", ou le délicat "In my Time of Need" sur lequel l'Olympia tout entier donne de la voix. Mais c'est bien "The Night and the Silent Water", évoqué précédemment, qui fait office de belle surprise avec ses dix minutes alternant passages acoustiques sublimes et final à la lisière du black metal. Le line up actuel se fond parfaitement dans ce titre que seul Mikael a enregistré au moment de sa sortie. La section rythmique Mendez / Väyrynen est redoutable, le bassiste faisant preuve d'un jeu toujours fin et subtil ("In my time of Need"). Seul Fredrik Akesson semble plus en retrait qu'à l'accoutumée, ne se déplaçant qu'avec parcimonie sur scène et restant souvent cantonné à son côté gauche des planches. Il sera toutefois bien mis en avant sur le solo final de "A Story Never Told", avec un toucher de guitare qui n'a rien à envier aux grands noms du prog comme David Gilmour ou Andy Latimer (Camel).
A ce sujet, les titres de The Last Will and Testament sont plébiscités par le public bien que l'on aurait souhaité entendre "§2" et "§5", deux excellents titres du dernier opus. Sur "§7", les plus observateurs auront toutefois remarqué un décalage dans la synchronisation des spoken words qui s'affichent à l'écran et ceux diffusés dans la sono. Les aléas du direct ! Et puisque l'on parle des petits cafouillages, soulignons que le groupe interprétera à deux reprises le "You Suffer" de Napalm Death (annoncé comme "a smooth ballad in the key of D major") pour un mauvais placement rythmique (et probablement une erreur dans les paroles du troisième couplet de cette très longue pièce...) !
Avec plus de deux heures de set, Opeth a donné un concert exemplaire, où seuls "Ghost of Perdition" et "Deliverance", trop souvent interprétés auraient pu être délaissés au profit des très bonnes compositions du récent In Cauda Venenum. Alternant entre ballades délicates (de nombreux frissons ont été ressentis sur "A Story Never Told ") et titres death dévastateurs, le quintette a su satisfaire l'ensemble de ses fans avec une setlist solide et toujours cohérente. Une très belle soirée et un Opeth en très grande forme, qui valide sur les planches son beau retour discographique !
Setlist
§1
Master's Apprentices
The Leper Affinity
§7
Häxprocess
In my time of Need
The Night and the Silent Water
§3
Ghost of Perdition
A Story Never Told
Rappel
Sorceress
You Suffer
Deliverance
Photographies : © Marjorie Coulin 2025. Toute reproduction interdite sans autorisation de la photographe