Running Wild – Resilient


Petite scène ordinaire de lundi matin dans le volcan en ébullition permanente que constitue la rédaction de La Grosse Radio Metal. Ju, notre vénérable rédacteur en chef déboule dans les bureaux radieux, illuminé, comme touché par la grâce, et se voit confronter à la dure réalité d'une équipe composée de chroniqueurs goguenards, le regardant, qui avec perplexité, qui avec compassion (sans parler de l'auguste hypocrite longeant les murs en prétextant une soudaine envie d'aller aux toilettes, dissimulant très mal son soudain fou-rire !)

Ju : Wouaaaaah ! Les mecs, c'est dingue ! Vous n'allez pas en croire vos oreilles !

Tfaaon : Qu'est-ce qui se passe, chef ? T'as gagné au loto ?

Born666 : Monica Bellucci a passé la nuit sur ton paillasson en t'implorant de lui ouvrir la porte ?

Vyuuse : Tu pars couvrir la tournée acoustique de Luca Turilli dans le nord de l'Azerbaïdjan ?

Ju :  Pfff, qu'est-ce que vous êtes lourds ! Mais non bande de vils moqueurs ignares, je pense pro, je parle pro, je vis pro, donc c'est d'une sortie d'album qu'il s'agit !

Moi : Attends, laisse-moi deviner. Euh… Ca y est Therion prépare un opéra rock basé sur des reprises gothico-progressives des plus grands succès de Karen Cheryl ?

Ju : Bon, vous êtes vraiment irrécupérables ! Running Wild est de retour ! Les pirates du heavy speed, Rock'n'Rolf le capitaine a hissé la grand-voile et est reparti pour de nouvelles aventures !

Moi : Ah ouais, d'accord ! Tu veux dire qu'après avoir annoncé la fin de son groupe en 2009 et être revenu à peine deux ans après (ça valait bien le coup de faire des adieux en grandes pompes au Wacken) avec le franchement très mauvais "Shadowmaker", il va encore nous refourguer une galette faite à la va-vite en tentant laborieusement de jouer sur une gloriounette passée !

Ju (passablement excédé) : Ok, toi le vieux, tu veux faire ton mariolle ? C'est toi qui t'y colle ! Et évite d'être désagréable à l'excès, je ne vais pas passer ma vie à te défendre quand tu te fais insulter sur Facebook !

Moi : Bon d'accord chef, j'm'y mets (puis, me retournant vers mes collègues hilares et pas solidaires pour un sou) Et vous, si j'en entends un, un seul, qui se marre, ça va aller très mal !

Thomas Orlanth (apparaissant de derrière son bureau et nous décochant un bâillement retentissant) : Euh… j'ai raté quelque chose ?

 

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Et c'est ainsi que je me retrouve face à Resilient, opus fièrement orné d'Adrian (la mascotte du combo est elle aussi de retour), en me demandant ce que je vais bien pouvoir en dire, les dernières productions de son leader Rolf Kasparek m'ayant laissé pour le moins dubitatif. Mais le chef ayant parlé, l'heure n'est plus à tergiverser, enfilons notre casque et saturons-nous les oreilles de mp3 (et au passage, un amical coucou à cet ami Facebook qui m'a longuement expliqué "qu'on ne devrait JAMAIS chroniquer à partir d'un mp3" ! Merci l'ami, mais je prends ce qu'on me donne, et il semble que le label, tout comme l'artiste trouve ça tout à fait suffisant. Je n'ai pas vocation à discuter leurs choix).

Et Bim ! Badaboum ! "Soldiers Of Fortune" déboule, toute double pédale dehors, droite comme un i avec un tuteur dans le fondement ! En trente secondes, il y a déjà plus de niaque et d'envie que sur tout l'album précédent ! Du bon heavy à l'allemande, fin, plein d'enjolivures, de la dentelle de Calais (non j'déconne !). C'est simple, ne serait-ce que la voix bien moins puissante de Rock'n'Rolf, ce morceau ne dépareillerait pas sur un disque d'Accept ! La chanson coule d'une traite et le solo est des plus agréables.

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Ventre bleu, voilà une entrée en matière qui fait du bien ! Ce sera peut-être le seul bon moment, mais au moins on ne l'aura pas manqué. Mais, rassurons de suite les fidèles du combo, cet opener ne restera pas un cas isolé. Dès le titre éponyme, on retrouve une de ces grosses rythmiques bien heavy, entendue 10 000 fois mais qui font toujours du bien quand elles sont jouées avec conviction. Le refrain pourrait d'ailleurs être qualifié de la même manière. Indiscutablement, ce vieux briscard de Rolf connait toutes les ficelles du métier, mais il s'en sert avec pas mal d'adresse sur ce disque, comme en atteste le passage parlé avec ce leak de guitare lancinant en fond sonore.

Alors bien sûr, les éternels détracteurs de Running Wild ne manqueront pas de souligner qu'une nouvelle fois, la formation se vautre dans les clichés les plus éculés et ne tente pas vraiment de se renouveler. Ils auront en partie raison et les amateurs d'innovation feront grise mine. Mais franchement, pour sa 38ème année d'existence, le combo affiche une forme étonnante (encore une fois, les solis sont ultra plaisants, les refrains tout à fait honorables) et personnellement, je ne lui demande pas de faire ce que des bien plus jeunes ne font pas non plus. Une bonne grosse dose de metal sans prise de tête, qui donne envie de filer sur des "Adventure Highway", c'est tout ce que j'attends, et là, je l'ai !
 

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Les cinq premières chansons ne laissent place à aucun temps mort. C'est simple et efficace, respectant à la lettre le cahier des charges du genre, et les standards d'un groupe qui écrit là une nouvelle page sans tâche de sa propre histoire. 
"The Drift", "Desert Rose" (dont le titre et la partie de twin guitars avant le solo semblent délivrer un étonnant hommage à Thin Lizzy) ou bien "Fireheart", autant de brûlots qui feront leur petit effet sur scène et qui prouvent que ce groupe a finalement eu raison de ne pas déposer les armes définitivement.

Seuls petits bémols, un léger fléchissement en fin d'album avec deux chansons ("Down To The Wire" et "Crystal Gold") un peu en deçà du reste, et surtout une prod (signée du guitariste/chanteur) qui manque de relief et d'agressivité.

On notera aussi l'ultime pièce de ce disque "Bloody Island", une longue épopée maritime dans la grande tradition Running Wild, avec bruitage, intro calme, démarrage épique, refrain avec chœurs massifs, bref du classique, bien fait qui clôt cette galette de belle manière.

Conclusion, il ne faut pas se moquer de son chef, et il arrive parfois que dans les vieux pots, on fasse effectivement de la bonne soupe !
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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