Supreme Void – Towards Oblivion

Avec la sortie de End of Games, premier EP sorti sous le nom Supreme Void (le groupe s’appelait auparavant Depravity), on peut dire que la formation polonaise avait placé la barre particulièrement haut. Oeuvrant dans un death poisseux et dissonant à la Ulcerate, Gorguts, Ad Nauseam ou encore Ulsect, le trio parvenait malgré tout à rendre ses compositions accessibles et même addictives sur un format court. Il nous tardait donc d’entendre ce que Supreme Void pouvait proposer pour faire suite à ce début de carrière de haut-vol. Autant tuer le suspense de suite, Towards Oblivion, premier album long-format ne déçoit aucunement et reprend les choses là où les Polonais les avaient laissées.

Au fur et à mesure des écoutes des six nouvelles compositions d’Exile (guitare, chant) et ses comparses, l’oeuvre devient accessible et transparente, ce qui pourtant n’apparaissait pas comme une évidence de prime abord. Avec ses ambiances malsaines et ses riffs tordus faisant irrémédiablement songer aux formations sus-nommées, l’exploit est encore plus à saluer. Mais qui a déjà été sensibilisé au death technique du Gorguts de Colored Sands et Pleiades Dust ou à celui du Ulcerate de Vermis se trouve ici largement en domaine connu.

Pourtant, au-delà de ces références évidentes, Supreme Void parvient à se démarquer et à proposer un style à lui, probablement lié à une production et à un mix qui respire. En effet, malgré des compositions au climat suffocant, de belles bouffées d’air parviennent à l’auditeur (notamment à travers une belle ligne de basse à la fin de « Remnant of Hope », à 6:11, ou au très bon solo de guitare sur « Sustained By Malice » à 3:32). Dans cette niche musicale propre au death dissonant, les couches et les textures sonores s’empilent souvent pour un résultat toujours dense et oppressant. Et cela tombe bien, car sur ce Towards Oblivion, la densité et l’oppression sont bel et bien là, renforcées par la voix caverneuse du leader, mixée relativement en retrait pour toujours plus de profondeur. Pourtant, un titre mid-tempo comme "Repulse Manifesto" trouve l’équilibre entre clarté et puissance, entre urgence et esthétique léchée, avec une structure à la fois alambiquée mais pour autant très lisible. Pensés sur des tempi majoritairement lents et brumeux, l’ensemble des titres prennent une tournure dérangeante, malsaine aux allures de fin du monde, thématique par ailleurs parfaitement exprimée à travers le morceau final « Embrace Extinction ».

En moins de quarante minutes, Supreme Void délivre une très belle offrande aux fans du style, à travers six compositions raffinées, qui transcendent la seule personnalité de ses acteurs, et dont la richesse des compositions donne vite envie d’y retourner. La bande originale de cette fin du monde et cela tombe parfaitement, 2025 semble nous y emmener inéluctablement...

Tracklist :

Remnants of Hope
Dissolution of Power
Eclipse of the Exalted
Repulse Manifesto
Sustained by Malice
Embrace Extinction

Towards Oblivion, premier album de Supreme Void, est disponible le 25 avril chez Dolorem Records

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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