La sortie du premier album post-reformation / « line-up XXL » d’Helloween avait suscité de grandes attentes, largement récompensées par un opus de qualité. Quatre ans plus tard, les Allemands poursuivent leur chemin, prouvant si besoin est, que les crises d’égo et les querelles internes de la fin des années 80 sont bien derrière eux. Giants and Monsters fait ainsi office de rétroviseur pour Helloween, qui propose une synthèse de ses quarante ans de carrière en compilant les différentes facettes de sa personnalité.
En effet, ce dix-septième opus résume à lui seul l’ensemble des styles que le combo d’outre-Rhin a abordé au fil de sa carrière, depuis le speed metal de Walls of Jericho (« Giants on the Run », « We Can Be Gods ») et les titres plus happy à la « Dr. Stein » (« Savior of the World », « Under a Moonlight »), jusqu’aux morceaux mid-tempos plus sombres (« Hand of God ») ou encore les compositions progressives (« Universe », « Majestic »). Helloween (et en particulier Andi Deris) n’oublie pas non plus de nous gratifier d’une power ballade à la « Forever and One », avec « Into the Sun » (qui ferait presque penser à du Avantasia), certes assez classique pour le groupe mais sur laquelle Michael Kiske et Deris font des merveilles vocalement parlant.
Avec une telle variété dans la tracklist, chaque auditeur du groupe y trouvera son compte et (comme Andi Deris nous l’a confié en interview) les Allemands y comptent bien ! Le septuor a misé sur les morceaux très efficaces et les hymnes fédérateurs (« This is Tokyo »), quitte parfois à se laisser tenter par la facilité : on songe notamment à « A Little Is a Little Too Much » et à sa ligne de clavier rapidement agaçante et ses lignes de chant immédiatement mémorisables mais téléphonées (sérieusement, ce changement de ton à 2:52 mn sonne tellement années 80 !). Au rang des faiblesses, on peut également citer « Under a Moonlight », qui joue sur la facette happy metal du groupe, mais apparaît tout de même assez caricaturale (surtout après le plus sombre « Hand of God »).

Heureusement, la formation se rattrape largement avec l’excellent opener « Giants on the Run », mais aussi deux titres très progressifs : « Majestic » et « Universe » rivalisent avec les meilleurs morceaux de sa carrière. Et on peut dire que la surprise est de taille lorsque l’on constate que ce dernier a été composé par Sascha Gerstner (guitariste benjamin du groupe arrivé en 2002) qui retrouve ce qui a fait la grandeur d’Helloween sur les Keepers ou plus récemment sur le Hansenien « Skyfall ». Entre passages acoustiques, accélérations speed metal, soli harmonisés dans la tradition heavy metal et lignes de chant suraigües, tout y passe pour séduire l’ensemble de la fanbase des Allemands.
En outre, depuis la réintégration de Kai Hansen et Michael Kiske, trois guitaristes officient pour le plus grand bonheur des amateurs de guitare. C’est une fois de plus le cas sur le solo de « We Can Be Gods », qui fait office de belle cour de récréation pour les six-cordistes.
Finalement, Helloween propose ce que l’on attend de lui, à savoir un album qui synthétise l’ensemble de ses quarante ans de carrière, mettant en valeur chacun de ses membres, à commencer par les trois guitaristes. Objectivement, l’album souffre de titres plus faibles car assez classiques pour du Helloween (« A Little is a Little Too Much », « Under a Moonlight », « This is Tokyo »). Mais les sommets de l’opus (« Giants on the Run », « Majestic », « Universe », « Hand of God », « We Can Be Gods ») sont nombreux et rendent l’écoute rapidement addictive, renforcées par des lignes vocales toujours percutantes (oui, même celles de Kai Hansen !). Un bon cru qui tombe à point nommé pour fêter comme il se doit quatre décennies au service du metal : qu’il soit speed, happy, prog, heavy ou power, Helloween fait du Helloween avec toujours autant de plaisir pour l’auditeur !

Tracklist :
Giants on the Run
Savior of the World
A Little is a Little Too Much
We Can Be Gods
Into the Sun
This is Tokyo
Universe (Gravity for Hearts)
Hand of God
Under the Moonlight
Majestic
Note : 7,5/10
Sortie prévue le 29 août chez Reigning Phoenix Music (RPM)
Photographies live : © Child in Time 2022
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