Ministry – From Beer to Eternity

Après un Relapse plutôt décevant, Al Jourgensen nous fait le coup de l'ultime album  d'adieu avec From Beer To Eternity qui, accessoirement, relève largement le niveau.

Il veut ou il ne veut pas Alan ? On se quitte sur un truc bourrin et plutôt lassant à la longue  comme ce Relapse qu'il nous a sorti l'année dernière ( fagoté comme un texto de rupture  d'une ex que l'on a déjà classée dans le dossier « à oublier » ) ou a-t-il encore quelques cartouches à tirer le coquin ? On dirait bien oui...Je ne sais pas ce qu'il a pris pour  composer, et enregistrer, ce «  véritable dernier album de Ministry », de toute façon, on s'en  fout, l'essentiel est le résultat, pas l'ordonnance que s'est prescrite Alien Jourgensen pour ce  Beer to Eternity ( rien que le titre est délicieux déjà ) disponible le 6 septembre 2013 sur 13th  Planet Records .. .Il est...Terriblement bon le « dernier album» du Ministère de la Terreur.

Déjà l'alliage « Pourquoi faire compliqué lorsque l'on peut faire simple » a été pleinement  appliqué pour ce qui concerne l'enregistrement de ce 13 ème disque de Ministry car en  plus de sa propre personne qui s'est occupée de programmer la boîte à rythmes, les samples et  de tenir parfois la guitare, il a fait seulement appel à son vieux compère Mike Scaccia qui  brille de ses parties de six cordes sur From Beer To Eternity, le gaillard étant  malheureusement décédé peu de temps après l'enregistrement de l'album en décembre  dernier, on peut considérer cet ultime offrande comme un, brillant, hommage de Jourgensen  à un de ses plus fidèles lieutenants.

Une des choses qui surprend à l'écoute de From Beer To Eternity est la prise de risques  ( car finalement Ministry depuis plus de dix ans s'est plutôt contenté de donner dans un  Metal industriel de facture classique, Relapse était là pour le rappeler  ) dont Tonton Al a  fait preuve, en effet ouvrir son dernier album sur un morceau comme « Hail to His  Majesty » avec ses nappes de clavier, son tempo plutôt lent et son rythme indus samplé sur  lesquels se superpose  un riff bien heavy qui renvoie à l'époque de The Land Of Rape And  Honey ( 1988 ), le temps où le groupe se cherchait encore, lorsque les guitares se battaient  contre les machines est audacieux, ce morceau risque de décourager la frange la plus Metal  du public de Ministry mais serait le bienvenu sur les dancefloors gothiques.

Ministry 2013

Et c'est justement ce retour à l'expérimentation qui séduit après le formalisme trop prononcé  de Relapse, on a réellement l'impression que Jourgensen et  Scaccia se sont amusés en  composant et en  enregistrant ce dernier tour de piste, que ce soit avec « The Horror » qui  débute sur une pluie de samples et se poursuit sur un rythme électro et qui constitue un  intermède plutôt agréable, on pense aussi à un des autres projets d'Al Jourgensen et Mike  Scaccia en écoutant ce titre, les cultissimes Revolting Cocks. Citons également la ligne de   basse  Dub et la guitare vaguement reggae de la première partie de  « Thanx But No  Thanx » qui évoquent Killing Joke ( avant que le morceau explose dans un Metal Indus  mid-tempo et  ravageur )  ou « Change Of Luck » qui débute sur un sample tournant en  boucle, avec encore cette basse un peu Dub qui fait planer...Avant que la fureur métallique  rageuse arrive pour nous réveiller. Mais le « MORCEAU »  de l'album ( et pour le moment  celui de l'année pour votre serviteur qui l'écoute justement en écrivant ces lignes ) est ce  monstrueux « Lesson  Unlearned », son tempo groovy, son atmosphère funky  et...Malsaine, ses choeurs féminins ( ces « Woop Woop Woop » irrésistibles ) et son gros  riff qui tourne en boucle. On dirait du Daft Punk sous crack. Oui, tout simplement. Il y  aussi la conclusion instrumentale et bruitiste « Enjoy the Silence » ( apparemment il  ne  s'agit pas d'une relecture du classique de Depeche Mode...) qui renvoie aux dernières  pistes du grand classique du groupe Psalm 69, une manière de boucler la boucle peut- être ?

Mais si From Beer To Eternity est plutôt un album « barré » dans la lignée du sous- estimé Dark Side Of The Spoon par exemple, il comporte son lot de titres Metal Indus plus  « classiques » et pour ça l'ultime offrande de Ministry remplit admirablement son rôle car,  autant l'avouer : Il n'y a rien à jeter sur ce disque, tout est bon, comme dans le cochon  enfin non comme dans le vin français très apprécié par Monsieur Jourgensen,  que ce soit  sur le très efficace single « PermaWar » qui rappelle Psalm 69 ou « Punch in the  Face »  qui  débute sur un rythme électro avant de se débaucher en tuerie ultraviolente avec refrain  répété à l'envi, le genre de morceau qui pourrait faire son effet sur scène ( enfin en  imaginant que Ministry remonte sur les planches un jour et donc soit atteint du syndrome  Status Quo ), « Perfect Storm » est aussi un très bon titre qui semble bâti pour démolir les  scènes ( cette accélération finale jouissive ), alors que «Fairly Umbalanced » construit sur  un tempo Punk évoque la trilogie anti-Bush.

Retenons aussi des allusions plus volontaires au passé prestigieux du groupe comme ce  « Side  FX Include Mikey's Middle Finger  ( T.V.4 ) » ( il y a forcément une private joke  derrière l'intitulé de ce morceau qui cite le majeur de Mike Scaccia), petit frère du  « TV II » de  Psalm 69 qui est loin de l'auto-parodie cependant.

Mais si l'enrobage musical est plutôt irréprochable, il n'y a rien à redire aussi au niveau de  la thématique textuelle, le leader de Ministry, futur retraité, ne semble pas s'être calmé dans  ses engagements, pour lui son pays, et ce monde, vont toujours aussi mal et il ne se prive  pas de  le dire, à ce propos citons de nouveau « Thanx But  Nothing » sur lequel Jourgensen  donne dans le spoken word pour dénoncer les travers de Etats-Unis, vu la prestation du  bonhomme, on peut déjà lui prédire une reconversion réussie sur les campus américains  (  une nouvelle carrière déjà entamée apparemment ).

Signalons une faute de goût cependant dans cet album d'adieu, cette pochette ( celle de Relapse était déjà plutôt laide ) au concept machiste douteux que même Manowar aurait  rejetée ( quoi  que )...
 
From Beer To Eternity est donc une des surprises de cette année, la claque que nous  n'attendions pas pour un groupe qui semblait avoir un pied dans la tombe au sens propre  comme au figuré, les funérailles auront été grandioses au moins.

Liste des titres:

1 « Hail to His Majesty »
2 « Punch in the Face »
3 « PermaWar »
4 « Perfect Storm »
5 « Fairly Umbalanced »
6 « The Horror »
7 « Side FX Include Mikey's Middle Finger ( T.V.4 ) »
8 « Lesson Unlearned »
9 « Thanx But No Thanx »
10 « Change of Luck »
11 « Enjoy the Silence »

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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