Clap de fin sur ce Hellfest 2025. Pour ce dernier dimanche au Hellfest, le contraste était roi. Entre les performances brutes de Gouge Away, Pain of Truth et de Lorna Shore et les envolées immersives de Faetooth et de Unto Others, la journée a oscillé entre violence et moments suspendus. Aussi, ce dimanche a surtout fait la part belle à la scène metalcore, confirmant sa vitalité et son rôle dans le renouveau de la scène metal actuelle.
Nos concerts du dimanche 22 juin (première partie):
Gouge Away | Faetooth | Pain of Truth | Poppy | Guilt Trip | Unto Others | Lorna Shore

Gouge Away - Warzone - 12h15
Hardcore ambiant
C’est parfois dans les concerts les plus bruts que naissent les plus belles surprises. Gouge Away, emmené par Christina Michelle au chant, mélange sur la Warzone un hardcore viscéral teinté d’une douceur inattendue. Sa voix, capable de basculer de hurlements rageurs à des passages plus clairs, résonne au-dessus de guitares aux textures shoegaze et noise. On ressent même par moments des influences de Sonic Youth ou My Bloody Valentine, tout en conservant la puissance typique de la scène hardcore floridienne.
Un concert qui nous happe par cette énergie à la fois brute et émotionnelle. En effet le contraste entre la violence des riffs et les moments mélodiques offre un relief rare sur un set de hardcore. Le batteur Tomas assure une prestation d’une intensité folle, confirmant sa réputation de “hardest working drummer in hardcore” sur chaque break et accélération.
Groupe hardcore par nature, Gouge Away illustre pourtant parfaitement cette dernière journée du Hellfest 2025, où la brutalité se mêle à des échappées plus planantes, et où l’émotion transparaît dans le chaos. Un moment qui donne envie de plonger dans sa discographie et notamment son dernier album Deep Sage pour prolonger cette expérience inattendue.
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Setlist :
Only Friend
Maybe Blue
Subtle Thrill
Deep Sage
Idealized
Consider
Stuck in a Dream
Uproar
Ghost
Hey Mercy
The Sharpening

Faetooth - Valley - 12h50
Un doom planant au féminin
Réveil doom et vibrations lourdes sous la Valley. Alors que le vent plus frais de ce dimanche matin caresse la poussière de Clisson, Faetooth prend possession de la scène avec ses basses grondantes et son doom planant, parfait pour entrer en matière après trois jours de festival. Petit problème de micro au début, vite oublié, alors que le son bien lourd des amplis Hiwatt – comme chez Russian Circles la veille – envahit la Valley.
Le trio californien pose une ambiance hypnotique, grâce à la voix envoûtante de sa chanteuse et bassiste, Jenna Garcia. Capable de passer d’un chant clair à quelques screams bruts, elle rappelle notamment Sylvaine sous la Temple l’année précédente. Entre riffs lourds et résonants, la setlist inclut une nouvelle chanson "White Noise", tirée du deuxième album, Labyrinthine » qui sortira le 5 septembre prochain. A noter également le rôle de la guitariste Ari May, qui chante également à plusieurs reprises tant en lead qu'en chœur. Cela permet d'ajouter des harmonies qui renforcent l'immersion du set.
Le public se laisse bercer, hochant la tête sur la dernière et progressive chanson "Saturn Devouring His Son". Portée par une atmosphère ambiante et un lead de guitare un peu classe, cette chanson conclut ce set matinal sur une note planante et puissante. Un moment de lourdeur et de beauté brute, fidèle à l’âme de la Valley.
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Setlist (tirée de leur précédents shows) :
White Noise
Death of Day
Remains
Hole
Discarnate
Echolalia
She Cast a Shadow
La Sorcière
Saturn Devouring His Son
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Pain Of Truth - Warzone - 13h35
Pour les amateurs de hardcore brut et de chaos
Pain of Truth, c’est le genre de groupe taillé pour la Warzone et qui ne fait pas dans la dentelle. Avec son hardcore brut et sans fioritures, il déclenche une suite ininterrompue de slams et de mosh-pits, transformant l’espace en un vrai terrain de jeu pour les fans du genre. Évidemment, c’est aussi un metalcore où l’on débranche le cerveau et où le QI des festivaliers (et du groupe) atteint des niveaux proches du néant.
Les riffs percutants s’enchaînent, les breakdowns appellent à la foule, et on revient encore à un concert où le public devient presque aussi spectaculaire que le groupe. Ici, pas de compromis : c’est lourd, rapide, et direct, tout ce qu’on attend d’un set hardcore sur la Warzone. Pour qui aime ce genre de chaos, Pain of Truth a parfaitement rempli son rôle, offrant un set court, dense, et efficace, à l’image de ce que le hardcore US fait de mieux aujourd’hui. Une bonne manière de se défouler avant de retourner sur des scènes plus calmes… ou pas.
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Setlist :
Lifeless on the Ground
In Your Heart
Pain of Truth
Blood on Your Hands
You And Me
Actin’ Up
LINYHC
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Poppy - MainStage 2 - 14h20
Violence Against Nature
Poppy est bien une artiste au parcours atypique, passée d'icône YouTube à figure de proue d'un metal moderne. Sa musique un mélange entre pop, electro et metalcore où les frontières sont brouillées avec brio. Ce dimanche au Hellfest 2025, c’est avec un line-up renouvelé que la chanteuse américaine se présente devant un public curieux : cette fois, accompagnée de musiciens cagoulés, dont un bassiste, elle assume désormais uniquement le rôle de chanteuse, là où auparavant elle intervenait occasionnellement à la basse ('Hard') ou aux claviers ('Sit/Stay").
Contrairement à son dernier passage parisien en première partie de Bad Omens, où les effets et pistes pré-enregistrées étaient très présents pour accentuer ses parties vocales ou screams, ce concert du Hellfest marque une approche plus sobre et directe. Poppy privilégie ici davantage l'authenticité instrumentale, même si les parties électroniques (notamment électro-indus) et samples restent essentiels dans l’identité sonore de ses morceaux.
Le set démarre avec les très bonnes "have you had enough?", montrant immédiatement le contraste qui fait la signature musicale actuelle de Poppy : des refrains pop et entêtants mêlés à des breakdowns metalcore incisifs, sublimés par la patte du producteur Jordan Fish (ex-Bring Me The Horizon) sur son dernier album Negative Spaces (2024).
Cependant, cette efficacité musicale se trouve tempérée par la présence scénique contestable de l'artiste. Affichant des lunettes noires et une posture distante Poppy ne s’adresse jamais au public, si ce n'est lors des ses parties de chant screamées. Son air hautain lui donne clairement un côté très diva, qui tranche fortement avec l’atmosphère chaleureuse du festival.
Certains morceaux fonctionnent toujours aussi bien (« have you had enough», « BLOODMONEY», « Concrete »), grâce à ce combo entre riffs lourds et refrains entêtants qui déclenchent des mouvements dans le pit. D''autres déçoivent : notamment la reprise de « VAN » (initialement en duo avec Bad Omens), beaucoup moins percutante qu'à Paris l'année précédente. On regrette d'ailleurs globalement l’absence d’une complicité plus forte avec ses musiciens, qui se contentent d’exécuter leurs rôles de façon très professionnelle mais froide, comme prisonniers du personnage imposé par l’artiste. Son côté manga/kawaii, plus présent lors de sa précédente tournée, semble désormais secondaire, laissant place à une figure plus distante, et presque inaccessible.
En fin de compte, ce concert du Hellfest laisse un goût mitigé : un répertoire fort, une interprétation vocale et instrumentale impeccable, mais aussi une artificialité palpable, qui tient autant à son personnage qu’à sa mise en scène. Certes, Poppy continue à diviser et c’est peut-être là sa plus grande réussite artistique. Mais pour ceux qui attendaient davantage de spontanéité ou de proximité, la déception aura pu être réelle. Un set à la fois réussi musicalement et paradoxalement frustrant, à l’image d'une artiste qui n'a pas fini de surprendre.
Setlist
have you had enough?
BLOODMONEY
V.A.N
the cost of giving up
Anything Like Me
the center’s falling out
Scary Mask
Concrete
they’re all around us
new way out

Guilt Trip - Warzone - 15:10
Breakdowns raffinés, catharsis sous tension
Au milieu d’une matinée marquée par l’impact brut de Pain of Truth et le tsunami deathcore de Lorna Shore, Guilt Trip a offert une parenthèse sombre, mélodique et pesante, apportant une autre atmosphère sur la Warzone. Guilt Trip, porté par son chanteur Jak Maden se distingue en effet en proposant un hardcore teinté de beatdown et de mélodies lourdes, et qui ajoute une vraie dimension émotionnelle. Des titres tirés de Severance comme « Fallen At My Feet », « Sweet Dreams » ou encore « Tearing Your Life Away » illustrent parfaitement cette approche, alternant screams, riffs plombants et passages mélodiques accrocheurs. Cet album, sorti en 2023, reste considéré par beaucoup comme le meilleur album du groupe à ce jour.
Par moments, le set évoque les meilleurs breakdowns de Parkway Drive période Drown, avec des relances millimétrées qui maintiennent constamment l’énergie du pit. On retrouve également l’efficacité directe d’un Hatebreed, mais avec une dimension plus sombre et ressentie, notamment à travers le chant et les leads. Un équilibre qui permet au public de souffler tout en gardant une intensité constante. A noter également l'arrivée récente de Lily Cilcoyne à la basse depuis 2 ans et qui apporte un vrai vent de fraicheur sur scène à la formation qui fête déjà son dixième anniversaire.
En clôture, le groupe s’est offert un clin d’œil bien senti avec un bout de « Davidian » de Machine Head, provoquant une dernière vague d’énergie sur la Warzone. Guilt Trip a finalement délivré un set cathartique, sombre et particulièrement efficace, prouvant que la nouvelle génération du hardcore européen a encore de beaux jours devant elle.
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Setlist :
Fallen At My Feet
Surrounded By Pain
Sweet Dreams
Eyes Wide Shut
Separate
Severance
The Gates
Burn
Guilt Trip
Tearing Your Life Away
Thin Ice
Davidian
Note "Unrelenting Force" et "Broken Wings" étaient marquées sur la setlist mais n'ont pas été jouées.
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Unto Others – Temple – 15h10
Heavy metal gothique et lumineux
Sous la Temple, Unto Others propose un voyage dans son univers heavy gothique. Oscillant quelque part entre Depeche Mode, Sisters of Mercy et Joy Division, le groupe est porté par le charisme sombre de son chanteur-guitariste Gabriel Franco. Un personnage qu'on identifie très facilement de par ses lunettes noires.
La première chanson du set, "Butterfly", est résolument heavy, riffs puissants et batterie solide, avec une voix qui plane dans le mix, parfaitement identifiable, tout en imposant une présence singulière. Peu à peu, on ressent dans le set des atmosphères plus posées, avec des chœurs travaillés et des power chords joués tranquillement, plongeant le public dans une atmosphère gothique captivante.
Le deuxième guitariste Sebastian Silva ne cesse de parcourir la scène, ajoutant de petites parties solos discrètes mais élégantes, notamment sur "Nothing Really Matters" où un court solo vient sublimer le morceau. Les titres conservent souvent cette même structure d’intros claires au chorus éthéré, avant de replonger dans une lourdeur heavy metal maîtrisée.
Le son n'est toutefois pas optimal sur ce set, avec une basse et une batterie un peu trop présentes dans le mix, ce qui parfois empêche de savourer pleinement le côté heavy metal du groupe, porté par les guitares. Dommage, car ces dernières, lorsqu’elles parviennent à émerger, apportent toute la couleur heavy et mélodique qui fait la force d’Unto Others.
Sur le dernier morceau le groupe accélère le tempo, la batterie s’emballe sur le refrain, terminant le set avec une énergie renouvelée. Unto Others a su offrir un concert à la fois sombre, élégant et heavy.Il faut tout de même dire qu'Unto Others dégage une vibe plus “énergique et lumineuse” que d'autres groupes du genre malgré son imagerie sombre. Ses refrains catchy, les lignes mélodiques heavy metal et l'énergie scénique donnent une touche d'optimisme et de chaleur que l'on ne retrouve pas toujours dans ce style.
En conclusion, le son des Suédois a finalement été une belle respiration gothique dans ce dimanche bien chargé. On a hâte de les revoir dans de meilleures conditions (en salle, et avec un meilleur son). Leur discographie, et notamment leurs deux derniers albums Never, Neverland (2024) et Strength (2021) mérite aussi toute votre attention.
Setlist :
Butterfly
Momma Likes the Door Closed
Jackie
Double Negative
Suicide Today
Raigeki
It Doesn't Really Matter
Can You Hear the Rain
Heroin
When Will God's Work Be Done
Give Me to the Night
Dragon, Why Do You Cry?
Lorna Shore – Mainstage 2 – 16h00
Quand le deathcore se rêve symphonique
Lorna Shore investit la Mainstage du Hellfest 2025 avec son deathcore symphonique devenu emblématique. Dès les premières secondes, le groupe nous plonge dans un mur de blast beats frénétiques, de riffs épiques dignes d’une bande originale de film d’horreur et surtout d’un chant guttural de Will Ramos à peine humain.
La performance est d'une intensité absolue, portée par des solos spectaculaires et des orchestrations grandioses. Pourtant, malgré cette débauche d'énergie, l'équilibre peine parfois à être atteint. Les guitares, pourtant cruciales, semblent un peu trop en retrait dans le mix global, et certains riffs se perdent derrière les orchestrations massives. D'autant que le son manque parfois de relief pour être totalement convaincant.
Impossible d'évoquer Lorna Shore sans parler de Will Ramos. Propulsé star des screams et du growl par de nombreux youtubeurs, même très grand public, Ramos captive autant qu'il intrigue. Lunettes de grand-mère vissées au nez, il alterne sourires sincères et hurlements abyssaux. Sa polyvalence vocale reste impressionnante, tout comme sa facilité à créer un chaos immédiat dans le public avec un simple « Je veux voir le bordel ! » en français. Cependant, sa performance très technique laisse parfois un goût d’inachevé sur le plan émotionnel, tant la démonstration technique semble prendre le pas sur le ressenti.
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Derrière la batterie, Austin Archey impressionne par sa maîtrise métronomique, enchaînant sans effort apparent des blasts à 250 bpm sous le soleil de Clisson.
Adam De Micco, identifiable entre mille avec sa guitare rose flashy au milieu de ce décor sombre, livre des solos précis et techniques qui apportent quelques respirations bienvenues. Quant à Michael Yager (basse) et Andrew O’Connor (guitare rythmique), ils assurent un soutien rythmique solide, entre les arrangements orchestraux diffusés en backtrack.
Avec une setlist principalement axée sur Pain Remains, Lorna Shore donne exactement ce que ses fans attendent : des breakdowns ravageurs, des ambiances sombres et une tension continue. Mais pour les curieux ou les novices, le set peut vite paraître répétitif, chaque morceau suivant une recette similaire : chaos sonore, pause orchestrale, retour des hurlements gutturaux.
En bref, Lorna Shore a offert une prestation techniquement irréprochable mais émotionnellement contrastée, confirmant leur statut sans pour autant convaincre totalement les sceptiques. Un genre, qui forcément ne plaira pas à tout le monde.
Crédit photo : Sara@GroovyMochi
Setlist :
Sun//Eater
Cursed to Die
Oblivion
To the Hellfire
Pain Remains I: Dancing Like Flames
Pain Remains II: After All I’ve Done, I’ll Disappear
Pain Remains III: In a Sea of Fire
Ce début de journée, a donc plutôt été marqué par des sets intenses aux couleurs hardcore de la Warzone. A contrario de nos autres live-report, ce dernier est bien plus orienté metal, montrant qu'il est possible de passer un Hellfest en évitant les concerts rock plus grand public. La deuxième partie de la journée promet cependant quelques incursions rock, et surtout plus d'expérimentations et des couleurs plus atmosphériques. Rendez-vous dans la deuxième partie pour la suite et la fin du festival.








































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